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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
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Récital Rossini à l'Opéra du Rhin par Annick Massis et Marco Lazzara.
Une voix et un Pantalon
Annick Massis dans les Indes Galantes
Les amoureux des voix sont particulièrement choyés à l'Opéra du Rhin. Solveig Kringelborn, Alexia Cousin, Juliane Banse et Barbara Bonney sont autant de sirènes qui viendront exercer leurs sortilèges en récital. Annick Massis et le contre-ténor italien Marco Lazzara débutaient le feu d'artifice par un récital
rossinien.
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Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 14/10/2000
Yutha TEP
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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Voici donc que resurgit l'un des fantasmes lyriques de ces dernières années : trouver un homme capable de chanter les rôles travestis que le Cygne de Pesaro a multiplié à loisir. Mais ce n'est par parce que l'on porte le pantalon qu'on peut en remontrer, en terme de virilité, à des "bonshommes" de la trempe de Marilyn Horne ou, plus près de nous, d'Ewa Podles. On attendait avec impatience que Marco Lazzara, à travers des extraits de Tancredi et de Semiramide, restaurât l'honneur viril, dans des rôles aussi "masculins" qu'Arsace ou Tancredi. Paradoxalement, le meilleur atoût de Marco Lazzara réside dans l'androgynie troublante de son haut medium, qu'il projette avec suffisamment d'arrogance pour impressionner la salle. Malheureusement, le chanteur italien s'en est tenu là , peut-être pour raison de santé (il fut annoncé souffrant, mais déterminé à remplir ses obligations contre vents et infections sur les cordes vocales).
On sait que Rossini est impitoyable pour les techniciens modestes, et ses airs, qui promènent les chanteurs sur toute l'étendue de leur tessiture parfois sur une ou deux mesures en un déferlement de doubles croches, semblent destinés à dénoncer les carences en agilité ou en souplesse, et les problèmes de registres des interprètes suffisamment audacieux pour les affronter. Marco Lazzara en fit la douloureuse expérience, exposant des notes de passage étranges dès que Rossini le bouscule, une agilité assez imprécise, et surtout des "tics" vocaux (les portamentos !!!) qu'on attend plus chez Marylin Horne que de la part d'un contre-ténor certainement informé des travaux d'un Zedda. Attendons la reprise de ce récital à l'Opéra Comique le 12 février pour juger des réelles capacités de cet artiste.
Saluons, par contre, dès maintenant la magnifique chanteuse qu'est Annick Massis, dont les qualités ne mirent que plus cruellement en lumière les défauts de son partenaire. Technique parfaite, timbre lumineux, expression toujours juste et probité stylistique admirable, la Française est digne de tous les éloges. Parfois aurait-on aimé plus de densité dans le timbre ou plus de tranchant dans les attaques (surtout pour le fameux Bel raggio lusingher de Semiramide) ; des vétilles. À défaut de la richesse des couleurs qu'on attend d'un orchestre rossinien, l'Orchestre Symphonique Mulhouse et Cyril Diederich ont apporté un soutien solide et attentif aux chanteurs, s'amusant visiblement dans les pages orchestrales de Tancredi ou du Barbiere.
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Opéra du Rhin, Strasbourg Le 14/10/2000 Yutha TEP |
| Récital Rossini à l'Opéra du Rhin par Annick Massis et Marco Lazzara. | Récital Rossini
Airs & duos de Tancredi & Semiramide – Extraits orchestraux de Il Barbiere di Seviglia.
Avec Annick Massis (soprano) & Marco Lazzara (contre-ténor)
Orchestre Symphonique de Mulhouse Cyril Diederich, direction musicale.
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