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CRITIQUES DE CONCERTS 22 novembre 2024

Fantasio de Jacques Offenbach à l'Opéra de Rennes.

Offenbach taquine Musset
© Saliou Gwenael

L'Opéra de Rennes vient d'orchestrer la résurrection d'une oeuvre rare d'Offenbach qui n'était plus entendue depuis 1872. Si dès sa création à l'Opéra-Comique, ce Fantasio s'est soldé par un échec, la partition ambitieuse méritait d'être soustraite à l'oubli. La dynamique production rennaise lui a rendu un peu de son panache.
 

Opéra, Rennes
Le 23/10/2000
Michel PAROUTY
 



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  • Avec Fantasio, tous ceux qui ne voyaient en Offenbach qu'un pourvoyeur en divertissements dĂ©lurĂ©s en furent pour leur frais. Il adapte ici Musset (probablement avec l'aide de Paul, le frère du poète) et quitte sa dĂ©froque d'amuseur pour une parure plus lĂ©gère, teintĂ©e de mĂ©lancolie et d'une vision de la vie qui n'est pas sans amertume. Fantasio rĂŞve, donc, jeune bourgeois munichois qui, sous le vĂŞtement d'un bouffon dĂ©cĂ©dĂ©, vient en aide Ă  une princesse menacĂ©e d'un mariage sans amour. C'est peu de dire que la partition est un ravissement ; on y retrouve, bien sĂ»r, la gouaille offenbachienne, dans certaines marches ou quelques choeurs et duos, mais le plus souvent une dĂ©licatesse qui n'a d'Ă©gale que l'invention mĂ©lodique. Qu'on ne s'en laisse pas conter : cette musique, sous des apparences faciles, exige beaucoup des interprètes.

    La première qualité de l'équipe rennaise, outre sa jeunesse, c'est son élocution : on perd rarement un mot, une syllabe. Qui plus est, tous savent chanter, et bien. Iane Rouleau (la princesse Elsbeth) fait crânement face aux moments les plus virtuoses ; on regrette, pourtant, que son timbre soit parfois strident, et qu'elle impose constamment à son personnage une retenue qui frise l'effacement. Christophe Crapez évite de charger inutilement le rôle de Marinoni, et Franck Leguérinel, qui maîtrise le style français avec franchise et subtilité, campe un Prince drôle et léger, ridicule et touchant. Offenbach avait d'abord conçu le rôle de Fantasio pour le ténor Victor Capoul ; c'est finalement une mezzo-soprano, Célestine Galli-Marié, qui l'avait créé mais à Vienne, trois jours après la première parisienne, il était revenu à un ténor.

    Martial Defontaine l'incarne avec un timbre clair et doux, une grande aisance dans les notes piano, et une profonde compréhension d'un héros habile à manier les masques. Jean-Yves Aizic a élaboré une reconstitution orchestrale à partir d'une partition piano-chant ; Claude Schnitzler la dirige avec une certaine sécheresse ; il est vrai que l'Orchestre de Bretagne est plutôt avare d'homogénéité sonore. Philippe Léonard a imaginé des costumes aux couleurs acidulées et un décor tournant, efficace (mais pas très beau !) dans lequel s'inscrit la mise en scène intelligente et élégante de Vincent Vittoz. Une redécouverte au charme certain, et un pas de géant vers Les Contes d'Hoffmann.




    Opéra, Rennes
    Le 23/10/2000
    Michel PAROUTY

    Fantasio de Jacques Offenbach à l'Opéra de Rennes.
    Fantasio de Jacques Offenbach)
    Orchestre de Bretagne
    Direction musicale : Claude Schnitzler
    Mise en scène : Vincent Vittoz.

    Avec Iane Rouleau (Elsbeth), Martial Defontaine (Fantasio), Franck Leguérinel (le Prince), Christophe Crapez (Marinoni).

     


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