|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
|
Concert de musique de chambre de Salvatore Sciarrino, avec la participation du Quatuor Hagen et Gautier Capuçon à la Fondation Louis Vuitton, Paris.
Sciarrino solo
D’abord prévu dans le cadre d’une carte blanche à Maurizio Pollini, le concert en majeure partie dédié à Salvatore Sciarrino permet d’entendre ses œuvres pour violon et flûte seuls avant une création commandée par la Fondation Louis Vuitton. Le Quintette de Schubert avec le Quatuor Hagen en seconde partie était dispensable.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
[ Tous les concerts ]
|
Dans sa volonté de faire découvrir la musique contemporaine à tous, Maurizio Pollini a toujours utilisé son nom pour programmer en première partie des œuvres de notre temps. L’idée n’est pas mauvaise, mais peu adaptée à un concert dont les pièces modernes durent déjà près d’une heure vingt, alors que le pianiste annoncé souffrant deux semaines plus tôt a malheureusement dû annuler sa participation aux trois soirées prévues à la Fondation Vuitton cette saison.
Le concert du 19 novembre a toutefois été maintenu et le Quatuor Hagen reprogrammé pour un long Quintette à deux violoncelles de Schubert avec l’artiste résident de la fondation, Gautier Capuçon, au risque d’alourdir le programme et d’amoindrir les liens avec la musique de Salvatore Sciarrino. D’abord prévus pour accompagner Pollini dans le quintette La Truite, les Hagen ne peuvent masquer leur âge, et l’on regrette aujourd’hui la fébrilité du violon de Lukas Hagen, quand il ne sonne pas véritablement faux.
L’altiste Veronika Hagen s’en sort mieux et c’est d’ailleurs elle que le groupe suit, à commencer par l’invité impromptu, Gautier Capuçon, au moins jusqu’au Scherzo. Lui n’y peut rien et tente d’alléger le jeu face au second violoncelle, qui le couvre pourtant souvent. Il tente de jolis phrasés français qui trouvent rarement leur place dans le groupe. Tout s’achève après un Allegretto dans lequel la justesse générale se délite, devant un parterre clairsemé depuis l’entracte.
Pourtant, la première partie dédiée aux œuvres de Sciarrino valait le déplacement, tout particulièrement pour la prestation de Carolin Widmann, impressionnante dès la première pièce, 6 Capricci, pour elle seule, dans laquelle elle joue de son imperturbable concentration pour dépasser ces morceaux de bravoure inscrits dans la continuité d’un Paganini qui aurait rencontré Scelsi.
Plus impressionnante encore, la prestation du jeune flûtiste Matteo Cesari dans deux pièces pour flûte seule. La deuxième, Venere che le Grazie la fioriscono, de 1989, passionne moins que la première, Immagine Fenicia, de 2001, où il marque systématiquement le rythme par des coups de langue, et utilise toutes les possibilités de l’instrument pour en sortir des sons divers, souvent juste un souffle sans note à travers l’instrument, quitte à avaler la plaque d’embouchure pour modifier le rendu.
Ces deux artistes se retrouvent ensuite accompagnés du percussionniste Christian Dierstein et du baryton Otto Katzameier pour une création du plus grand compositeur italien vivant, présent dans la salle pour exposer à l’audience en quelques mots cette commande de la Fondation Vuitton. Basée sur six courts textes, Stupori met surtout en valeur la prestation du chanteur, très sollicité et souvent doublé par le violon dans la mélodie. Les percussions diversifiées, jusqu’à la cloche chinoise, se montrent cependant souvent trop maniérées, et après le premier chant, l’ouvrage semble avoir presque tout démontré mais se poursuit pendant vingt-cinq minutes.
Programme intéressant tout de même, dont on aimerait qu’il puisse être présenté aujourd’hui dans de telles conditions de manière autonome, sans l’excuse d’un Schubert ou d’un Pollini, tant Sciarrino marquera lui-même l’histoire de la musique, à l’image de son Lohengrin repris maintenant partout dans le monde.
| | |
|
Fondation Louis Vuitton, Paris Le 19/11/2018 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de musique de chambre de Salvatore Sciarrino, avec la participation du Quatuor Hagen et Gautier Capuçon à la Fondation Louis Vuitton, Paris. | Salvatore Sciarrino (*1947)
6 Capricci, pour violon seul
Immagine Fenicia, pour flûte seule
Venere che le Grazie la fioriscono, pour flûte seule
Stupori, pour baryton, flûte, violon et percussion (Création mondiale)
Carolin Widmann, violon
Otto Katzameier, baryton
Matteo Cesari, flûte
Christian Dierstein, percussions
Franz Schubert (1797-1828)
Quintette Ă deux violoncelles
Gautier Capuçon, violoncelle
Quatuor Hagen | |
| |
| | |
|