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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de La Cenerentola de Rossini dans une mise en scène de Stefan Herheim et sous la direction de Stefano Montanari à l’Opéra de Lyon.
Cenerentola chez Disney
Revenu à la mode, Rossini apparaît ce Noël avec plusieurs nouvelles productions françaises, dont cette Cenerentola à Lyon, dans une mise en scène de Stefan Herheim réutilisant l’idée du compositeur présent sur scène par l’intermédiaire d’un personnage de l’opéra, tandis que la partition bénéficie de la direction souple et dynamique de Stefano Montanari.
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À chacune de ses nouvelles productions, Stefan Herheim utilise l’idée d’insérer le compositeur dans son propre opéra. Déjà l’idée semblait plus que limitée à Amsterdam dans une Dame de pique ridiculisée par un Tchaïkovski perdu pour composer un ouvrage qu’il a pourtant écrit d’une traite en à peine trente jours. À l’Opéra de Lyon, c’est le père, Don Magnifico, qui est transformé en Rossini, avec un traitement correct de l’histoire autour. Souvent Angelina tient dans ses mains un livre qui semble être celui même de l’histoire de Cendrillon, livre que l’on retrouve sur scène démultiplié de plusieurs tailles, la reliure devenant poutre et les portes battantes la couverture.
Le conte est rapproché de Disney, et si l’on cherche encore pourquoi apparaît en vidéo au fond le cheval ailé de la compagnie cinématographique Metropolitan Films, au moins trouve-t-on de belles idées avec les costumes. À sa troisième apparition, Angelina semble porter les habits de la Belle, tandis que le faux prince, Dandini déguisé, porte un manteau qu’on peut associer à celui de la Bête. Dans son premier duo avec le prince, elle embrasse le vrai prince qui tombe endormi, inversion du conte de la Belle au bois dormant ; puis la Belle arrive avec un voile sur le visage, référence très probable à Jasmine dans son duo avec Aladdin. On pourrait citer d’autres références, dont celles qui rapportent à Dieu sur son nuage suspendu, ou le chariot de femme de ménage devenant carrosse, mais il faut aussi parler de musique.
Le chef Stefano Montanari, partie intégrante du spectacle, se retrouve même sur scène au début du II, et devient l’un des personnages les plus amusants de la représentation. Son geste dynamique bénéficie de la souplesse de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, à défaut d’y trouver toujours de beaux timbres. Les hommes du chœur, tous habillés en Rossini, montrent une préparation exemplaire et font eux aussi état d’une belle dynamique. On ne sait juste pas pourquoi le chef italien ralentit particulièrement certains ensembles.
La distribution trouve en Michèle Losier une Cenerentola attachante, souple et au timbre particulièrement suave dans le bas-médium. On regrettera seulement d’entendre une technique souvent plus proche de celle d’une Carmen que d’une héroïne rossinienne. Son prince Don Ramiro possède plus d’agilité encore, mais si Cyrille Dubois sait triller et rassure quant à sa technique belcantiste, il chante plus là un Mozart seria. De cette technique, on se délecte alors surtout avec le superbe Don Magnifico de Renato Girolami, et dans une moindre mesure avec le Dandini à la projection de large ampleur de Nikolay Borchev.
Les deux sœurs correspondent parfaitement à la mise en scène en jouant deux belles pestes, la Tisbe de Katherine Aitken trouvant plus d’aigreur dans le haut du spectre que la Clorinda de Clara Meloni. Jalouses et détestables à souhait, elles rendent parfaitement crédibles leurs personnages et participent à faire de cette Cenerentola une jolie représentation, souvent amusante à l’écoute des nombreux rires dans le public. On attend maintenant à Lyon le très prometteur Cercle de craie de Zemlinsky pour la rentrée !
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