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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Macbeth de Verdi dans une mise en scène d’Emma Dante et sous la direction de Giulio Laguzzi au Teatro Regio de Turin.
L’absence du roi
Joué dans une version mixte entre l’originale florentine de 1847 et la seconde revue pour Paris en 1865, Macbeth dans la production d’Emma Dante créée cette saison à Palerme bénéficie au Teatro Regio d’une distribution homogène et d’orchestre et chœurs bien préparés par le directeur musical Gianandrea Noseda, malheureusement absent des dernières représentations.
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Si le Teatro Regio compte parmi les meilleures scènes d’Italie aujourd’hui, c’est d’abord grâce à la présence de son directeur musical Gianandrea Noseda, malheureusement immobilisé depuis le 28 juin et pour tout l’été à cause d’une hernie. Giulio Laguzzi le remplace donc en fosse pour les quatre dernières du nouveau Macbeth de Turin, et trouve devant lui un ensemble bien préparé.
Après dix années sous la baguette de Noseda, la hausse de qualité de l’Orchestra del Teatro Regio se sent et si l’on a parfois reproché à cet ensemble de sonner âcre ou acide, ce n’est plus le cas aujourd’hui, même dans les cuivres, excellents lors de cette représentation. Les cordes se démarquent également dès l’ouverture par les accords lyriques de violons de la deuxième partie, avant que l’on écoute aussi avec plaisir une petite harmonie placée pour l’occasion juste devant le chef. En revanche, la direction de Laguzzi, sans être particulièrement à blâmer, manque de personnalité et perd en vigueur dans certaines scènes, notamment en soutien des duos.
Le chœur attire dès la scène d’ouverture des sorcières, pour cette première apparition en ligne chacune dans une position différente du Kâma-Sûtra ; elles reviendront enceintes pour accoucher dans le chaudron dont il est question lors de cette scène. Avec autant d’italianité, de couleurs et encore plus de chaleur, le chœur de soldats convainc encore plus.
Pour illustrer le livret de Piave d’après Shakespeare, la production d’Emma Dante propose des idées sans maintenir une pensée globale évidente. Macbeth arrive sur un squelette de cheval et porte lui-même une armure aux côtes métalliques impliquant un chevalier de l’Apocalypse. Les sorcières juste avant la scène de copulation sont sous un drap rougeâtre de sang, alors qu’un drap sera également utilisé, blanc et pur cette fois, avec trois corps de femmes nues à l’intérieur, visibles par transparence, pour entourer Macbeth dans Fuggi, o regal fantasima.
La mort de Duncan porté en croix avec un simple linge puis lavé l’associe au Christ, et le met donc du côté du bien quand le nouveau couple royal passe vers celui du mal. À ces idées parfois intéressantes, les costumes classiques de Vanessa Sannino s’ajoutent à des décors souvent simples, comme une succession de grilles surmontées de piques donnant l’image d’une couronne, ou la forêt de Birnam devenu groupe de cactus. Les chorégraphies beaucoup trop présentes en première partie deviennent un beau moment en seconde lors du dernier air de Lady Macbeth, entourée d’un ballet de lit.
Les choix de version surprend et si l’on regrettera l’absence du chœur final de 1865 pour laisser la primeur au monologue somme toute un peu fade de 1847, celui de la même version à la fin de l’acte précédent intéresse plus, tout comme l’aria La luce langue achevé par la cabalette initiale. Dalibor Jenis campe un Macbeth à l’aise avec la partition et sa tessiture, mais n’a ni les nuances ni l’émotion ni tout à fait la diction pour transformer le rôle.
Lady Macbeth retrouve une habituée du rôle sur les scènes italiennes, Anna Pirozzi bénéficiant d’une véritable technique belcantiste qui lui permet de bien contrôler la voix, sans non plus réussir à émouvoir ni à être toujours parfaitement juste, en plus de ne pas atteindre les notes finales les plus aiguës – certes non écrites par Verdi – sur le premier air comme au Brindisi. Banco trouve en Vitalij Kowaljow une basse parfaitement projetée au beau timbre grave, le Macduff de Piero Pretti chantant juste sans être lui non plus touchant dans son aria, tandis que des seconds rôles il faudra citer l’excellente Dame d’Alexandra Zabala, que l’on entend déjà ressortir de l’ensemble du II puis présente ensuite un beau timbre coloré dans l’aigu face au Médecin lui aussi excellent de Nicolo Ceriani.
Dans cette représentation de qualité, il a aura donc surtout manqué un homme, celui qui officie en fosse depuis une décennie.
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Teatro Regio, Torino Le 30/06/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Macbeth de Verdi dans une mise en scène d’Emma Dante et sous la direction de Giulio Laguzzi au Teatro Regio de Turin. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Macbeth, mélodramme en quatre actes,
Livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei d’après la tragédie éponyme de Shakespeare
MĂ©lange des versions de Florence (1847) et Paris (1865)
Coro ed Orchestra del Teatro Regio
direction : Giulio Laguzzi
mise en scène : Emma Dante
décors : Carmine Maringola
costumes : Vanessa Sannino
chorégraphie : Manuela Lo Sicco
maître d’armes : Sandro Maria Campagna
Ă©clairages : Cristian Zucaro
préparation des chœurs : Claudio Fenoglio
Avec :
Dalibor Jenis (Macbeth), Anna Pirozzi (Lady Macbeth), Vitalij Kowaljow (Banco), Piero Pretti (Macduff), Alexandra Zabala (Dama di Lady Macbeth), Cullen Gandy (Malcolm), Nicolo Ceriani (Il medico), Giuseppe Capoferri (Un domestico), Marco Sportelli (Il sicario), Francesco Idini (Duncano). | |
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