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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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L’Apocalypse de Jean de Pierre Henry au Théâtre de l’Athénée, Paris.
Tressage d’Apocalypse
Il a exploré sans relâche un univers musical sans précédent, adaptant des technologies en constante évolution avec la maîtrise d’une pratique musicale classique. Pierre Henry créa le premier studio privé consacré aux musiques expérimentales et électroacoustiques. À l’Athénée, de son Apocalypse de Jean, le souffle a rayonné, magique et indéfinissable.
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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris
Le 15/10/2018
Claude HELLEU
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Éternité du texte biblique et musique électro-acoustique : le tressage que réalise Pierre Henry du texte bimillénaire de l’Apocalypse de Jean et de ses innovations sonores contemporaines emmène l’auditeur dans un monde visionnaire unique en son genre. Et de la scène où brûlent des chandeliers sur les haut-parleurs de Pierre Henry, huit alignés tel un autel, quatre autres en arrière et en hauteur telles des statues bibliques, deux énormes à l’avant à cour et à jardin, tous précédés d’un immense chandelier à sept branches, de cette scène où rien ne bouge, naît un spectacle admirablement dirigé par Nicolas Vérin à la console.
La voix enregistrée de Jean Negroni, dirigé par le compositeur, ouvre Le Livre aux sept sceaux, Premier des Cinq Temps qui structurent l’œuvre fétiche du compositeur, créée sur une période de plus de dix ans. Voix sobre, naturellement chaude, articulation claire et sans emphase, parfois démultipliée, jamais déformée, Jean Negroni est le soliste d’une symphonie de timbres recréés, stylisés, épurés. Très rares y sont les sons réalistes bruts.
Révélation à Jean, ré-vélation signifiant retirer le voile. Prédication prophétique, proclamation, Le Trône, les 24 Vieillards, les 4 Animaux, le Livre, qui est digne de l’ouvrir et d’en rompre les sceaux ? L’alchimie des sons réalisée par Pierre Henry emmène les mots clairs et sobres vers un infini dont on ne sait plus ce qui les/le compose. Richesse et diversité sonores prennent un pouvoir métaphysique, suscitent les mystères d’une succession d’enluminures où se télescopent le spectaculaire et l’austérité.
Déchirures, terreur, souffrance, ivresse, délire, cataclysmes, colère, orages de fin du monde, gémissements, hurlements, stridences, martèlements, silences, grondements, hachures, crépitements, dernières trompettes, tremblement de terre, gongs, fureur, évanouissements… Chevauchée des quatre cavaliers, Les Ames crient, Les Astres tombèrent…, Soleil noir, Lune de sang… Il y eut dans le ciel un silence… Mer de sang, Fleuve de sang, Feu, Chute de Babylone...
La succession de tableaux suit son cours imprévisible, d’une poésie à la hauteur de son symbolisme et d’une rutilance provocatrice. Le pittoresque, l’humour, le grotesque aussi humanisent les allégories. Comme les images, les sonorités incernables fascinent. Au-delà du langage, l’oratorio électronique donne son incandescence aux proclamations énigmatiques qui nous mènent à ce Viens. Proche est le temps, ultime prémonition.
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Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris Le 15/10/2018 Claude HELLEU |
| L’Apocalypse de Jean de Pierre Henry au Théâtre de l’Athénée, Paris. | Pierre Henry (1927-2017)
L’Apocalypse de Jean, oratorio électronique en cinq temps
Texte traduction et adaptation
Nicolas Vérin, sur l’orchestre de haut-parleurs de Pierre Henry
Avec la voix de Jean NĂ©groni
ingénieur du son : Aline Guillard
régisseur : Son/Ré, Pïerre Lefevre
assistante musicale : Bernadette Mangin | |
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