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CRITIQUES DE CONCERTS |
24 novembre 2024 |
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Reprise de Rigoletto de Verdi dans la mise en scène de Claus Guth, sous la direction de Daniele Rustioni à l’Opéra de Paris.
Gilda assoluta
En reprenant la mise en scène conceptuelle de Claus Guth crĂ©Ă©e l’an passĂ©, l’OpĂ©ra de Paris offre Ă Rigoletto la plus belle Gilda actuelle, Nadine Sierra, ainsi qu’un Duc de Mantoue particulièrement dynamique grâce Ă Vittorio Grigolo, quand dans le rĂ´le-titre Ĺ˝eljko Lučić déçoit, laissant la primautĂ© Ă l’orchestre menĂ© par le jeune Daniele Rustioni.
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L’an passé, l’Opéra de Paris étrennait un nouveau Rigoletto à travers un concept unique de Claus Guth : le bouffon a vieilli et tient ses souvenirs dans une boîte. Un an plus tard, la mise en scène reste un échec, plus douloureux encore à revoir tant l’idée de base est menue. Les vidéos projetées de l’enfance de Gilda ne font même plus effet, et l’on a espéré en vain que l’horrible scène des danseuses du Lido pendant La Donna è mobile serait retravaillée.
Fort heureusement, le répertoire sert avant tout à entendre des voix et des chefs, et pour cela l’Opéra de Paris possède les ressources financières et culturelles nécessaires. Ici, aucune prise de risque donc de rôle mais simplement une sélection parmi les meilleurs interprètes de chacun des personnages, à commencer par le Duc extrêmement dynamique de Vittorio Grigolo, dont le chant semble parfois gâché par un manque d’attention. Et si l’on peut encore croire dans Questa o quella qu’il démarre en retard à deux reprises à cause du chef, il n’en est rien dans son air le plus célèbre, attaqué trop tôt puis ajusté selon son bon vouloir sans que Rustioni n’y puisse mais.
Reste alors à profiter, au-delà d’un tempérament assez mal assorti à la mise en scène, d’une projection impressionnante pour une voix parfaitement placée et timbrée, aussi à l’aise dans la grande salle de la Bastille qu’elle le serait en jauge plus réduite. Il faudra guetter la prise d’assise dans le grave ces prochaines années pour réentendre peut-être enfin à travers ce chanteur un nouvel Otello digne du rôle.
Pour porter Rigoletto, Quinn Kelsey d’une rare intelligence dans le personnage il y a un an a laissĂ© place Ă Ĺ˝eljko Lučić, qui possède les notes et le phrasĂ©, mais dont la voix blanche ne dĂ©veloppe aucune Ă©motion, entravant toute la scène finale. La basse Kwangchul Youn s’est elle aussi grisĂ©e et son Sparafucile fonctionne sans jamais inquiĂ©ter, la profondeur et la noirceur ayant disparu des graves.
Si cette reprise présente pourtant un véritable intérêt, c’est encore une fois grâce à Gilda, la jeune soprano américaine Nadine Sierra remplaçant l’excellente Olga Peretyatko de 2016. De boîte à souvenir, le décor cartonné devient écrin pour poupée, la chanteuse présentant dès sa première apparition une voix corsée superbe de médium, avant de montrer une agilité et un contrôle du souffle impressionnant, en plus d’une capacité à filer très haut et très vite vers ses aigus.
De ses vingt-huit ans, elle offre en plus sa superbe silhouette scénique, de laquelle on peut encore juste regretter l’excès de naïveté inséré dans cette Gilda qui n’a elle non plus rien retenu de la dramaturgie de Guth. Il faudra la réécouter à Orange cet été, cette fois face à la figure paternelle de Leo Nucci dans le rôle-titre.
Pour accompagner ce beau monde, le chœur enjoué ne montre pas d’excès d’allégresse mais tient plus que convenablement sa partie, quand en fosse le jeune Italien Daniele Rustioni présente de nombreuses idées sans toujours maintenir une battue parfaite. Il s’intéresse à loisir à chacun des pupitres afin de magnifier ou surveiller telle ou telle phrase, parfois lyrique dans un geste caressé pour emmener la partition vers celle plus mature de Simon Boccanegra, parfois plus tranché pour lui donner la vivacité du primo Verdi. Il suffit parfois du contenu pour oublier le contenant.
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Opéra Bastille, Paris Le 12/06/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Rigoletto de Verdi dans la mise en scène de Claus Guth, sous la direction de Daniele Rustioni à l’Opéra de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Rigoletto, mélodrame en trois actes (1851)
Livret de Francesco Maria Piave, d’après le Roi s’amuse de Victor Hugo
Chœur de l’Opéra national de Paris
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Daniele Rustioni
mise en scène : Claus Guth
décors & costumes : Christian Schmidt
Ă©clairages : Olaf Winter
vidéos : Andi A. Müller
préparation des chœurs : José Luis Basso
Avec :
Vittorio Grigolo (Il Duca di Mantova), Ĺ˝eljko Lučić (Rigoletto), Nadine Sierra (Gilda), Kwangchul Youn (Sparafucile), Elena Maximova (Maddalena), Marie Gautrot (Giovanna), Robert Pomakov (Il Conte di Monterone), Christophe Gay (Marullo), Julien Dran (Matteo Borsa), Mikhail Timoshenko (Il Conte di Ceprano), Veta Pilipenko (La Contessa), Laure Poissonnier (Paggio della Duchessa), Christian Rodrigue Moungoungou (Usciere di Corte), Henri Bernard Guizirian (Double de Rigoletto). | |
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