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CRITIQUES DE CONCERTS 22 novembre 2024

Concert de l’Orchestre national symphonique de Lettonie sous la direction d’Andris Poga, avec la participation du pianiste Nicholas Angelich à la Philharmonie de Paris.

Mélancolie du Grand Nord

Dans le cadre du centenaire de la Lettonie, Andris Poga et l’Orchestre national présentent en tournée une pièce du Letton Pēteris Vasks, avant le quatrième et dernier concerto pour piano de Rachmaninov porté par la dextérité mélancolique de Nicholas Angelich, puis une Pathétique de Tchaïkovski intense surtout dans les dernières minutes.
 

Philharmonie, Paris
Le 23/10/2018
Vincent GUILLEMIN
 



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  • L’Orchestre national symphonique de Lettonie présente dès la première Å“uvre, Musica appassionata de Pēteris Vasks, de fluides et chaudes sonorités aux cordes pour une partition exclusivement portée sur ce groupe d’instruments. La latence et les couleurs boréales de l’œuvre démontrent une vraie qualité d’écriture, dans le style de certaines grandes pièces du nord de l’Europe ces quatre dernières décennies.

    Pour autant cette musique, notamment par rapport à celle entendue tout le week-end à la Philharmonie de Paris de l’Estonien Arvo Pärt, ne démontre pas une pâte sonore identifiable à un compositeur en particulier. L’ouvrage de plus de vingt minutes monte en intensité aux deux tiers avant un long silence, à la manière de celui du Poème de l’Extase, puis une dernière partie de quelques minutes, toujours dans la même optique contemplative.

    Nicholas Angelich entre ensuite sur scène avec Andris Poga pour le trop rare Concerto n° 4 de Rachmaninov. Loin de rechercher les mêmes élans et la même vivacité que les deux précédents, ce concerto dédié à Medtner et écrit plus de vingt ans après le troisième pour être retouché dans les dernières années de la vie du compositeur, trouve une véritable concentration dans ses phases moroses sous les doigts du pianiste américain. Jamais le geste ne se montre démonstratif, même lorsqu’il expose sans aucun défaut le second thème de l’Allegro vivace, bien accompagné par les cordes suaves et consistantes de l’orchestre letton.

    Après quelques applaudissements, Angelich entame le Largo tout en subtilité, rejoint par les mêmes cordes dans une douce mélancolie, parfaitement relayée par le chef. Il éteint le mouvement tout aussi finement, pour réattaquer le second Allegro vivace avec une dextérité toujours aussi maîtrisée, purement au service du message. Le basson solo ressort ici et laisse déjà promettre de superbes instants pour la Pathétique à venir. Auparavant, Angelich revient sur la scène seul pendant les applaudissements, pour un bis identique à celui de Martha Argerich deux jours plus tôt, Träumerei tiré des Scènes d’enfants de Schumann, joué très différemment par le pianiste, avec un regard en arrière-plan et en même temps plus tendre.

    Au retour d’entracte, Andris Poga reprend sa place au pupitre face à l’ensemble dont il est directeur musical depuis 2013, pour une Sixième Symphonie de Tchaïkovski dont chaque fin de mouvement sera perturbée par les applaudissements d’une partie du public, contrés par les demandes de silence d’une autre partie. Ce manque de concentration perturbe autant l’auditeur que les artistes, d’abord patients après la fin d’un Adagio comme prévu porté par la magnifique sonorité du basson solo. Encore calmes après l’Allegro con grazia, les musiciens s’échauffent à la fin d’un Allegro molto vivace sans cataclysme, qui déclenche malgré tout de larges acclamations, immédiatement étouffées par le chef.

    Andris Poga utilise alors pour ce faire la pire méthode dans cet ouvrage, en enchaînant directement l’Adagio final, au risque de tout à fait perdre la puissance du discours pendant près d’un tiers du mouvement. Il faut attendre un silence volontairement allongé pour reconcentrer tout le monde, avant que cette fois les cordes ne réattaquent avec un poids émotionnel particulièrement puissant, jusqu’à de derniers instants d’une superbe mélancolie.




    Philharmonie, Paris
    Le 23/10/2018
    Vincent GUILLEMIN

    Concert de l’Orchestre national symphonique de Lettonie sous la direction d’Andris Poga, avec la participation du pianiste Nicholas Angelich à la Philharmonie de Paris.
    Pēteris Vasks (*1946)
    Musica appassionata
    Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
    Concerto pour piano n° 4 en sol mineur op. 40
    Nicholas Angelich, piano
    Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
    Symphonie n° 6 en si mineur op. 74, « Pathétique Â»
    Orchestre national symphonique de Lettonie
    direction : Andris Poga

     


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