altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Concert des Dissonances et David Grimal à l’Auditorium de Dijon.

Toujours plus loin
© BenoĂ®t Linero

Non contents d’avoir triomphé de chaque étape de leur réappropriation du grand répertoire symphonique sans chef, David Grimal et les Dissonances poussent le bouchon plus loin en s’attaquant cette fois à l’Annapurna symphonique que représente le Sacre du printemps de Stravinski. Avec une nouvelle réussite incontestable.
 

Auditorium, Dijon
Le 20/10/2017
Yannick MILLON
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • Chambre dĂ©sĂ©quilibrĂ©e

  • RĂ©gal ramiste

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Dans l’univers pourtant bien passĂ©iste du classique, certains musiciens Ĺ“uvrent Ă  remettre en cause des habitudes sclĂ©rosĂ©es au travers d’expĂ©riences comme la pratique orchestrale sans chef. C’est ainsi Ă  un sacrilège salutaire que s’est livrĂ© le violoniste David Grimal en fondant en 2004 son ensemble les Dissonances, qui a très vite lorgnĂ© les grandes allĂ©es du rĂ©pertoire symphonique. Après Beethoven, Schubert, Brahms, un pas de gĂ©ant Ă©tait franchi il y a deux ans Ă  Dijon, oĂą, en rĂ©sidence depuis 2008, la formation ajoutait avec brio Ă  son rĂ©pertoire la Mer de Debussy.

    Cet automne, les Dissonances osent le pari fou de jouer sans chef le Sacre du printemps, partition d’une difficulté de mise en place patente y compris avec les plus grandes baguettes. Mais avant le grand saut, la Septième Symphonie de Beethoven ouvre le bal, gageure bien moindre encore qu’il ne s’agisse certainement pas de la plus aisée des symphonies du compositeur viennois.

    Le Poco sostenuto introductif ne sera d’ailleurs pas le meilleur moment d’un mouvement liminaire grevĂ© par des micro-dĂ©calages et des cors naturels en pĂ©ril. Mais l’énergie finit par l’emporter avec un tapis de cordes bien chauffĂ©, dĂ©bordant sur des bois qu’on aimerait plus ciselĂ©s. On est au final surtout gĂŞnĂ© par le manque d’harmoniques des premiers violons, tournĂ©s de trois quarts dos au public pour mieux communiquer avec les autres cordes. Mais le Scherzo et surtout le Finale, extrĂŞmement rapide et dramatisĂ©, vĂ©ritable « apothĂ©ose de la danse Â» emportent l’adhĂ©sion, dans une parfaite optique post-baroque.

    Reste que s’il n’est pas trop difficile de mettre d’accord une quarantaine d’instrumentistes sur Beethoven, opérer des choix à une centaine pour un ouvrage comme le Sacre n’est pas la même paire de manches. Et plutôt que la filiation française à laquelle on pouvait s’attendre, ce sont la veine chorégraphique et les ambiances tribales qui l’emportent ce soir – une Glorification de l’élue superbement pulsée, surtout dans cette version de 1947 ; une Danse sacrale physique et exacerbée.

    Il est en outre passionnant, avec un effectif aussi pléthorique, d’observer la multiplication des regards, des relais de direction au cœur des groupes instrumentaux, le rôle pivot du premier violon ne prévalant à aucun moment d’une partition mettant les vents à l’honneur. Et d’emblée, un solo de basson extrêmement libre prélude à un foisonnement sonore idéalement stratifié. L’écriture en blocs de Stravinski se satisfait parfaitement de l’absence de chef (Jeu du rapt), chacun ayant une part égale de responsabilité, jusqu’à permettre collectivement et dans l’instant des micro suspensions aidant à la réalisation délicate de toutes sortes de traits ici jamais escamotés.

    Et quel bonheur, par-delà un plaisir musical bien réel, de voir des instrumentistes aussi engagés corporellement (Danse de la terre), aussi épanouis dans l’échange, dans cette espèce de symphonie chorégraphique proche de l’esprit du ballet original ! C’est qu’on ne quitterait plus des yeux le vétéran Bernard Cazauran, ancien contrebassiste de l’Orchestre de Paris, élément moteur essentiel, qui s’implique de toutes ses fibres, ne faisant qu’une bouchée, en parfaite intelligence avec ses collègues, de ce Sacre du printemps trapu, en noir et blanc, à l’excellent swing et à la très belle sauvagerie. Jusqu’où iront donc les Dissonances ?




    Auditorium, Dijon
    Le 20/10/2017
    Yannick MILLON

    Concert des Dissonances et David Grimal à l’Auditorium de Dijon.
    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Symphonie n° 7 en la majeur op. 92 (1812)
    Igor Stravinski (1882-1971)
    Le Sacre du printemps, tableaux de la Russie paĂŻenne en deux parties (1913)
    Les Dissonances

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com