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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production d’Un bal masqué de Verdi dans une mise en scène de Waut Koeken et sous la direction de Rani Calderon à l’Opéra national de Lorraine.
Esthétique et intelligent
Superbe production du Ballo à l’Opéra de Lorraine avec une mise en scène esthétique et intelligente de Waut Koeken et une direction ébouriffante de Rani Calderon. Le plateau est dominé par le superbe baryton de Giovanni Meoni et par le gracieux Stefano Secco en Gustave puisque l’action est replacée en Suède, conformément aux vœux de Verdi.
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On connaît les déboires de Verdi avec la censure qui obligea le compositeur à transporter l’action de son Ballo in maschera en Amérique coloniale. Montrer un régicide était en effet alors exclu, même si l’action se passait en Suède puisque Verdi évoque la figure de Gustave III, assassiné durant un bal masqué en 1792. Le programme de l’Opéra de Lorraine annonce une version originale de l’ouvrage, mais il s’est juste agi de replacer l’action en Suède et de transformer le nom des personnages (Gustavo à la place de Riccardo, Comte Anckarström à la place de Renato) et non de recourir à la tentative de reconstitution de la version originelle due à Ilaria Narici et Philip Gossett pour l’édition critique des opéras de Verdi et représentée à Göteborg en 2002.
Pour autant, les choix de Waut Koeken n’en sont pas moins pertinents : c’est donc bien Gustave III que nous voyons, cet esthète et fou de théâtre qui donna tout son lustre à la célèbre salle de Drottningholm, près de Stockholm. La scénographie s’articule ainsi autour d’une petite scène de théâtre que l’on voit sous toutes les coutures, de face, de dos, ou encore déstructurée.
Car Gustave se met en scène, lui et son pouvoir, en faisant part de ses décisions depuis ce petit théâtre, en se déguisant avant d’aller dans l’antre d’Ulrica ou en concevant lui-même le décor du bal masqué : la reproduction d’une salle d’opéra en contre-plongée, un décor superbe et spectaculaire qui suscite des applaudissements au lever du rideau. Si le thème du théâtre dans le théâtre a été cent fois vu, il prend ici une vraie justification dramatique. Si on ajoute une belle gestion de l’espace et une direction d’acteurs simple mais efficace, on aura compris que tout est beau et intelligent dans cette vision.
L’autre point fort de la soirée est la direction de Rani Calderon à la tête d’un Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy toujours en progrès (beau solo de violoncelle dans l’air d’Amelia du III). Si l’élan est irrésistible, notamment dans des finales extraordinaires, le chef israélien prend bien soin d’installer dans le prélude un saisissant climat de mystère grâce à un scrupuleux respect des nuances et des longs silences qui entrecoupent chacune des premières phrases.
À la tête d’une distribution homogène, Stefano Secco campe un gracieux Gustave III. La voix est belle, claire, l’aigu est brillant et le registre grave s’affirme au fur et à mesure de la soirée. Le chanteur sait en outre être touchant et émouvant dans la scène finale. En Comte Ansckaström, Giovanni Meoni, bien connu de la scène lorraine pour y avoir chanté plusieurs rôles verdiens, est à nouveau remarquable par la beauté du timbre, d’une belle homogénéité, et la noblesse du chant avec des aigus faciles s’intégrant parfaitement dans la ligne. La caractérisation, si elle est sobre mais juste, aurait malgré tout nécessité un peu plus de contrastes entre l’ami de Gustavo qu’il est dans les premiers tableaux et l’ennemi qu’il devient ensuite. Cet excellent chanteur n’en demeure pas moins l’un des plus beaux barytons verdiens du circuit actuellement.
L’Amelia de Rachele Stanisci n’affiche pas la même séduction vocale que ses partenaires, avec notamment un aigu métallique, mais cela est compensé par la sincérité et la musicalité de l’artiste. L’Ulrica d’Ewa Wolak affiche une voix étonnamment riche en harmoniques et saisissante, parfaite pour le rôle. Tout au plus devra-t-elle veiller à bien souder les registres. Hila Baggio campe un formidable Oscar, avec une vraie personnalité et voix assez charnue, loin des rossignols inconsistants que l’on rencontre parfois dans ce rôle. Les chœurs sont également parfaits et concourent à la grande réussite de la soirée.
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Opéra de Lorraine, Nancy Le 25/03/2018 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production d’Un bal masqué de Verdi dans une mise en scène de Waut Koeken et sous la direction de Rani Calderon à l’Opéra national de Lorraine. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Un Ballo in maschera, opéra en trois actes (1859)
Livret d’Antonio Somma
Chœurs de l’Opéra national de Lorraine
Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy
direction : Rani Calderon
mise en scène : Waut Koeken
décors et costumes : Luis F. Carvalho
Ă©clairages : Nathalie Perrier
préparation des chœurs : Jacopo Facchini
Avec :
Stefano Secco (Gustave III), Giovanni Meoni (Le Comte Anskaström), Rachel Stanisci (Amelia), Ewa Wolak (Ulrica Arvidson), Oscar (Hila Baggio), Philippe-Niclas Martin (Christian), Fabrizio Beggi (Ribbing), Emanuele Cordaro (Horn), Ill Ju Lee (Le premier juge), Taesung Lee (un serviteur). | |
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