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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation de la violoniste Akiko Suwanai à la Philharmonie de Paris.
Le retour de Paavo
Pour la première fois depuis qu’il a quitté le poste de directeur musical, Paavo Järvi revient au pupitre de l’Orchestre de Paris. Il y dirige un Concerto pour violon de Sibelius déjà programmé deux fois par lui avec cette formation, puis la Symphonie Leningrad de Chostakovitch, apparue en 2007 au répertoire de l’orchestre à son instigation.
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Paavo Järvi a quitté l’Orchestre de Paris après six saisons parce qu’il s’engageait pour le NHK de Tokyo. Depuis, il a également obtenu l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, mais il reviendra certainement diriger régulièrement une formation française qu’il a su maintenir au plus haut niveau pendant son mandat, en apportant aux cordes chaleur et densité, tout en gardant finesse et transparence dans la matière globale. Joli clin d’œil au passé, on remarque que le programme de 2017 est exactement celui qu’il donna à la salle Pleyel le 30 mai 2007, au moment même où l’annonce de sa nomination au poste de directeur musical est devenue officielle.
Aujourd’hui à la Philharmonie de Paris, il emporte les violons dans une superbe introduction du Concerto pour violon de Sibelius, avec la soliste japonaise Akiko Suwanai. La densité des cordes crée un effet de masse qui tranche avec ce que l’on a maintenant l’habitude d’entendre chez le nouveau directeur Daniel Harding, au risque de dérouter certains auditeurs cherchant aujourd’hui plus de clarté et de détails.
Malheureusement, après cinq premières minutes somptueuses et surtout après la cadence, superbe sous le doigté léger de la soliste duquel ni émotion ni rubato ne sont absents, l’interprétation perd en force. Pourtant Suwanai a des idées en plus d’un magnifique son chaud provenant du splendide Stradivarius Dolphin de 1714, l’un des plus beaux violons au monde. Elle semble toutefois moins agile par la suite, ce qui oblige alors Järvi à ralentir, même s’il tente quelques moments de dynamisme dans le Finale.
Après l’entracte, le chef estonien revient devant un Orchestre de Paris au grand complet pour la Symphonie n° 7 de Chostakovitch. Loin de l’interprétation magistrale donnée par l’aîné Neeme Järvi l’année dernière avec l’Orchestre national de France, Järvi entre dans la partition avec un orchestre brut mais jamais massif, et refuse à la fois la tension comme la pression de la partition. On découvre alors une belle vigueur et des contrebasses bien rauques dans l’Allegretto, mais très vite cette vision semble, comme déjà entendue dans d’autres symphonies de Mahler ou Bruckner par ce chef, plus architecturale que monumentale.
On pourrait alors détailler longuement les beaux échanges entre les cordes et les vents, la prestation de certains solistes, à commencer le hautbois, mais il manque à cette lecture un message pour une œuvre qui ne peut pourtant se résumer à sa simple construction primaire, tant il est clair que Chostakovitch a souhaité à l’époque y insérer le malaise qu’il vivait en 1942, entre les purges staliniennes et les pires moments de la Seconde Guerre mondiale. Lorsque la caisse claire apparaît, d’une célérité incroyable, au risque de faire perdre le rythme à un percussionniste pourtant impressionnant de rigueur, jamais non plus le malaise ne se crée. Le thème récurrent reste géré de manière technique.
Le reste de la symphonie se développe avec la même rigueur et la même idée d’un traitement très architecturé des parties, donc avec des constructions et un orchestre de grande qualité, sans pourtant que des individualités en ressortent spécifiquement. Il n’y avait absolument pas de raison que le fils prenne le chemin du père alors qu’il présente depuis toujours une direction très différente, mais on ne peut oublier les références de l’œuvre ni la puissance ressentie un an plus tôt à Radio France.
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Philharmonie, Paris Le 29/11/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Paavo Järvi, avec la participation de la violoniste Akiko Suwanai à la Philharmonie de Paris. | Jean Sibelius (1865-1957)
Concerto pour violon en ré mineur, op. 47
Akiko Suwanai, violon
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 7 en ut majeur op. 60, « Leningrad »
Orchestre de Paris
direction : Paavo Järvi | |
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