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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Sir Roger Norrington, avec la participation du pianiste Lucas Debargue à l’Auditorium de Radio France, Paris.
Limites du mélange
Lors d’un concert à rallonge dont les pièces pour piano seules pouvaient être occultées, Sir Roger Norrington livre sans jamais permettre aux instruments de vibrer un intéressant Concerto pour double orchestre à cordes de Tippett, puis d’intrigantes Variations Enigma, tandis que Chopin peine à s’exalter sous les doigts de Lucas Debargue.
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Le chef anglais a maintenant 84 ans bien avancés, et c’est doucement qu’il avance vers la chaise de bureau placée sur son pupitre à l’Auditorium de Radio France, pour un long concert duquel Chopin aurait pu être ôté, au profit d’un compositeur mieux assorti aux Britanniques Tippett et Elgar, surtout sous cette direction déromantisée.
Le Concerto pour double orchestre à cordes du jeune Sir Michael Tippett procure une belle dynamique dès l’Allegro con brio, puis un véritable souffle anglo-saxon à l’Adagio cantabile sur les cordes jamais vibrantes, mais pourtant sensibles, d’un Philharmonique de Radio France dont la chaleur établit maintenant totalement la pâte sonore constituée par le directeur musical Mikko Franck. L’Allegro molto clôt l’ouvrage subtilement, avec des groupes de cordes toujours aérés et parfaitement agencés par Norrington.
Un long changement de plateau permet d’installer un Bösendorfer pour Lucas Debargue dans un Concerto n° 1 de Chopin où peine à s’installer une complicité, même si le soliste comme le chef semblent tout deux chercher à emmener l’ouvrage vers les vieilles terres classiques de l’Angleterre du Second Concerto de Mendelssohn, plutôt que vers le romantisme exacerbé du Polonais. Le jeune pianiste ne démérite nullement, mais manque encore de maturité pour réussir à apporter un éclairage à l’ouvrage, autant qu’une sentimentalité ici trop noyée dans la clarté d’un doigté très facilement identifié comme français.
Les pièces jouées après l’entracte trouvent encore moins leur place lors de cette soirée, et l’on commence à douter de l’intérêt de mélanger systématiquement œuvres chambristes et symphoniques dans les programme du Philharmonique, surtout lorsque l’on n’y joint aucun musicien de l’orchestre pour accompagner le soliste de la soirée. Ici parfaitement adapté à un bis après le concerto plutôt qu’à un retour d’entracte, le Nocturne en ut# mineur manque d’intériorité, en plus d’être hors-sujet placé juste avant la Berceuse op. 57 et la Barcarolle op. 60.
Un dernier retour de l’orchestre à 22h passées montre que le public commence lui aussi à s’impatienter ; déjà la force des applaudissements après les pièces pour pianos prouvait qu’aucun bis n’était attendu, et maintenant l’auditeur ne peut plus profiter totalement concentré de l’intégralité des Variations Enigma de Sir Edward Elgar.
Comme pour l’œuvre de Tippett, les cordes ne présentent aucun vibrato, mais bien un poids de la mesure et une belle intensité dès la présentation du thème. L’alto solo marque Ysobel et relève l’attention de la sixième variation, avant que n’arrive dans la même coulée la célèbre Nimrod, aussi finement traitée que les autres et jamais appuyée par l’effet. Puis vient la pétillante et toujours fine Dorabella, elle aussi joliment traitée par les cordes mais aussi par les bois. Peut-être manque-t-il un peu d’aspérité à G.R.S. et de lyrisme à B.G.N. pour ne pas faire penser que la fin de l’énigme approche, et libère enfin un Norrington essoufflé mais affable, dont on espère encore profiter quelques belles années !
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 19/10/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Sir Roger Norrington, avec la participation du pianiste Lucas Debargue à l’Auditorium de Radio France, Paris. | Michael Tippett (1905-1998)
Concerto pour double orchestre Ă cordes
Frédéric Chopin (1810-1849)
Concerto pour piano et orchestre n° 1 en mi mineur op. 11
Berceuse en réb majeur, op. 57
Barcarolle en fa# majeur, op. 60
Nocturne en ut# mineur op. posthume
Lucas Debargue piano
Edward Elgar (1857-1934)
Variations Enigma
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Sir Roger Norrington | |
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