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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Pelléas et Mélisande à l'Opéra de Tours
Un bon Tours pour Pélléas
Monter Pelléas et Mélisande relève toujours du défi. Il y a tant d'éléments contradictoires à considérer que le faux pas menace sans cesse. L'Opéra de Tours vient pourtant de gravir un degré vers le Parnasse grâce à un plateau vocal très équilibré et aux talents conjugués de Gilles Bouillon comme Jean-Yves Ossonce.
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La musique de Debussy et le livret de Maeterlick mêlent en effet onirisme et réalisme dans ce qui ne pourrait être qu'un drame bourgeois, celui de la jalousie sentimentale. Jalousie et violence de Golaud qui le pousseront à tuer son frère Pelléas. Mais les personnages ne répondent pas aux codes propres au genre et laissent planer le doute. On les connaît à peine, voire pas du tout (Mélisande), leur origine et leur caractère reste difficile à cerner. Derrière sa carapace de colosse, Golaud ne peut dissimuler ses failles : il est, dès le début de l'oeuvre, perdu, puis faible, puis dément. Il se perd, tombe, s'égratigne. Mélisande, insaisissable créature, a le visage de l'innocence et le magnétisme de la volupté. Pelléas découvre en même temps l'amour et la culpabilité. Aussi décide-t-il de partir.
"Théâtre de la peur et de la cruauté" (Pierre Schaeffner), Pelléas et Mélisande n'a rien d'une conversation de boudoir ni d'une dramaturgie élégante et stylisée. Et c'est bien ainsi que l'a conçu Gilles Bouillon, directeur du Centre Dramatique Régionial de Tours. Il opte pour des lumières faibles et un gris universel mais nuancé (décor nu et costumes, modernes) comme pour mieux restituer cette atmosphère pesante où "même la mer n'est pas heureuse" (Acte II, scène 3). S'il évite toute référence moyenâgeuse, il conserve les longs cheveux et la tour, schématisée, de Mélisande ainsi que l'épée de Golaud. Malgré le risque quasi généralisé de prise de rôle, la distribution, entièrement française, convainc par son équilibre vocal mais aussi par la crédibilité des physiques et la parfaite intelligibilité de la langue.
Au rayonnant mais inquiet Pelléas répond le charme trouble de Sophie Marin-Degor. Vincent Le Texier incarne le Golaud le plus impressionnant et le plus expressif qui soit : physiquement solide mais moralement brisé, rongé par le doute. Nicolas Cavallier a l'heureuse idée de ne pas réduire Arkel à un simple augure en fin de vie, imperméable à toute émotion. Dans la fosse, Jean-Yves Ossonce manifeste une évidente compréhension de cette musique qu'il dirige avec fluidité et passion. Une grande clarté polyphonique, une vaste échelle dynamique et de nettes ruptures libèrent toute la violence de la musique de Debussy. L'Orchestre Symphonique de Tours lui répond avec ardeur et intelligence.
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Grand Théâtre, Tours Le 18/10/2000 Philippe VENTURINI |
| Pelléas et Mélisande à l'Opéra de Tours | Pelléas et Mélisande de Claude Debussy
Orchestre Symphonique de Tours, Choeurs de l'Opéra de Tours,
Direction musicale : Jean-Yves Ossonce
Mise en scène : Gilles Bouillon
Dramaturgie : Bernard Pico
DĂ©cors : Nathalie Holst
costumes : Marc Anselmi
Lumières : Michel Theuil
Avec Jean-Sébastien Bou (Pelléas), Sophie Marin-Degor (Mélisande), Vincent Le Texier (Golaud), Marie-Thérèse Keller (Geneviève), Nicolas Cavallier (Arkel), Stéphanie Moralès (Yniold), Jérôme Varnier (un berger, un médecin). | |
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