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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Première Ă l’OpĂ©ra de Tours de Rusalka de Dvořák dans la mise en scène de Dieter Kaegi, sous la direction de Kaspar Zehnder.
Rusalka dans son élément
La reprise d’une production de Nuremberg et Monte-Carlo jouant de l’élĂ©ment aquatique naturel du livret permet Ă l’OpĂ©ra de Tours de programmer cette saison la trop rare Rusalka de Dvořák avec une très bonne distribution de laquelle ressortent tous les rĂ´les principaux, en plus d’une direction particulièrement inspirĂ©e du chef suisse Kaspar Zehnder.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Dieter Kaegi cherche sur la petite scène du Grand Théâtre de Tours Ă allier l’onirisme de l’ouvrage lyrique le plus cĂ©lèbre de Dvořák et une rĂ©flexion succincte sur le nationalisme. Pendant le prĂ©lude entre donc une moto avec un drapeau tchèque, et dessus deux amants, se dĂ©shabillant pour plonger en sous-vĂŞtements dans un bassin omniprĂ©sent au milieu du cadre durant toute la reprĂ©sentation. Derrière, des vidĂ©os permettent de faire Ă©voluer les ambiances, d’aquatique Ă l’acte I Ă un ciel bleu au III, avant un retour vers l’eau Ă la scène finale de ce conte slave Ă©quivalent Ă celui nordique de la Petite sirène.
Les costumes mêlent l’habit noble du XIXe pour le prince à des robes vertes pour les trois esprits et bleu pour Rusalka ; l’Ondin attifé d’une peau de batracien bleu vif s’accorde à la sorcière représentée comme un crapaud. Le résultat proposé permet de se laisse aller à cet univers de marais, auquel le bassin réellement rempli d’eau apporte un élément efficace et permet de présenter le glauque du monde de Rusalka, face aux strass et paillettes de celui du Prince.
En fosse, le chef Kaspar Zehnder fait des merveilles et crée de magnifiques nappes de lyrisme avec ses violons tout en mettant particulièrement en avant les sons rauques de ses contrebasses. Il développe une petite harmonie agile dont on remarque la clarinette basse et flatte les couleurs d’une partition qu’il traite sans aucun pathos ni slavisme exagéré. Si les cuivres sont parfois moins justes, il faut citer la harpe, très demandée et sublime à chaque solo, particulièrement valorisée par le déport de l’instrument dans une loge à jardin au premier balcon.
Sur le plateau, la soprano turque Serenad Uyar tient une Rusalka à l’aise sur tout le spectre, particulièrement puissante dans l’aigu, sans que le timbre ne soit très original. Sa Romance à la lune expansive trouve une belle ampleur et n’entrave pas la force de la voix jusqu’aux dernières mesures de l’ouvrage. Le Prince de Johannes Chum allie un timbre certes nasal mais non désagréable à une projection précise et donne presque autant de place à son rôle qu’à celui d’Hermann dans la Dame de pique. La Princesse étrangère est plus serrée d’aigu, mais déploie une belle couleur, tout comme Jeanne Crousaud, la plus haut perchée des trois Dryades.
Jouant un couple divertissant, le Cuisinier de Pauline Sabatier et le Chasseur de MichaĂ«l Chapeau rĂ©pondent Ă une JeĹľibaba particulièrement intĂ©ressante dans le bas-mĂ©dium grâce Ă la contralto Svetlana Lifar, le rĂ´le le plus dĂ©terminant de l’opĂ©ra restant celui de la basse particulièrement bien timbrĂ©e de Mischa Schelomianski, Ondin sur toutes les scènes du monde et ici, Ă l’exception d’un lĂ©ger manque de souffle dans son monologue du III, totalement convainquant pour porter son personnage paternel dans les graves. Si seulement cette belle reprĂ©sentation pouvait inspirer d’autres salles Ă remonter l’ouvrage, oĂą l’un des neufs autres opĂ©ras moins connus de Dvořák !
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Grand Théâtre, Tours Le 21/05/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Première Ă l’OpĂ©ra de Tours de Rusalka de Dvořák dans la mise en scène de Dieter Kaegi, sous la direction de Kaspar Zehnder. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Rusalka, opéra en trois actes
Livret de Jaroslav Kvapil d’après des ballades tchèques de Karel JaromĂr Erben et BoĹľena Němcová
Chœurs de l’Opéra de Tours
Orchestre Symphonique RĂ©gion Centre-Val de Loire/Tours
direction : Kaspar Zehnder
mise en scène : Dieter Kaegi
décors & costumes : Francis O’ Connor
Ă©clairages : Patrick MĂ©eĂĽs
chorégraphie : Xavier Laforge
marionnettiste : Lisa Garros
préparation des chœurs : Alexandre Herviant
Avec :
Serenad Uyar (Rusalka), Johannes Chum (Le Prince), Mischa Schelomianski (Ondin), Isabelle Cals (La Princesse), Svetlana Lifar (Ježibaba), Pauline Sabatier (Le Cuisinier), Michaël Chapeau (Le Chasseur), Jeanne Crousaud, Yumiko Tanimura, Aurore Ugolin (les Dryades). | |
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