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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Mini cycle viennois à la Cité de la Musique avec l'Orchestre du Conservatoire National de Paris.
Pierre Boulez passe une Nuit calme
Ce mois-ci, la Cité de la Musique avait concocté deux soirées viennoises pour mettre en valeur le jeune et déjà brillant Orchestre du Conservatoire National de Paris. Heinrich Schiff, qui n'a pas pu assurer la direction le dernier soir, a été remplacé impromptu par Pierre Boulez et Pierre Strauch.
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Les Cinq mouvements opus 5 d'Anton Webern et La nuit transfigurée d'Arnold Schoenberg sont deux oeuvres incroyablement personnelles. Entre ces deux monuments sacrés, les pages sous influence de la Symphonie de chambre de Franz Schreker, ne pouvaient que souffrir de la comparaison. Pourtant cette symphonie ne manque ni de charme ni force, tout comme d'ailleurs la direction de Pierre Strauch, large et souple. Seulement, après l'opus 5 de Webern, l'objet semblait presque anachronique et fortement tapageur : on ne parvenait pas tout à fait à oublier les nuances prodigieuses que Pierre Boulez avait tirées de cet orchestre d'étudiants et la fascination induite par cette matière en mouvement, manipulée avec des gestes de peintre. Cette étrange alchimie du rythme et de la couleur entraîne une confusion des sentiments que la perte des repères temporels se charge d'accroître, comme si les motifs et les timbres occupaient désormais un espace presque palpable dans lequel on ne pouvait que se perdre.
J'attendais La Nuit transfiguréeavec impatience. D'abord, parce que son climat particulier laisse difficilement insensible, mais surtout en raison de l'absolue cohérence entre la thématique du poème de Richard Dehmel — une femme avoue à son amant qu'elle attend un enfant "illégitime", faute qu'il pardonnera en acceptant l'enfant, désormais "transfiguré" — et le développement mélodique et harmonique de la composition. Il y a là bien plus qu'une musique à programme, en ce qu'elle ne cherche pas la simple illustration mais tente un contrepoint psychologique auquel on finit par s'identifier presque immanquablement. Hélas, la direction de Pierre Boulez ne provoque pas ici le même sentiment de trouble et si la fascination demeure, elle reste surtout liée à son travail formel : certes, on retrouve les qualités de l'opus 5 de Webern, mais l'urgence de cette angoissante promenade nocturne et sentimentale reste, au mieux, suggérée.
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Cité de la Musique, Paris Le 19/10/2000 Mathias HEIZMANN |
| Mini cycle viennois à la Cité de la Musique avec l'Orchestre du Conservatoire National de Paris. | Anton Webern : Cinq mouvements op. 5 (version orchestre à cordes)
Arnold Schoenberg : La nuit transfigurée (version orchestre à cordes).
Direction Pierre Boulez
Franz Schreker : Symphonie de chambre.
Direction Pierre Strauch | |
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