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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Concert des Talens lyriques sous la direction de Christophe Rousset Ă la Philharmonie de Paris.
Les goûts réunis
Concert bien terne des Talens Lyriques de Christophe Rousset autour d’un Requiem de Campra sans grand relief. Un Chœur de chambre de Namur sage, une direction dispersée, des solistes disparates rendent bien peu justice à un répertoire imaginatif et flamboyant qui exige autre chose qu’une simple routine, même maîtrisée. Tristounet.
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Jean-Philippe Rameau, le compositeur français le plus inventif de l’époque baroque ; Marc-Antoine Charpentier, avec son mélange unique d’italianisme à la versaillaise ; André Campra, dont les opéras-ballets marquèrent par leur vogue le déclin de la tragédie lyrique ; voilà un programme qui met l’eau à la bouche, quel que soit l’angle selon lequel on l’envisage, notamment la concurrence entre styles français et italien qui déchira le XVIIIe siècle.
Ce qu’il faut reconnaître à l’équipe de ce soir, c’est qu’elle aborde le répertoire dans cet esprit des goûts réunis – d’après le titre de l’œuvre éponyme de Couperin, qui revendiquait une synthèse, un équilibre entre les deux influences. On cherchera en vain ici des couleurs Grand Siècle dans une Simphonie pour un reposoir avec des flûtes allemandes, bien peu dansante, tandis que l’ébouriffant In convertendo de Rameau est l’objet d’une lecture préclassique, équilibrée, ronronnante, dont seules émergent de liquides fusées de flûtes et un continuo lisse mais gorgé de bassons fruités.
Le chœur à cinq parties (dessus, haute-contre, taille, basse-taille, basse) fait pourtant la part belle aux voix féminines, dans des effectifs délibérément déséquilibrés vers l’aigu (7-4-4-4-5), d’autant que le choix de contre-ténors en deuxième voix apporte une couleur de bas-dessus acidulée ; la matière chorale ressemble ainsi souvent à de la mélodie accompagnée, un comble dans de la polyphonie à cinq parties. Peut-être un choix assumé de classicisme à venir ?
Le geste omniprésent de Christophe Rousset dilue ses intentions dans un flux sans grand relief ; qu’on compare avec le dramatisme raide d’un Harnoncourt, le minimum syndical du bout des doigts d’un Christie, la rondeur confuse d’un Herreweghe, le geste en sémaphore d’un Norrington tout à fait dénué de technique, et l’on se demandera s’il n’y avait pas mieux qu’une agitation continue aggravant la tendance au pilotage automatique d’une formation qui joue toute seule levant à peine les yeux des partitions.
Dans ce contexte, le Requiem de Campra fait malgré tout plus d’effet, l’éblouissante variété des atmosphères et les ressources de l’écriture imposant davantage de vie et de partis-pris – telle cette ornementation lors des finales en mineur avec port de voix inférieur sur les tierces, malheureusement à peine intelligible. Peu de travail sur la couleur, sur les doublures, sur l’intonation (les finales toujours, modérément raccordées entre orchestre et chœur) ; reste le théâtre, enfin convié, qui apporte quelque lumière sur Lux æterna.
Gros point noir du concert, la distribution des solistes affiche une hétérogénéité qui laisse pantois. Quel sens, quelle esthétique, quelle patine trouver, entre un Douglas William qui chante au sens propre à gorge déployée (ou à tue-tête, comme on voudra), un Emiliano Gonzalez Toro au timbre latin équilibré et à l’émission soignée presque belcantiste, un Philippe Gagné écharpé, une Éléonore Pancrazi manifestement très éloignée du style, et une Caroline Arnaud frémissante resplendissant au-dessus de la mêlée ? Il y en a vraiment pour tous les goûts réunis.
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Philharmonie, Paris Le 08/02/2018 Thomas COUBRONNE |
| Concert des Talens lyriques sous la direction de Christophe Rousset Ă la Philharmonie de Paris. | Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
In convertendo
Marc-Antoine Charpentier (1643-1704)
Simphonie pour un reposoir H 515
André Campra (1660-1744)
Requiem
Caroline Arnaud, dessus I
Eléonore Pancrazi, dessus II
Philippe Gagné, haute-contre
Emiliano Gonzalez Toro, taille
Douglas Williams, basse taille
Chœur de chambre de Namur
Les Talens lyriques
direction : Christophe Rousset | |
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