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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction de Mariss Jansons au festival de Salzbourg 2017.
Salzbourg 2017 (7) :
Chostakovitch sans sarcasme
Après la mythique production Mussbach-Gergiev de 2001, Lady Macbeth de Chostakovitch revient à Salzbourg dans une production mettant presque uniquement l’accent sur le tragique, tant dans la mise en scène d’Andreas Kriegenburg que dans la direction de Mariss Jansons, d’une glorieuse pâte sombre mais nettement plus faible dans les épisodes hystériques.
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La barre avait été placée si haut en 2001, dernière année de Gerard Mortier à Salzbourg, avec la mise en scène cauchemardesque de Peter Mussbach et la direction transcendante de Valery Gergiev, que l’on redoutait forcément un peu la comparaison pour le retour de Lady Macbeth dans la cité mozartienne. Plutôt que l’esprit de troupe insufflé par le chef russe il y a seize ans, Salzbourg a d’ailleurs choisi cette année une distribution plus internationale.
Mauvaise pioche, la Katerina de Nina Stemme, entendue à la radio, alignant les difficultés – voix instable, aigus tirés et épaisseur hors de propos. Un vilain virus aura eu raison de sa cuirasse, au profit pour les deux derniers soirs d’Evgenia Muraveva, l’Aksinia des premières représentations, infiniment plus adaptée à cet emploi singulier.
Formée au Mariinski, la jeune Russe l’emporte sur tous les tableaux, d’une forte présence à une voix parfaitement rayonnante, fraîche, pas intimidée le moins du monde par les séries d’aigus du personnage, avec ce phrasé propre aux natifs et un grave idéalement poitriné. Ou comment démonter les préceptes du star system.
Autour d’elle, grande distribution, du Boris classe et infect à la fois de Dmitri Ulyanov, clair et mordant, ramenant à son statut d’infâme rejeton le Zinoviy de Maxim Paster, l’une des voix les plus laides du monde, émission de crapaud écrasé sans doute impossible partout ailleurs mais caractérisant ici génialement le mari impuissant.
De belle ardeur, le Sergueï de Brandon Jovanovich a cette assurance de façade des faux-jetons. Dans une véritable galerie de portraits, citons également la Sonietka pulpeuse jusqu’à l’indécence de Ksenia Dudnikova, le Pope gargantuesque de Stanislav Trofimov et le Balourd miteux d’Andrei Popov, génial dans ses hoquets bien que considérablement gêné par le chef.
C’est que dans la fosse, Mariss Jansons, par-delà de magnifiques plages tragiques parfaitement burinées, avec des Wiener fous de densité, se prend ce soir les pieds dans le tapis du sarcasme, ratant presque tous les épisodes hystériques, ceux où le geste déchaîné d’un Gergiev, ou plus récemment d’un Currentzis à Zurich, savaient flageller sans pitié la matière instrumentale.
La précaution de certains interludes prestes, la lenteur plombant la scène du Balourd miteux, pas même sauvée par un gigantesque coup d’accélérateur sur sa coda instrumentale, affaiblissent la lecture du chef letton, trop mahlérien, plus éloquent dans la tension large – l’interlude suivant la mort de Boris ; un IV d’une noirceur de plomb.
Andreas Kriegenburg dépeint lui aussi un univers où seul le tragique a droit de cité – la scène du Balourd miteux encore, mine d’or pour les metteurs en scène, ni faite ni à faire – grâce à un impressionnant décor de cité ouvrière bétonnée d’où sortent comme de tiroirs des espaces de vie bien pensés, mais marque par sa seule scénographie, assez neutre sur les personnages hormis un Boris coquet, son pulvérisateur de parfum toujours à la main, qu’en bon nouveau riche, Sergueï imitera dès son ascension sociale bouclée.
Une lecture classique explorant toutefois quelques pistes, comme ces policiers s’affairant chacun à une passion qu’une vraie vie aurait pu leur offrir : chef de cuisine, peintre, maître en tricot. Malgré un usage systématique des poursuites dans ce décor occupant toute la largeur du Grosses Festspielhaus, certaines scènes fonctionnent, comme les cages de la colonie pénitentiaire pleines de prisonniers hagards, ou l’enfant qui refuse de jouer avec Katerina avant le mariage. Dommage enfin qu’une réalisation tartignole gâche la bonne idée que Sonietka et Katia finissent pendues chacune à un bout de la même corde !
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 21/08/2017 Yannick MILLON |
| Nouvelle production de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction de Mariss Jansons au festival de Salzbourg 2017. | Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Lady Macbeth du district de Mzensk, opéra en quatre actes (1936)
Livret du compositeur et Alexander Preis d’après la nouvelle de Nicolaï Leskov
Version originale de 1930-1932
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Angelika-Prokopp-Sommerakademie der Wiener Philharmoniker
Wiener Philharmoniker
direction : Mariss Jansons
mise en scène : Andreas Kriegenburg
décors : Harald B. Thor
costumes : Tanja Hofmann
Ă©clairages : Stefan Bolliger
préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger
Avec :
Evgenia Muraveva (Katerina), Brandon Jovanovich (Sergueï), Dmitri Ulyanov (Boris), Maxim Paster (Zinoviy), Andrei Popov (le Balourd miteux), Stanislav Trofimov (le Pope), Alexei Shishlyaev (le chef de la Police), Ksenia Dudnikova (Sonietka), Tatiana Kravtsova (Aksinia / la Bagnarde), Andrii Goniukov (le Vieux Bagnard), Oleg Budaratski (l’Employé de maison), Vasily Efimov (le Cocher), Valentin Anikin (le Sergent), Igor Omnishchenko (le Messager), Gleb Perzyaev (le Contremaître). | |
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