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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production du Rake’s Progress de Stravinski dans une mise en scène de Simon McBurney et sous la direction d’Eivind Gullberg Jensens au festival d'Aix 2017.
Aix 2017 (2) :
Un très sage libertin
Le Festival d'Aix-en-Provence présente le chef-d’œuvre néoclassique de Stravinski dans une mise en scène qui ne tient pas toutes ses promesses mais avec un plateau vocal de grande qualité. Remplaçant Daniel Harding à la tête de l'Orchestre de Paris, Eivind Gullberg Jensen se borne à une peinture de genre, loin des enjeux et des nuances de cette partition.
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Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
Le 11/07/2017
David VERDIER
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Bons baisers d’Eltsine
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On avait pu découvrir le travail de Simon McBurney à Aix dans une étonnante Flûte enchantée en 2014 donnée au Grand Théâtre de Provence. Invité cette année pour monter The Rake's Progress de Stravinski, il opte pour un dispositif très différent, basé sur un décor unique en forme de boîte à chaussures avec des pans de mur en papier blanc. Les protagonistes n'hésitent pas à déchirer ce support fragile pour faire irruption sur la scène, ce qui est le cas du diabolique Nick Shadow au premier acte.
À d'autres reprises, c'est la transparence qui sert de support à des jeux d'ombres chinoises qui laissent présager la présence d'un personnage. Avec un art consommé de l'humour décalé, McBurney imagine la collection de Baba la Turque telle une improbable série d'objets hétéroclites autant que surréalistes qui crèvent murs et plafond. Cette scène est probablement la plus emblématique et la plus réussie d'une production dont on peut regretter au demeurant qu'elle échoue (comme tant d'autres) à mettre en valeur cet opéra problématique de Stravinski.
On repère dans la volonté de concentrer l'intérêt à une matière graphique très élémentaire quelques emprunts à la production de Glyndebourne inspirée par les dessins de David Hockney. On trouvera également dans la manière d'utiliser les projections une façon de détourner l'attention et de faire oublier la fixité d'un décor en contradiction avec la mobilité sentimentale et géographique de ce personnage libertin.
En abordant par des procédés répétitifs le néo-classicisme d'une partition couleur gris archaïsant, la scénographie garde sous cloche une atmosphère festive qui ne demande qu'à exploser. Seules les dernières scènes gardent un intérêt majeur en montrant l'isolement et la déchéance mentale de Tom Rakewell, occupé à tenter vainement de colmater les brèches d'un décor devenu projection psychologique.
Paul Appleby campe un personnage avec des moyens remarquables et adaptés à l'acoustique rebelle du Palais de l'Archevêché. L'acteur prend efficacement le relais pour pallier certains défauts de projection à l'intérieur du décor unique. Julia Bullock (Ann Trulove) lui donne une réplique appliquée mais sans vraiment varier son expressivité en fonction de l'évolution de son personnage. Excellent Golaud et Leporello, Kyle Petersen est un Nick Shadow autoritaire et souverain. La révélation de sa nature d'ange maléfique est un des moments les plus marquants de cette production.
Surprise pour Baba la Turque : c'est le contre-ténor Andrew Watts qui chante le rôle. Truquant dans certaines parties du registre, son interprétation vaut surtout par l'abattage et l'éclatante présence en scène. Trulove père est tenu de belle manière par David Pittsinger tandis que la truculence et l'énergie de Mother Goose vont comme un gant à Hilary Summers. Excellents acteurs et chanteurs, les English Voices nagent dans leur élément, contrairement à Eivind Gullberg Jensen, remplaçant Daniel Harding mais sans véritablement d'engagement et de cohérence pour mener à bon port un Orchestre de Paris qui freine des quatre fers à de nombreuses reprises.
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