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CRITIQUES DE CONCERTS 30 décembre 2024

Neuvième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique d’Helsinki sous la direction de Susanna Mälkki à la Seine Musicale, Boulogne.

Mahler sur bruit de fond
© Tanja Ahola

Troisième Symphonie n° 9 de Mahler cette saison à Paris, la proposition de Susanna Mälkki avec son Philharmonique d’Helsinki est sans doute la plus aboutie, l’intelligence du discours et le poids des phrases des deux mouvements lents se trouvant seulement réduits par un incessant bruit de fond parasite à la Seine Musicale.
 

La Seine Musicale, Boulogne
Le 27/05/2018
Vincent GUILLEMIN
 



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    Afin de ne plus revenir sur le sujet, au rayon des aberrations totales, un agent de sécurité entré avec bruit de porte détruit l’émotion de la coda de l’Andante comodo en oubliant d’éteindre son talkie-walkie, qui se met à parler juste après le solo de flûte. Une partie des retardataires est installée derrière l’orchestre, donc face à la cheffe, jusqu’au milieu du Ländler, soit plus de quarante-cinq minutes après le début de la symphonie, et un son de tuyauterie ou de climatisation se fait entendre tout au long de la soirée, forçant à une longue pause entre les deux derniers mouvements pour que le premier violon et la cheffe se retournent et cherchent ensemble d’où vient le problème, qui réduira finalement la puissance de tous les silences de la coda de l’Adagio.

    Une fois ces sujets très perturbants évacués, nous pouvons nous plonger dans une interprétation de grande qualité, moins intellectuelle que l’on n’aurait pu s’y attendre de la part de l’ancienne directrice musicale de l’Ensemble Intercontemporain. L’introduction aux cordes établit la chaleur toute nordique de la formation finlandaise, en plus de présenter la densité du discours de Susanna Mälkki, libérée d’une rythmique trop rigoureuse ou d’un trop fort attachement à décomposer les cellules thématiques, à l’instar des lectures connues de Maderna ou Boulez.

    La battue précise ne se veut ni nette ni encore moins tranchante et cherche avant tout un développement horizontal, profondément concerné par les affres mahlériens contenus dans la partition. Si elle n’avait été perturbée, la coda aurait trouvé déjà avant le dernier mouvement l’élévation vers un horizon pur et lointain, celui dans lequel le compositeur imaginait alors sa fille récemment disparue.

    Le Ländler se veut joueur et trouve véritablement son équilibre en deuxième partie dans la nostalgie de la valse, Le Rondo-Burleske est le point le plus discutable de l’exécution à cause du manque de mordant et d’un discours ni cataclysmique – évidemment défendable – ni non plus déraisonnable ou cynique. Il semble que le caractère typiquement grinçant du mouvement soit souvent difficilement retranscrit par les ensembles dont la masse de cordes n’est pas celle des formations germaniques historiques, en premier lieu bien sûr celle des Wiener Philharmoniker, dont Mälkki est par ailleurs l’invitée régulière.

    Annoncé à l’interlude du Rondo par une trompette relativement nette mais trop peu assurée, loin de l’ampleur des prestations de la flûte, du violoncelle et de l’excellent violon solo, le thème de l’Adagio est développé avec une superbe maîtrise pendant les vingt-cinq dernière minutes. Dès l’intervention des bassons, la gravité du discours se ressent et sera maintenu jusqu’aux derniers instants sur un long filin, malheureusement perturbé dans tous les silences par le bruit déjà évoqué plus haut. Cette prestation confirme la qualité de l’acoustique de la scène de Boulogne, elle aurait mérité de meilleures conditions pour bouleverser l’auditeur concerné.




    La Seine Musicale, Boulogne
    Le 27/05/2018
    Vincent GUILLEMIN

    Neuvième Symphonie de Mahler par l’Orchestre philharmonique d’Helsinki sous la direction de Susanna Mälkki à la Seine Musicale, Boulogne.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 9 en ré majeur
    Orchestre philharmonique d’Helsinki
    direction : Susanna Mälkki

     


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