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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de la Ronde de Boesmans dans une mise en scène de Christiane Lutz et sous la direction de Jean Deroyer à l’Opéra de Paris.
Ça tourne en rond
Donnée en version de chambre (signée Fabrizio Cassol), cette Ronde de Boesmans bénéficie d'un plateau vocal composé des jeunes voix talentueuses de l’Académie de l’Opéra national de Paris ainsi que de l'Orchestre-Atelier Ostinato. Jean Deroyer dirige tout ce beau monde avec une belle énergie qui se laisse écouter les yeux fermés.
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Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris
Le 11/11/2017
David VERDIER
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Philippe Boesmans a composé cette Ronde (d'après Arthur Schnitzler) en 1993, s'assurant dès la création un succès immédiat. Cet opéra se distingue de Wintermärchen, Julie, Yvonne de Bourgogne et récemment Pinocchio, en cela qu'il parle une langue musicale qui ne cherche pas à dissimuler le réseau de citations qui lui sert de trame.
Donnée dans la version de chambre de Fabrizio Cassol, cette langue semble parfaitement proportionnée aux jeunes voix de l'Académie de l’Opéra de Paris – ex-Atelier lyrique. Avec ses douze chanteurs et ses neuf instrumentistes et quatre pianistes-chefs de chant, cette structure comporte également un metteur en scène et une quinzaine d'emplois techniques liés aux arts de la scène. C'est donc une production maison qui est donnée dans l'espace de l'Amphithéâtre Bastille.
La mise en scène de Christiane Lutz confine à une mise en espace relativement efficace avec pour simple décor des sièges de voiture et une paroi amovible qui se transforme en fonction des scènes. Un élément sort du décor comme un tiroir d'une commode et cela suffit à récréer l'univers miniature de ces dix tableaux intimes. Schnitzler était parfaitement conscient du haut degré de provocation que pouvait atteindre une intrigue où se croisent des couples éphémères, avec pour unique horizon une issue sexuelle à des situations où la banalité rejoint le sordide.
Cette ambiance décadente et fin-de-siècle trouve dans cette mise en espace un écho théâtral relativement fruste, avec une direction d'acteurs rudimentaire qui consiste à mimer par des gestes des objets ou des meubles invisibles. Les dix personnages sont répartis symétriquement en deux groupes de cinq hommes et cinq femmes. La dramaturgie combine des couples dont un membre reste en scène et sert de liaison avec la scène suivante : le soldat avec la prostituée, puis avec la femme de chambre, laquelle séduit le jeune homme de bonne famille, lequel séduit une femme mariée etc.
Jusqu'au moment où la boucle se referme avec le Comte qui rejoint la prostituée. La présence de projections permet de visionner les protagonistes filmés dans des scènes de rencontres autour de la Colonne de juillet, comme pour justifier l'allusion à la ronde. On lit également en direct le contenu de messages échangés par SMS, ce qui donne une impulsion et un mouvement à une scénographie qui menace de sombrer dans l'ennui.
Heureusement, la distribution rattrape sur bien des points ces faiblesses, en particulier la ProstituĂ©e de Sarah Shine avec un timbre Ă©tonnamment libre et aĂ©rien et Farrah El Dibany, en Grisette qui mise tout son jeu de sĂ©duction sur un registre grave exceptionnel. Danylo Matviienko campe un Comte très sonore, dans un allemand pas toujours sĂ»r mais très Ă©quilibrĂ© par la belle prĂ©sence de la Cantatrice d'AngĂ©lique Boudeville. Le couple Marie Perbost-Maciej Kwaśnikowski brille par la cohĂ©rence des registres et l'expressivitĂ© du chant, tandis que la basse Mateusz Hoedt campe un Mari bornĂ© et jouisseur. Le Poète photographe de Jean-François Marras emporte l'adhĂ©sion alors que le Soldat de Juan de Dios Mateos est sans doute la seule voix de la soirĂ©e qui manque de chair et de poids.
L'Orchestre-Atelier Ostinato bénéficie de la direction énergique de Jean Deroyer, habile dans la manière de détailler les traits virtuoses et ces bribes stylistiques mises en dialogue. Poésie musicale qu'on pourra çà et là trouver éminemment datée et parfois irritante, la partition de Boesmans exige des interprètes à la hauteur des chausse-trapes techniques qu'elle recèle.
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Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris Le 11/11/2017 David VERDIER |
| Nouvelle production de la Ronde de Boesmans dans une mise en scène de Christiane Lutz et sous la direction de Jean Deroyer à l’Opéra de Paris. | Philippe Boesmans (*1936)
Reigen, opéra en dix scènes
Livret d'Arthur Schnitzler adapté par Luc Bondy
Adaptation musicale : Fabrizio Cassol
Artistes de l’Académie de l’Opéra national de Paris
Orchestre-Atelier Ostinato
direction : Jean Deroyer
mise en scène : Christiane Lutz
scénographie : Christian Tabakoff
costumes : Natascha Maraval
Ă©clairages : Daniel Levy
Avec :
Sarah Shine (La ProstituĂ©e), Juan de Dios Mateos (Le Soldat), Jeanne Ireland (La Femme de chambre), Maciej Kwaśnikowski (Le Jeune monsieur), Marie Perbost (La Jeune femme), Mateusz Hoedt (Le Mari), Farrah El Dibany (La Grisette), Jean-François Marras (Le Poète), AngĂ©lique Boudeville (La Cantatrice), Danylo Matviienko (Le Comte). | |
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