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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Lohengrin de Wagner dans une mise en scĂšne dâĂrpĂĄd Schilling et sous la direction de Cornelius Meister Ă lâOpĂ©ra de Stuttgart.
Un Lohengrin de promesses
Lohengrin signe la premiĂšre production du nouveau tandem formĂ© par lâintendant Viktor Schoner et le chef dâorchestre Cornelius Meister Ă la Staatsoper Stuttgart et atteste dĂ©jĂ de la dynamique et des orientations extrĂȘmement prometteuses des saisons Ă venir dans la capitale du Bade-Wurtemberg, tant la rĂ©ussite scĂ©nique et musicale est globale.
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Nous avions interviewĂ© Cornelius Meister la saison passĂ©e, aprĂšs avoir suivi ce chef depuis dĂ©jĂ prĂšs dâune dĂ©cennie. Depuis, sa direction du Vaisseau fantĂŽme et Parsifal Ă lâOpĂ©ra des Flandres laissaient imaginer le niveau de sa prestation pour Lohengrin, son premier opĂ©ra en tant que directeur musical Ă Stuttgart.
Loin de dĂ©cevoir nos attentes, le prĂ©lude enchante dĂ©jĂ par la fluiditĂ© de lâensemble et dâabord des cordes du Staatsorchester Stuttgart, tout en distillant un souffle neuf, magnifiquement empreint de tradition. Le jeune Allemand de trente-huit ans dĂ©ploie par la suite une incroyable urgence dans les scĂšnes de combats et de foule, et sait se mettre en retrait par un son toujours subtil lorsquâil sâagit de laisser prioritaire le plateau.
La scĂšne revient Ă ĂrpĂĄd Schilling, qui offre une proposition purement thĂ©Ăątrale, loin des expĂ©rimentations Ă la mode, dans un dĂ©cor Ă lâĂ©pure luthĂ©rienne, simple coffrage noir dans lequel Ă©volue un peuple dâabord gris, puis Ă mesure que lâaction avance, habillĂ© de couleurs claires voire criardes. Rien ici ne cherche Ă provoquer ni Ă rĂ©interprĂ©ter un livret dĂ©jĂ dissĂ©quĂ© depuis des annĂ©es sur les scĂšnes allemandes.
Le Hongrois sâattache simplement Ă dĂ©crire la physionomie du guide, dont il estime que le peuple a forcĂ©ment besoin pour sortir de son assujettissement, idĂ©e dâautant plus forte quâil Ă©tait lâune des figures de proue de lâopposition Ă Viktor Orban dans son pays, et que dans le livret le hĂ©ros wagnĂ©rien doit conduire lâarmĂ©e brabançonne face aux Hongrois dĂšs le lendemain de son mariage.
En plus dâutiliser le chĆur comme un personnage Ă part entiĂšre, il se sert Ă©galement des trompettes souvent directement sur le plateau pour renforcer les scĂšnes de fanfares, quand elles ne sont pas rĂ©parties au premier balcon. Exceptionnel, peut-ĂȘtre supĂ©rieur mĂȘme Ă celui de Bayreuth cet Ă©tĂ©, le chĆur de lâOpĂ©ra de Stuttgart exalte ses parties du I jusquâĂ un final dâune trĂšs grande intensitĂ©.
Assez peu mĂ©diatisĂ©, Michael König fait partie des tĂ©nors allemands les plus importants depuis dix ans, lorsquâil avait abordĂ© le rĂŽle-titre pour la premiĂšre fois Ă Francfort. Il prouve Ă nouveau que notre dĂ©cennie ne connaĂźt guĂšre dâĂ©cueil pour distribuer Lohengrin, tant il sây montre toujours agile et mĂȘme fin jusquâau II (le duo). La voix se durcit au dernier acte, mais si la fragilitĂ© de la ligne inquiĂšte dans In fernem Land, Mein Lieber Schwan offre un magnifique moment dâapesanteur.
Simone Schneider prĂ©sente une Elsa sans difficultĂ©s bien que relativement froide dans son face-Ă -face du III, pour marquer plus dans celui avec Ortrud, lĂ oĂč Martin Gantner offre un Telramund en accord avec la proposition scĂ©nique, jamais portĂ© vers la duretĂ© et la noirceur que lâon peut chercher Ă donner au traĂźtre. Une remarque relativement similaire sâapplique Ă Ortrud, qui pourrait mĂ©riter Ă certains instants un timbre plus sombre que celui dâOkka von der Damerau, campant une femme plus ensorcelante par son intelligence que par lâhystĂ©rie.
Shigeo Ishino complĂšte la distribution en rendant la partie du HĂ©raut bien identifiĂ©e et laisse devant lui le timbre grave bien que jamais royal du jeune roi Heinrich de Goran Jurić. On avait lâhabitude dâentendre Ă Stuttgart des opĂ©ras de Wagner dâune grande qualitĂ©, le niveau risque encore de monter dâun cran avec la nouvelle Ă©quipe en place.
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Opernhaus, Stuttgart Le 27/10/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Lohengrin de Wagner dans une mise en scĂšne dâĂrpĂĄd Schilling et sous la direction de Cornelius Meister Ă lâOpĂ©ra de Stuttgart. | Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, opéra en trois actes (1850)
Livret du compositeur
Staatsopernchor und Staatsorchester Stuttgart
direction : Cornelius Meister
mise en scĂšne : ĂrpĂĄd Schilling
décors : Raimund Orfeo Voigt
costumes : Tina Kloempken
Ă©clairages : TamĂĄs BĂĄnyai
prĂ©paration des chĆurs : Manuel Pujol
Avec :
Goran Jurić (Heinrich der Vogler), Michael König (Lohengrin), Simone Schneider (Elsa von Brabant), Martin Gantner (Friedrich von Telramund), Okka von der Damerau (Ortrud), Shigeo Ishino (Der Heerrufer), Torsten Hofmann, Heinz Göhrig, Andrew Bogard, Michael Nagl (Vier Edler). | |
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