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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Cantates de Bach par l’English Baroque Soloists et le Monteverdi Choir sous la direction de Sir John Eliot Gardiner au festival de Saint-Denis 2018.
Bach Tour
Dans la continuité de l’année 2000 où il avait interprété l’intégralité des cantates sacrées de Bach avec le Monteverdi Choir et les English Baroque Soloists, Sir John Eliot Gardiner reprend une tournée avec les mêmes formations dans plusieurs églises d’Europe, dont la Basilique-Cathédrale de Saint-Denis dans le cadre du 50e Festival.
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Gardiner reprend une tournée autour des cantates de Bach et s’arrête deux soirs en France, pour deux concerts successifs au programme intégralement différencié. Nous aurions pu d’ailleurs ajouter à notre calendrier de l’avant-été l’étape versaillaise du lendemain, pendant laquelle seraient interprétées les Cantates BWV 12, 20, 103 & 34, mais nous avions choisi d’illustrer d’abord le concert du mardi 19 juin au festival de Saint-Denis, avec les numéros du Bach-Werke-Verzeichnis 19, 101, 78 & 140 – agencés dans cet ordre.
La première cantate du soir, Es erhub sich ein Streit BWV 19, est écrite en 1726 pour célébrer la victoire de l’archange Saint-Michel sur le dragon. Elle débute par un chœur radieux, bien tenu par la vingtaine de choristes accoutumés du Monteverdi Choir. Les trois récitatifs et deux airs utilisent les chanteurs du chœur, dont certains se démarquent, comme une mezzo-soprano et un ténor plus tard lors de la cantate Jesu, der du meine Seele BWV 78, quand d’autres trouvent clairement leurs limites par rapport aux attentes actuelles en termes de justesse et de puissance. La cantate Nimm von uns, Herr, du treuer Gott BWV 101, placée en deuxième position, se montre plus intérieure, sans jamais véritablement viser l’émotion dans la forme ni dans le fond.
Le chef anglais tient sous la main les English Baroque Soloists sur instruments anciens, dont se démarquent hautbois et flûte, sans pourtant qu’aucun solo ne ressorte singulier, qu’ils proviennent d’un premier violon au vibrato trop prononcé pour Bach, d’un cornet à la justesse délicate, ou d’un violoncelle tout juste grave dans quelques parties. Gardiner maintient évidemment des équilibres bien ajustés à l’acoustique difficile de Saint-Denis, au regret de ne pas avoir osé utiliser l’orgue de la Basilique plutôt que celui trop peu audible apporté avec la formation.
Difficile d’évoquer la rigueur ni encore moins la froideur dans cette direction, mais de la part d’un chef aussi libre aujourd’hui dans le répertoire romantique, on entrevoit dans son approche de Bach une forme d’abstinence, en même temps que son jeu ne s’adapte ni ne profite jamais vraiment de l’acoustique d’église, au risque même de s’en écarter, comme s’il recherchait une dureté plus ajustée à une salle comme le Théâtre des Champs-Élysées, dans laquelle ce type d’interprétation aurait sans doute semblé plus appropriée.
La cantate Wachet auf, ruft uns die Stimme BWV 140 parvient tout de même à réchauffer l’atmosphère et le dernier choral, bissé à la demande du chef, sera chanté en même temps par le chœur et par le public, tous debout réunis pour communier grâce au génie de Bach.
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Basilique, Saint-Denis Le 19/06/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Cantates de Bach par l’English Baroque Soloists et le Monteverdi Choir sous la direction de Sir John Eliot Gardiner au festival de Saint-Denis 2018. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Es erhub sic hein Streit, BWV 19
Nimm von uns, Herr, du treuer Gott, BWV 101
Jesu, der du meine Seele, BWV 78
Wachet auf, ruft uns die Stimme, BWV 140
Monteverdi Choir
English Baroque Soloists
direction : Sir John Eliot Gardiner | |
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