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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de la série Grand Soir autour de Magnus Lindberg avec l’Ensemble Intercontemporain sous la direction du compositeur et de Matthias Pintscher à la Cité de la Musique, Paris.
Grand soir pour Magnus
Dans la série Grand Soir, le concert de mars consacré à Magnus Lindberg permet de profiter du compositeur au pupitre, qui porte d’abord avec chaleur l’une de ses œuvres avant le sauvage Palimpsest de Xenakis. Pintscher reprend ensuite la main pour une création académique de Rivet, mais aussi pour les superbes Modulations de Grisey.
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Bientôt sexagénaire, Magnus Lindberg entre le pas alerte sur la scène de la Cité de la Musique pour débuter une longue soirée qui lui est dédiée, en même temps qu’elle ajoute quatre pièces d’autres compositeurs, dont une création mondiale. L’éclectisme du programme sert en partie à retracer celui de Lindberg lui-même, inclassable dans une école particulière, mais influencé par de nombreuses personnalités très différentiées.
Arena 2 pour ensemble de chambre offre ce que le compositeur écrivait de mieux dans les années 1990, avec une synthèse de sonorités nordiques associées à une belle énergie et pour finir, une véritable sensation de mystique, pour un résultat faisant presque croire par son volume et sa chaleur que l’ensemble contient plus que la quinzaine de musiciens présents devant le public d’une Salle des concerts silencieuse bien que remplie.
Le compositeur réapparaît ensuite devant onze musiciens pour le court Palimpsest de Xenakis. La nervosité de la pièce ne peut occulter une écriture imparfaite, même si toujours appréciable dans les idées et la dynamique. Le piano prend une place trop importante, tout comme les percussions, qui permettent cependant aux amateurs de peaux de prendre du plaisir avec cette partie, d’autant que l’Ensemble Intercontemporain maîtrise parfaitement cette partition bien exaltée par la direction de Lindberg.
Au retour d’entracte, l’école spectrale apparaît à travers les Modulations de Gérard Grisey, pièce introduite au répertoire de la formation il y a quarante ans avec Michel Tabachnik, avant d’être reprise par Pierre Boulez. Ce chef-d’œuvre met encore plus en valeur l’Intercontemporain que les deux ouvrages précédents ; il présente cette fois de la trentaine d’instrumentistes la qualité des cordes dans leur capacité à moduler le son, autant que la précision et la clarté des bois, comme la flûte alto ou la clarinette basse.
Suit une création, Étoile Double de Christian Rivet, en neuf parties, dont la première Tes pas… sous la neige… (blues) inquiète déjà par sa référence risquée à Debussy. L’œuvre faite de longues notes espacées ou intercalées avec évidence – les interventions du piano deviennent très rapidement prévisibles – montrent en vingt minutes un travail déjà entendu depuis cinquante ans de manière nettement plus inventive et défendable par les compositeurs de la microtonalité.
Ce travail est encore affaibli par la partition suivante, juste après un nouvel entracte, Time and Motion Study I pour clarinette basse seule de Brian Ferneyhough, superbement portée par Alain Billard. La dernière note s’achève alors que sonne déjà vingt-trois heures, mais une vingtaine de musiciens de l’Ensemble Intercontemporain retrouvent une dernière fois la scène, accompagnés par Matthias Pintscher.
Souvenir permet un retour au sujet principal de cette soirée, Magnus Lindberg, avec une composition de 2010 commandée pour le New-York Philharmonic Contemporary Music Ensemble, qui montre malheureusement les travers des compositeurs lorsqu’ils doivent satisfaire un mécénat américain souvent plus riche par l’argent que par la culture. Heureusement, la pièce se conclut efficacement et achève un développement d’une vingtaine de minutes un peu long et trop clinquant, qui aurait sans doute gagné au passage à retrouver la baguette chaleureuse du compositeur lui-même, plutôt que celle trop nette pour ce genre de musique de Matthias Pintscher.
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Cité de la Musique, Paris Le 09/03/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de la série Grand Soir autour de Magnus Lindberg avec l’Ensemble Intercontemporain sous la direction du compositeur et de Matthias Pintscher à la Cité de la Musique, Paris. | Magnus Lindberg (1958*)
Arena 2, pour ensemble de chambre
Souvenir, pour ensemble
Iannis Xenakis (1922-2001)
Palimpsest, pour onze musiciens
GĂ©rard Grisey (1946-1998)
Modulations, pour trente-trois musiciens
Christian Rivet
Étoile Double
Eric-Maria Couturier, violoncelle
Nicolas Crosse, contrebasse
Brian Ferneyhough (1943*)
Time and Motion Study I, pour clarinette basse
Alain Billard, clarinette basse
Ensemble Intercontemporain
direction : Magnus Lindberg & Matthias Pintscher | |
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