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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Version de concert de Leonore de Beethoven sous la direction de René Jacobs au Festival d’Automne de Baden-Baden 2017.
Une grande Leonore
Au festival d’Automne de Baden-Baden, René Jacobs aborde en version de concert mais avec une énergie quasi scénique la rare Leonore de Beethoven comme un ultime opéra de Mozart, avec un orchestre assez réduit mais extrêmement coloré et une distribution impeccable où domine Marlis Petersen dans le rôle-titre.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Leonore, première version (1805, révisée en 1806) de Fidelio, est rare sur les scènes. Plus domestique, plus humaine, elle n’affiche pas encore la hauteur de vue sinon l’universalité de l’opéra définitif de 1814. Est-ce la raison pour laquelle René Jacobs l’aborde comme un ultime opéra de Mozart, avec notamment un effectif orchestral réduit (dont seulement 3 contrebasses) ?
Si l’on se montre un peu dubitatif en début de représentation, on adhère progressivement à cette vision très à cheval sur le XVIIIe et le XIXe siècles. Si les tempi sont généralement assez allants, le geste sait se faire large et ample (chœur des prisonnier ou sublime ensemble O Gott! O welche in Augenblinck à la fin du III, moments magiques de la soirée) mais également piquant et alerte (scènes entre Marzelline, Jaquino et Rocco).
Il ne faut ainsi pas s’attendre pour le Finale de l’opéra à un puissant torrent digne de la Neuvième Symphonie, mais bien à la conclusion d’un Singspiel centré avant tout sur les personnages et pas encore sur la portée universaliste que le compositeur apportera dans Fidelio. En cela, la direction de René Jacobs se révèle tout à fait adaptée. Si le travail très fin sur les masses et l’équilibre sonore est passionnant et magnifie l’écriture orchestrale, on aurait cependant parfois aimé une présence plus marquée des cuivres et des timbales ou une plus grande vigueur dans les scènes de Pizarro.
L’équipe de chanteurs réunie pour cette production présente en conséquence des formats proches du classicisme, avec le Florestan presque mozartien de Maximilian Schmitt et la Leonore plus généreuse de Marlis Petersen. Le premier affiche un timbre un peu nasal mais le chanteur est intelligent et touchant, quand la seconde irradie dans le rôle-titre dont elle surmonte toutes les difficultés sans peine : beauté du timbre, égalité des registres, vocalises, aigus, tout est là , avec une sensibilité et un engagement dignes de la scène.
L’autre couple de l’opéra se montre tout aussi idéal : Johannes Chum campe un Jaquino parfait de simplicité et de gentillesse tandis que Robin Johannssen est une fantastique et espiègle Marzelline avec un délicieux timbre fruité. Dimitry Ivashchenko a le mérite de ne pas trop en faire en Rocco, ce qui met particulièrement bien en valeur son beau timbre et la bonté simple du personnage. Même constat pour le Pizarro de Johannes Weisser qu’on trouverait presque trop sympathique mais dont l’intelligence et le mordant rappellent quel néfaste personnage il campe. Tareq Nazmi en Fernando vient couronner le tout avec un timbre et une ligne superbes.
Le Zürcher Sing-Akademie est une somptueuse formation, notamment son chœur d’hommes qui s’illustre dans les deux premiers actes avec une richesse de nuances et de couleurs tout à fait remarquable. Le Freiburger Barockorchester affiche quant à lui tout autant de couleurs à travers ses bois splendides. Les cors, fort sollicités dans l’air de Leonore, brillent également par leur prestance. Quelques décalages (notamment dans l’ouverture) et accrocs (harmonies dans les bois, violon solo dans le duo Leonore-Marzelline) ne déparent au final que peu. On avoue même être assez admiratifs de la coordination des musiciens face à la battue assez incompréhensible de Jacobs. Une grande soirée.
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 03/11/2017 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Version de concert de Leonore de Beethoven sous la direction de René Jacobs au Festival d’Automne de Baden-Baden 2017. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Leonore, Singspiel en trois actes (version de 1805)
Livret de Joseph Sonnleithner
Dialogues parlés arrangés par René Jacobs
Marlis Petersen (Leonore)
Maximilian Schmitt (Florestan)
Johannes Weisser (Don Pizarro)
Dimitry Ivashchenko (Rocco)
Robin Johannsen (Marzelline)
Johannes Chum (Jaquino / Premier prisonnier)
Tareq Nazmi (Don Fernando / Deuxième prisonnier)
ZĂĽrcher Sing-Akademie
préparation des chœurs : Florian Helgath
Freiburger Barockorchester
direction : René Jacobs | |
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