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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding, avec la participation de la violoniste Isabelle Faust à la Philharmonie de Paris.
Deux visions du siècle
Daniel Harding lie dans un même concert deux ouvrages de la première moitié du XXème siècle et s’accorde à merveille avec le violon d’Isabelle Faust pour développer toute la finesse du Concerto de Schoenberg, avant un traitement dans la masse de l’Alpensinfonie, au risque de faire saturer l’Orchestre et la Philharmonie de Paris.
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Ouvrage complexe aujourd’hui encore beaucoup moins programmé que le concerto de Berg, celui pour violon d’Arnold Schoenberg est pourtant l’une de ses plus importantes partitions. Un premier projet viennois avait été abandonné pour être finalement repris après l’exil aux États-Unis, avec une composition étendue de 1934 à 1936 et une création seulement quatre ans plus tard par Louis Krasner et Leopold Stokowski à Philadelphie.
L’Orchestre de Paris l’avait déjà interprété une fois dès 1977 grâce à Pierre Boulez et Pierre Amoyal, mais il n’avait plus été joué depuis, et pas encore à la Philharmonie. Il faut donc louer Daniel Harding pour ce choix, d’autant qu’il s’accompagne de l’interprète idéale dans ce répertoire, l’Allemande Isabelle Faust. Si une certaine froideur peut apparaître sous son archet dans le développement des séries du Concerto à la mémoire d’un ange de Berg, dans Schoenberg, grâce à son jeu d’une rare agilité, tant avec archet qu’en pizzicati à la main gauche, elle montre une exceptionnelle finesse pour exposer toutes les couleurs de sa partition soliste.
Son Stradivarius 1704 La Belle au Bois Dormant et ses suraigus éclatants présentent une sonorité idéale pour les parties hautes et développe un beau son écorché dans le grave. Pendant plus de trente minutes quasi ininterrompues, elle parvient à donner à cette pièce vibration et gravité, tout en maintenant toujours une superbe délicatesse, parfaitement accompagnée par la battue précise et le geste clair de Harding, sublime dans l’Andante grazioso. Un bis de Bach semblait évident, mais la violoniste ose un Caprice Variation de George Rochberg, pièce atonale très technique du compositeur américain mort en 2005, beaucoup défendu de son vivant par Gidon Kremer.
Après l’entracte, l’Orchestre de Paris s’est renforcé et même s’il lui manque toujours un violon dans le premier groupe pour être au grand complet, il compte maintenant une centaine de musiciens. La Nuit ouvre la Symphonie alpestre et surprend en présentant une pâte sonore plus dense que celle à laquelle Daniel Harding nous a habitué, plus dense aussi que celle qu’il a utilisée dans son enregistrement récent de l’œuvre pour Decca avec le Saito Kinen Orchestra.
Cette notion de masse est encore bien loin de la concentration d’un Christian Thielemann aujourd’hui, mais cela évite aussi la lourdeur, et au Lever de soleil l’effet de touffeur du rendu surprend encore, d’autant plus que le chef anglais ne semble par chercher à identifier particulièrement les détails de l’ensemble. L’Ascension s’étale et bénéficie de la spatialisation d’une superbe fanfare, placée non pas derrière l’orchestre, mais derrière le parterre à jardin.
La marche auprès du ruisseau puis la Cascade manquent de poésie pour totalement convaincre et le discours commence ici à manquer de nuances, d’autant qu’Harding va ensuite jouer avec la robustesse de sa formation et la pousser à ses limites Sur le glacier puis dans les Moments dangereux ainsi que plus tard dans l’Orage, au risque de faire saturer l’acoustique de la Philharmonie. Cette force symphonique ne s’accompagne pas d’une vision crépusculaire qui aurait aidé à comprendre les raisons d’un tel déploiement d’énergie.
La finesse réapparait à partir de la Conclusion pour un retour à la Nuit ample et délicat, coloré par la légèreté des cordes françaises, dont on a remarqué les magnifiques soli du quatuor et plus particulièrement du premier violon de Roland Daugareil.
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Philharmonie, Paris Le 07/12/2017 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Daniel Harding, avec la participation de la violoniste Isabelle Faust à la Philharmonie de Paris. | Arnold Schoenberg (1874–1951)
Concerto pour violon op. 36
Isabelle Faust, violon
Richard Strauss (1864-1949)
Eine Alpensinfonie op. 64
Orchestre de Paris
direction : Daniel Harding | |
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