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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de Tosca à l'Opéra Bastille de Paris
Une Tosca qui marche à côté de ses planches
On a trop longtemps reproché à l'Opéra de Paris de ne pas inviter des français à chanter les rôles titres sur ses plateaux pour ne pas remarquer Jean Philippe Lafont et Sylvie Valayre dans la reprise de Tosca à Bastille. Si le premier fait l'unanimité, la seconde partage la rédaction d'altamusica.
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Une chose est sûre : pour un opéra aussi intimiste que Tosca, qui ne compte guère qu'une scène de foule à la fin de l'acte I, le plateau de Bastille est démesuré. La mise en scène de Werner Schrôter, reprise, pour l'occasion, par Alejandro Stadler, a relativement bien vieilli ; mais elle a beau se cantonner dans la linéarité la plus sobre, l'action ramassée, resserrée, est vite diluée dans un si grand espace. Alberte Barsacq évite avec raison la reconstitution d'une Rome de pacotille, mais son église Sant'Andrea della Valle ressemble à un hangar sinistre ; évoquer, en revanche, le château Saint-Ange par une immense statue blanche suspendue dans les airs est une idée simple et efficace.
La distribution ? Quelconque, à l'exception de Jean-Philippe Lafont, dont le chant italien commence à acquérir le délié et la souplesse qui lui manquaient, même si les aigus sont encore un peu écrasés. Son Scarpia a mûri ; plus imposant, plus glacial, il s'est dépouillé de quelques facilités théâtrales inutiles, ce qui renforce sa prestance et sa violence. Sur les scènes les plus illustres, Sylvie Valayre est l'une des rares Françaises à chanter des rôles lourds et éprouvants, Lady Macbeth, Aida, Gioconda, Butterfly. Que dire de sa Tosca ? La voix est ample dans le médium, puissante dans l'aigu, peu consistante dans le grave. L'inévitable "Prière" est correctement phrasée mais on sent rarement un frémissement ou un frisson. Comment ces gestes stéréotypés, ces attitudes ordinaires pourraient-elles séduire ? Rien n'est indigne, dans cette interprétation qui ne sort jamais de la convention et du premier degré ; mais où sont la classe, le panache, le chic d'une vraie comédienne ?
Franco Farina, lui, ne se pose même pas la question de savoir s'il doit jouer ou non : la main sur le coeur, les bras en croix, aucune posture du ténor le plus banal ne lui est étrangère et ce n'est pas un timbre agréable qui fera de lui autre chose qu'un chanteur bien générique. Antonello Allemandi est au pupitre ; il possède l'art de faire respirer la phrase puccinienne, de lui donner énergie, dynamisme et couleur. Si une telle soirée ne tombe pas dans la plus désolante routine, c'est bien grâce à lui et à Jean-Philippe Lafont.
Lire aussi l'avis de GĂ©rard MANNONI
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| Le 19/10/2000 Michel PAROUTY |
| Reprise de Tosca à l'Opéra Bastille de Paris | Tosca de Giacomo Puccini
Orchestre et choeur de l'Opéra Bastille
Direction musicale : Antonio Allemandi.
Mise en scène : Werner Schröter.
Avec Sylvie Valayre (Tosca), Franco Farina (Mario Cavaradossi), Jean-Philippe Lafont (Scarpia). | |
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