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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de la Nonne sanglante de Gounod dans une mise en scène de David Bobée et sous la direction de Laurence Equilbey à l’Opéra Comique, Paris.

L’amour de Rodolphe
© Pierre Grosboi

Créé trois années après Sapho, la Nonne sanglante revit à Favart pour les deux cents ans de Gounod grâce à une nouvelle production de David Bobée avec une partition agencée par Laurence Equilbey, présente dans la fosse aux côtés de son Insula Orchestra. La distribution de qualité trouve son aura dans la prestation exceptionnelle de Michael Spyres.
 

Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 04/06/2018
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Pour les des deux cents ans de la naissance de Gounod, l’OpĂ©ra Comique dĂ©montre une fois encore cette saison l’excellent travail rĂ©alisĂ© autour du rĂ©pertoire français. Avec le bĂ©nĂ©fice du Palazzetto Bru Zane, la Nonne sanglante reprend vie Ă  la Salle Favart dans une version intelligemment remaniĂ©e par Laurence Equilbey. Le ballet Ă  moitiĂ© maintenu retrouve une vĂ©ritable dynamique dramatique, habilement suivi de la valse dansĂ©e et chantĂ©e par le chĹ“ur. Une autre partie, alternative Ă  l’ouverture, permet une introduction bienvenue avant le Finale.

    L’interprétation de l’Insula Orchestra présente des timbres plus gracieux que ne l’étaient ceux de la formation de François-Xavier Roth dans Saint-Saëns la saison dernière. Pour autant, la direction relativement froide d’Equilbey manque cruellement de contrastes. Certaines parties symphoniques, qui annoncent déjà Tannhaüser quand d’autres transpirent déjà Bizet, ne profitent pas à leur juste valeur de ce rendu monochrome, aggravé par un son trop fort et dur et des timbales beaucoup trop présentes, qui mettent souvent le plateau en difficulté.

    La Nonne sanglante proposée à la jeune Marion Lebègue ne bénéficie même pas d’une scène de folie à la façon de Lucia et reste finalement un rôle secondaire, souvent accompagné d’accords fantomatiques aux bois. Le long voile blanc sur le corps et le visage de la mezzo s’accorde à celui plus léger et plus sombre sur la voix, intéressant pour développer le caractère mortifère du personnage.

    Le premier emploi féminin revient donc à l’amour de Rodolphe, Agnès, ici très joliment campée par Vannina Santoni, superbe de couleur dans le haut du spectre et particulièrement émouvante dès le premier duo, face à un ténor de rêve. Michael Spyres a déjà pris des risques dernièrement avec les rôles très lourds de Raoul et Vasco chez Meyerbeer, mais s’il trouve ici un emploi plus complexe encore par son omniprésence en scène, la tessiture lui convient parfaitement et il allie grâce et souplesse à une superbe diction et une magnifique tenue dans le troisième registre.

    Jean Teitgen en Ermite emplit la scène de ses graves puissants dès son arrivée, plus noirs et plus posés que ceux de son père, normalement prévu pour André Heyboer, remplacé au pied levé avec brio par Jérôme Boutillier, Comte de Luddorf de bonne tenue. L’Arthur de Jodie Devos offre à la soprano au joli brin de voix deux airs d’importance et un court duo, à la façon de l’Oscar du Ballo de Verdi. Elle parvient à s’imposer malgré son petit gabarit pour porter ce personnage travesti à force de vocalises d’un beau coloris dans l’extrême aigu, tandis qu’Enguerrand de Hys réussit également à faire vivre ses deux courts rôles du Veilleur de nuit et de Fritz.

    Malgré des explications intellectuelles dans le programme de salle, le travail scénique de David Bobée peine à passionner après une première bataille parfaitement chorégraphiée dans sa lenteur et une ouverture se voulant didactique en représentant le meurtre de la Nonne par Luddorf, qui retrouve un écho relativement faible dans le traitement de la scène finale. Le décor plonge le plateau dans un noir de carrelages à l’avant-scène, tout juste soutenu par des néons blafards intégrés à des colonnes de même couleur et pareillement carrelées. Les vidéos, tout juste ajustées en fond de scène pour assister l’action, décrivent selon les besoins un intérieur d’église ou des images moins figuratives et plus fugitives.

    On resterait sur notre faim s’il on n’avait eu sur scène un tel ténor, qui à lui seul vaut le déplacement.




    Opéra Comique - Salle Favart, Paris
    Le 04/06/2018
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production de la Nonne sanglante de Gounod dans une mise en scène de David Bobée et sous la direction de Laurence Equilbey à l’Opéra Comique, Paris.
    Charles Gounod (1818-1893)
    La Nonne Sanglante, opéra en cinq actes
    Livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne

    Choeur accentus
    Insula orchestra
    direction : Laurence Equilbey
    mise en scène : David Bobée
    décors : David Bobée & Aurélie Lemaignen
    costumes : Alain Blanchot
    éclairages : Stéphane Babi Aubert
    vidéos : José Gherrak
    préparation des choeurs : Christophe Grapperon

    Avec :
    Michael Spyres (Rodolphe), Vannina Santoni (Agnès), Marion Lebègue (La Nonne), Jérôme Boutillier (Comte de Luddorf), Jodie Devos (Arthur), Jean Teitgen (Pierre l’Ermite), Luc Bertin-Hugault (Le Baron de Moldaw), Enguerrand de Hys (Fritz / Veilleur de nuit), Olivia Doray (Anna), Pierre-Antoine Chaumien (Arnold), Julien Neyer (Norberg), Vincent Eveno (Théobald).

     


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