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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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l'Enlèvement au sérail de Mozart au Grand Théâtre de Genève
Un sérail qui se laisse
mener en bateau
Après un abordage tumultueux en 1996, où l'Enlèvement au sérail revu par le Zurichois Dieter Kaegi accosta pour la première fois sur les rives genevoises, le spectacle qui vogue actuellement sur la scène suisse ne rencontre pas les mêmes turbulences, malgré le transatlantique qui lui sert de décor et de perspective.
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Depuis la production de 96, l'eau a coulé sous les ponts, et la nouveauté d'un paquebot pour illustrer le sérail dans lequel Konstanze est retenue prisonnière n'émeut plus les foules. Croisière tranquille donc, que cette reprise dans l'unique décor de navire blanc et rouge de William Orlandi, dont il faut bien admettre qu'il demeure aussi esthétique qu'impressionnant, symbole parfait de tous les fantasmes de départ et d'enfermement. L'idée d'un bateau comme prison devait justifier habilement les détournements d'époque (l'entre deux guerres mondiales) et de lieu, malheureux changement de terme mis à part (le mot maison, inutilement troqué contre celui de bateau : " Ist das des Bassas Selim Schiff ? ").
Dans cette nouvelle distribution, où le chef britannique Ivor Bolton déploie des prodiges baroques à la tête d'un Orchestre de Suisse Romande peu habitué à une telle alacrité de ton, les ailes poussent à Mozart. Mais le décalage entre l'image et le son se creuse au fil d'un spectacle qui finit par s'enliser autour d'une seule bonne idée, que les mouvements du décor massif alourdissent. Le metteur en scène a beau faire, ses personnages ont l'air de s'agiter en vain dans cet univers imposant. Et la surprenante disparité vocale qui règne sur scène n'arrange pas l'impression générale de décalage qui sévit à bien des niveaux.
À Natalie Dessay revient la difficile tâche de tirer à elle seule une barque chargée, dont elle assume la navigation de façon impeccable sur le navire qui porte son nom. Encore tendue dans un rôle de Konstanze dont elle manie la fragilité et les ambiguïtés avec prudence, la soprano n'en reste pas moins étourdissante dans les passages de pure vocalité. La Blondchen sans éclat d'Akie Amou, le Belmonte pincé de Roberto Saccà , le Pedrillo banal de Francesco Piccoli et l'Osmin épais de Kurt Rydl ne rendent qu'inégalement hommage au Selim sensible de Christoph Quest et à sa merveilleuse captive. Une traversée sans ouragan mais sans véritable haute pression non plus.
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Grand Théâtre, Genève Le 25/10/2000 Sylvie BONIER |
| l'Enlèvement au sérail de Mozart au Grand Théâtre de Genève | l'Enlèvement au sérail de W.A. Mozart
Direction musicale : Ivor Bolton.
Mise en scène : Dieter Kaegi.
DĂ©cors et costumes : William Orlandi.
Avec Natalie Dessay (Konstanze), Akie Amou (Blondchen). Roberto SaccĂ (Belmonte), Francesco Piccoli (Pedrillo), Kurt Rydl (Osmin), Christoph Quest (Selim), Quatuor : Iana Iliev, Victoria Reljin, Xavier Ribes et Wolfgang Barta. | |
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