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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital de Nicholas Angelich dans la série Piano**** à la Philharmonie de Paris.
Atmosphères
Très beau programme où peu de pianistes pourraient montrer autant d’imagination, pour ce récital Piano**** où Nicholas Angelich a encore attiré quelque deux mille quatre cents personnes dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris. Des pages connues mais régénérées avec un subtil sens des styles.
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Oublions peut-être ce choral Nun Komm der Heiden Heiland BWV 659 de Bach dans la transcription de Busoni qui débutait ce programme. Ce n’est ni le chef-d’œuvre du compositeur ni celui du transcripteur et constituait une bien indifférente entrée en matière comparée à ce qui allait suivre. Car venaient juste après les sept Fantaisies op. 116 de Brahms, la Sonate au clair de lune de Beethoven et, en deuxième partie, la Sonate n° 8 de Prokofiev, autant d’univers différents, originaux, fortement typés et dont il faut savoir capter et traduire le climat particulier sans se laisser entraîner dans une artificielle démonstration technique.
Formes aussi indéfinissables que les Nocturnes de Chopin, les Visions fugitives de Prokofiev, les Romances sans paroles de Mendelssohn ou autres prétextes romantiques à libérer des états d’âme, à suggérer des troubles et des histoires intimes, sans avoir recours au texte de la mélodie, les Fantaisies de Brahms alternent humeurs et états émotionnels divers, qui, malgré la variété de rythmes, de couleurs et d’écriture, baignent toutes dans la même atmosphère de réflexion aussi intellectuelle que purement sensible héritée du monde schumannien. Tout cela est doit être mesuré à son juste poids, sonore notamment, pour restituer l’unité et l’homogénéité de ces pages, riches de la maturité du compositeur, ce que Nicholas Angelich a réussi avec un art consommé.
Tout comme il a trouvé exactement comment reconstituer le monde de la Sonate au clair de lune, totalement différent mais tout aussi romantique, avec sa fabuleuse rêverie introspective initiale, ses humeurs plus ludiques et pour finir ses brèves échappées mélodiques interrompues d’emportement tempétueux mais sans violence incontrôlée, propices eux aussi au rêve, même s’il est cauchemardesque.
Et, en deuxième partie, atmosphère à nouveau, dans un climat parfaitement caractérisé, celui de la monumentale Huitième Sonate de Prokofiev, où le rêve a d’autres couleurs, plus froides, prend parfois les chemins d’un certain lyrisme et se confronte aussi à l’extrême violence dans un ultime mouvement impressionnant par sa structure et aussi écrasant que certains grands bâtiments constructivistes soviétiques. Et là encore, Angelich a su à la perfection restituer l’unité de ce monde tout en rendant clairs et parlant les moindres détails d’une écriture magistrale… sans parler de la fantastique démonstration technique impliquée et dont triomphaient aussi les plus illustres pianistes russes comme Gilels, son créateur, et bien sûr, Richter.
Pas facile pour l’auditeur de reprendre pied avec la vie courante en sortant d’un tel concert, mais c’est tout à l’honneur de l’interprète.
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Philharmonie, Paris Le 06/10/2017 GĂ©rard MANNONI |
| Récital de Nicholas Angelich dans la série Piano**** à la Philharmonie de Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Nun Komm der Heiden Heiland BWV 659
arrangement : Ferrucio Busoni
Johannes Brahms (1833-1897)
Fantaisies op. 116
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate n° 14 op. 27 n° 2 « Clair de lune »
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Sonate n° 8 en sib majeur op. 84
Nicholas Angelich, piano | |
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