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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Première à l’Opéra de Bordeaux des Pêcheurs de perles de Bizet dans la mise en scène de Yoshi Oïda, sous la direction de Paul Daniel.
PĂŞcheurs de couleurs
En reprenant le dĂ©cor pastel de Tom Schenk pour Yoshi OĂŻda crĂ©Ă© en 2012 Ă l’OpĂ©ra Comique, l’OpĂ©ra de Bordeaux donne de belles couleurs aux PĂŞcheurs de perles de Bizet, tout particulièrement grâce au chĹ“ur et Ă l’orchestre dirigĂ©s par Paul Daniel. La distribution ravit surtout dans les graves avec le Zurga de David BiĹľić et un Noubarad particulièrement noir de Jean-Vincent Blot.
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Yoshi Oïda n’a pas retouché pour Bordeaux une production dont la beauté plastique est restée aussi évidente qu’à sa création, habillant de couleurs bleu pastel un livret relativement faible d’Eugène Cormon et Michel Carré pour développer un opéra écrit en pleine mode orientaliste parisienne, quelques mois seulement après la parution de Salammbô de Flaubert, deux seulement après le décès d’Eugène Delacroix.
Les costumes d’un grand classicisme de Richard Hudson cherchent comme le décor de Tom Schenk a imager une Ile de Ceylan historique, avec ses pêcheurs en manteaux de draps blancs sur des habits bleu-nuit. Cet écrin suffit à habiller l’histoire d’une jeune vierge, dont le vœu de chasteté représenté sur scène par un costume et surtout un voile blanc tout autour du corps et du visage ne peut faire oublier qu’au-dessous, des vêtements rouges vifs crépitent de désirs passionnels.
Pour conserver ce désir, on ne retrouve plus un seul des chanteurs de l’Opéra Comique, mais une nouvelle distribution totalement francophone, à l’exception de Leïla, chantée par la soprano belcantiste Joyce El-Khoury. Son idiome ne pêche que rarement et sa tenue de chant montre une habitude quant à la pratique du répertoire de la première moitié du XIXe ; on regrettera cependant le faible éclat de la voix dans l’aigu et parfois même une absence d’agilité pour les vocalises, comme de délicatesse dans le premier et le dernier air. On préfèrera alors sa véritable présence dans les ensembles et duos grâce à un timbre charnu, ainsi que les superbes sons filés pour atteindre les notes les plus hautes.
Le jeune pĂŞcheur trouve en SĂ©bastien Droy un artiste engagĂ©, dont la voix tremblante et peu Ă l’aise dans la dernière octave ne parviennent pas Ă faire oublier la prestation idĂ©ale de Cyrille Dubois quelques jours plus tĂ´t Ă Lille. L’autre ami, Zurga, intĂ©resse alors plus grâce au baryton serbe David BiĹľić, Ă©lĂ©gant de chant et surtout prĂ©sent par un beau timbre, prĂ©cis et chaud dans le bas-mĂ©dium, tout de mĂŞme nettement moins sombre que celui de la basse Jean-Vincent Blot, inquiĂ©tant Nourabad Ă chacune de ses interventions.
Des couleurs, on en trouve aussi et surtout grâce aux deux ensembles de Bordeaux-Aquitaine, avec un chœur ample et chaud, dynamique tant lorsqu’il est mixte que lorsqu’il ne concerne que les pêcheurs, les femmes seules ajoutant à leurs parties une authentique sensualité. Plus encore, l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine et l’excellent directeur musical Paul Daniel déploient ensemble toutes les gouaches d’une partition ici tant légère que sensible, soutient expressif et lyrique pour développer tout le drame.
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