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CRITIQUES DE CONCERTS 31 octobre 2024

Concert de l’Orchestre national philharmonique de Russie sous la direction d’Emmanuel Plasson en l’église Saint-Matthieu, Colmar.

Colmar 2017 (1) :
Le fils avant le père

La 29e édition du Festival de Colmar rend hommage à Michel Plasson et permet d’entendre son fils Emmanuel, chef d’orchestre lui aussi, dans un programme franco-américain, avec pour point d’orgue de la soirée une Sérénade de Bernstein aux couleurs du superbe Guarneri du soliste russo-américain Philippe Quint.
 

Église Saint-Matthieu, Colmar
Le 07/07/2017
Vincent GUILLEMIN
 



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  • En participant Ă  un festival en hommage Ă  son père, le chef Emmanuel Plasson prend Ă©videmment le risque de la comparaison avec l’aĂ®nĂ©, d’autant que son programme intègre trois compositeurs français sur les quatre jouĂ©es lors d’un concert fleuve de plus de deux heures vingt, avec un bis orchestral et un au violon seul.

    Pourtant Emmanuel Plasson, vainqueur du prestigieux Concours d’orchestre Donatella Flick de Londres en 2010, le même qui a lancé récemment l’actuel chef de Lille Alexandre Bloch, poursuit une carrière personnelle entre l’Angleterre et les États-Unis, où il dirige un répertoire éclectique, pas seulement axé sur la musique française.

    Le concert du soir dans l’église Saint-Matthieu de Colmar débute par la Symphonie en ut de Bizet, composée par un jeune homme de 17 ans. Et si l’œuvre lorgne vers un classicisme mozartien, ses sonorités sous l’Orchestre national philharmonique de Russie font également penser à la Symphonie classique de Prokofiev, notamment dans les bois et les cuivres. Plasson fils y tient une battue précise sans excès de personnalité et réussit particulièrement l’Adagio, accompagné par le superbe solo du hautbois.

    Le rare Concerto pour piano de Francis Poulenc est proposé ensuite. L’œuvre créée en 1950 sous les doigts du compositeur est une commande du Boston Symphony Orchestra et de son directeur musical de l’époque, Charles Munch. Elle ne peut dissimuler une véritable parenté stylistique avec Dialogues des carmélites, dont certains thèmes ressortent, même si l’opéra ne sera créé que sept années plus tard.

    Le lyrisme des premiers violons y est plus qu’appréciable, mais l’acoustique de Saint-Matthieu noie trop le piano de la jeune Sofja Gülbadamova, même lors de sa partie soliste de l’Andante, dans laquelle elle n’hésite pourtant pas à appuyer avec force sur les touches de son clavier. La gestion des équilibres aurait également mérité de surveiller plus les bois par rapport aux cordes, surtout lors du Rondo final.

    En seconde partie, la Sérénade d’après le Banquet de Platon n’est certainement pas la plus grande pièce de Leonard Bernstein, mais elle trouve couleurs et style sous l’archet souple et superbement inspiré de Philippe Quint. Le chef accompagne avec rigueur et délicatesse le soliste, sans jamais mettre trop en avant les percussions par rapport aux cordes, et laisse ressortir une harpe dont on aurait encore plus profité si elle avait été plus avancée sur scène.

    Le dernier compositeur aurait pu servir de bis tant le programme était déjà copieux, mais Emmanuel Plasson a pourtant choisi de considérer les deux dernières pièces de Chabrier comme une partie intégrante du concert. La Bourrée fantasque dans l’orchestration de Felix Mottl trouve alors une belle dynamique, sans que l’on puisse tout à fait définir dans la manière de la diriger s’il s’agit d’une musique américaine, française ou russe, tant on ne retrouve pas ce son ni cette légèreté purement français, si chers au père. Idem pour un Fête polonaise extraite du Roi malgré lui, particulièrement énergique mais aux sonorités bien russes sous les cordes de l’orchestre moscovite.




    Église Saint-Matthieu, Colmar
    Le 07/07/2017
    Vincent GUILLEMIN

    Concert de l’Orchestre national philharmonique de Russie sous la direction d’Emmanuel Plasson en l’église Saint-Matthieu, Colmar.
    Georges Bizet (1838-1875)
    Symphonie en ut mineur
    Francis Poulenc (1899-1963)
    Concerto pour piano
    Sofja GĂĽlbadamova, piano
    Leonard Bernstein (1918-1990)
    Sérénade d’après le Banquet de Platon
    Philippe Quint, violon
    Emmanuel Chabrier (1841-1894)
    Bourrée fantasque (orch. Felix Mottl)
    FĂŞte polonaise
    Orchestre national philharmonique de Russie
    direction : Emmanuel Plasson

     


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