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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Andrei Korobeinikov au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
DĂ©senchantement
Avec un programme Schubert-Liszt-Rachmaninov mal équilibré et une inspiration souvent absente, le pianiste russe Andrei Korobeinikov, trente-deux ans, n’a pas renouvelé l’enchantement qu’avait été son récital de 2012 en ce même Théâtre des Champs-Élysées. Beaucoup de virtuosité, peu de poésie et d’imagination. Une vraie déception.
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Entamer un récital romantique par trois impromptus de Schubert est une fausse bonne idée, sauf si l’on a une approche d’emblée personnelle, intéressante et convaincante de cet univers si particulier dans lequel on n’entre pas facilement. Contrairement à ce qui s’était passé lorsqu’il avait joué les Scènes d’enfants de Schumann en 2012 (mais cela fait déjà six ans !), Andrei Korobeinikov est resté en surface des Impromptus op. 142 n° 3 et n° 1 et op. 90 n° 2 de Schubert. L’Op. 142 n° 3 a déployé laborieusement et de manière très monotone ses multiples variations, tandis que l’Op. 90 n° 2 était abordé comme une pièce de grande virtuosité lisztienne, ignorant son charme fluide plus près de Auf dem Wasser zu singen que d’une Étude d’exécution transcendante.
L’Élégie op. 3 n° 1 et les Variations sur un thème de Corelli de Rachmaninov qui suivaient étaient naturellement abordées de manière plus adéquate, la très brillante technique du pianiste s’y trouvant plus à l’aise et mieux en valeur. Mais, après l’entracte, nouveau trou avec trois Lieder de Schubert transcrits par Liszt. Ces transcriptions, très à la mode à l’époque romantique, sont nombreuses dans l’œuvre du compositeur hongrois. On peut les aimer, comme beaucoup de pianistes aujourd’hui, on peut aussi préférer nettement les Lieder originaux. Mais ce n’est pas en les jouant de manière aussi indifférente ou erronée que l’on peut convaincre de leur utilité. Les deux premiers, Sei mir gegrüßt et justement Auf dem Wasser zu singen, n’ont ni couleur ni saveur, tandis que Erlkönig est matraqué avec une frénésie nerveuse bien loin de la chevauchée morbide et fantasmagorique du Lied original.
Reste la Sonate en si de Liszt. Il faut reconnaître qu’Andrei Korobeinikov y déploie une technique impressionnante de force, de précision, de clarté aussi. Mais on n’entend guère aujourd’hui de pianiste qui ne sache se jouer au moins en apparence avec facilité des problèmes posés par une écriture acrobatique mais en fait très pianistique. La plupart des pages même les plus impressionnantes de Liszt ne sont pas écrites contre les mains de l’interprète mais pour elles, comme les ornements du chant baroque et du chant romantique italien sont faits pour la voix et non contre elle. Au-delà de cette démonstration brillante, y avait-il une approche personnelle, ou seulement un peu différente de la partition ? Pas vraiment, tout étant mis sur la virtuosité avec, c’est vrai, l’art de faire sonner le piano comme un orchestre.
Alors, faudra-t-il attendre cinq années pour retrouver le Korobeinikov de 2012 ? Il est permis d’attendre, il est doux d’espérer, comme le chante Carmen.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 17/03/2018 Gérard MANNONI |
| Récital du pianiste Andrei Korobeinikov au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Impromptu op. 142 n° 3
Impromptu op. 142 n° 1
Impromptu op. 90 n° 2
SergeĂŻ Rachmaninov (1873-1943)
Élégie op. 3 n° 1 en mib mineur
Variations sur un thème de Corelli op. 42
Franz Schubert
Sei mir gegrĂĽĂźt
Auf dem Wasser zu singen
Erlkönig
Transcriptions de Liszt
Franz Liszt (1811-1886)
Sonate en si mineur
Andrei Korobeinikov, piano | |
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