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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 janvier 2025 |
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Nouvelle production d'Orfeo ed Euridice de Gluck dans une mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de Diego Fasolis au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Triste Orphée
Le TCE met à l'affiche un Orfeo de Gluck avec un trio de stars qui, à elles seules, justifieraient l'intérêt de cette soirée. Si les attentes du cast sont en partie comblées, ni la mise en scène, ni surtout la direction de Diego Fasolis n'emportent l'enthousiasme. Robert Carsen règle un spectacle convenu dont la portée ne dépasse guère une mise en images sobre et distinguée.
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Dix ans après Armide de Lully, Robert Carsen revient au Théâtre des Champs-Élysées avec un Orfeo ed Euridice marqué du sceau de l'épure et de la sophistication. Le plateau est vidé de tout élément de décor qui permettrait d'identifier un lieu particulier. Nous sommes projetés dès le départ dans un espace aride dont la surface légèrement vallonnée évoque discrètement les tombes avoisinant la fosse où l'on ensevelit le corps d'Eurydice. Un simple linceul fait office de cercueil tandis qu'une torche plantée dans le sol indique le lieu de la sépulture.
Le chœur en costumes et couvre-chefs noirs porte le deuil, animé de déplacements synchrones qui mettent en avant le profil du groupe qui se découpe en ombres chinoises sur un fond discrètement coloré par des éclairages assez doux sur l'immense toile qui entoure les protagonistes. Le regard se pose sans trop de réflexion sur ces scènes historiées que le hiératisme et la simplicité des symboles permet de saisir rapidement. Amour et Eurydice sont vêtues indistinctement de la même robe noire, avec de longs cheveux bruns qui pourraient souligner une forme de sororité. La direction d'acteurs tourne assez vite à des gestes convenus qui ne viennent à aucun moment bouleverser la compréhension générale de l'intrigue.
Succédant à la version de Vienne en italien, c'est ici la version de Naples avec son lieto fine qui est donnée à entendre. On y gagne une instrumentation allégée côté cuivres et surtout des airs nouveaux pour Eurydice. Le diapason trop haut met en difficulté l'ensemble I Barocchisti. La première partie souffre d'approximations malvenues (sacqueboutes et chalumeau…) et d'une justesse relative, exacerbée par la férule intransigeante de Diego Fasolis.
Philippe Jaroussky est présent au rendez-vous, domestiquant une ligne vocale exagérément volatile dans la première partie et beaucoup plus concentrée en seconde partie. La jeune Emőke Baráth interprète l’Amour avec gourmandise et véhémence, ce qui n'est pas pour nous déplaire. L'Eurydice de Patricia Petibon emporte tout sur son passage, à la manière d'une grande héroïne haendélienne. L'ampleur dramatique de l'émission convient parfaitement au personnage, avec ce surcroît d'âme qui fait entendre toutes les nuances de la joie au désespoir.
Le Chœur de Radio France est un peu empoté aux entournures sur le plan scénique mais admirable vocalement. Les paysages expressifs qu'ils dessinent sont absolument remarquables.
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