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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production des Lombards de Verdi dans une mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera et sous la direction de Michele Mariotti au Teatro Regio de Turin.
Verdi chez Tolkien
Donné à Turin la même année que la création scaligère, I Lombardi de Verdi revient après soixante-et-un an d’absence dans la ville du Piémont avec une mise en scène d’heroic fantasy et une distribution de luxe portée par Francesco Meli et Angela Meade, tandis que l’orchestre bénéficie de la direction fine et attentive de Michele Mariotti.
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L’ouvrage est créé à Milan en février 1843 pour être repris dès la fin de la même année à Turin, avant d’être traduit et retravaillé pour Paris sous le nom de Jérusalem. Cette dernière mouture en français était donnée encore en 1995 au Teatro Regio de Turin, mais I Lombardi alla prima crociata n’avait plus été joué in loco dans sa version initiale depuis 1957, et plus au Teatro Regio en version scénique depuis 1926.
Pour l’occasion, l’ouvrage est servi par ce qui se fait de mieux en termes de distribution sur la scène internationale, à commencer par le ténor Francesco Meli. Après une légère fatigue l’été dernier, le Génois retrouve à Turin pour le court rôle d’Oronte son plus beau niveau, avec un timbre solaire et une voix idéalement placée dès La mia letizia infondere, pour une prestation de plus en plus dynamique, jusqu’à son second cantabile, dans le superbe In cielo benedetto du IVe acte.
L’autre ténor, Giuseppe Gipali, montre moins d’éclat pour Arvino, mais possède la langue comme la souplesse de l’écriture verdienne. Il s’accorde en cela avec le baryton Alex Esposito, Pagano d’abord peu sonore, plus affirmé ensuite lorsqu’il devient ermite. Dans les seconds rôles, le Prêtre milanais de Joshua Sanders paraît pâlot après l’Acciano de Giuseppe Capoferri, et si le Pirro d’Antonio Di Matteo possède de superbes graves, ils sont souvent trop peu projetés pour inquiéter.
Chez les dames, Alexandra Zabala présente une Sofia de belle fraîcheur tandis que Lavinia Bini est une Viclinda agile dans les ensembles, même s’il en faudrait davantage pour nous transporter. Ce plus, on le trouve chez l’Américaine Angela Meade, encore trop peu connue en Europe. Dès son Salve Maria, la soprano assemble légèreté, fluidité et un contrôle du souffle apte à gérer facilement n’importe quel passage de tessiture autant qu’à exposer de très beaux aigus. Encore réservée dans la Stretta du Finale du I, elle explose après sa cabalette du II, où l’on n’entend plus qu’elle monter jusqu’à la stratosphère.
Le Coro del Teatro Regio débute faible en volume mais gagne rapidement en confiance et en ferveur sous la direction exemplaire de Michele Mariotti, toujours aussi attentif au plateau qu’à la fosse. Parmi les grands moments, le chœur de la scène VI du II, et surtout celui de la scène III du dernier acte, sont impeccables de puissance, en plus d’être parfaits dans la mise en place. L’orchestre bénéficie de la même baguette et montre une fois de plus sa progression des dernières années grâce à la direction de Gianandrea Noseda, dont on vient malheureusement d’apprendre la démission.
Mais il ne faudrait pas occulter le point faible de cette représentation, à savoir la mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera, qui ajoute à un décor laid des plus conventionnels une absence totale de dramaturgie, qui trouve son comble dans un chœur entouré de soldats moins à l’aise avec leurs lances à la main qu’un groupe de manchots au lancer de javelots, tandis que les costumes, classico-modernes, croient trouver une bonne idée en lorgnant du côté du Seigneur des anneaux, quitte à transformer sans la moindre utilité l’ermite Pagano en Gandalf.
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Teatro Regio, Torino Le 28/04/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production des Lombards de Verdi dans une mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera et sous la direction de Michele Mariotti au Teatro Regio de Turin. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
I Lombardi alla prima crociata, dramma lirico en quatre actes (1843)
Livret de Temistocle Solera d’après le poème éponyme de Tommaso Grossi
Coro ed Orchestra del Teatro Regio
direction : Michele Mariotti
mise en scène : Stefano Mazzonis di Pralafera
décors : Jean-Guy Lecat
costumes : Fernand Ruiz
Ă©clairages : Franco Marri
preparation des chœurs : Andrea Secchi
Avec :
Giuseppe Gipali (Arvino), Alex Esposito (Pagano), Lavinia Bini (Viclinda), Angela Meade (Giselda), Antonio Di Matteo (Pirro), Joshua Sanders (Un PrĂŞtre milanais), Giuseppe Capoferri (Acciano), Francesco Meli (Oronte), Alexandra Zabala (Sofia). | |
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