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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital Schubert de la pianiste Mitsuko Uchida Ă la Philharmonie de Paris.
Récital inachevé
En récital à la Philharmonie de Paris, Mitsuko Uchida, qui va fêter son soixante-dixième anniversaire, revient à Schubert et couvre avec trois sonates la décennie musicale de tous ses chefs-d’œuvre. Un peu martelée, la D 537 s’efface devant la géniale interprétation de l’inachevée D 840, avant une D 960 éreintée.
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Mitsuko Uchida, sans jamais l’avoir recherché, fait partie de ces pianistes clivantes, rejetée par une part des auditeurs, pour lesquels ses interprétations sont toujours restées distantes, tandis que d’autres l’estiment parmi les plus grands interprètes du demi-siècle passé.
À un jour de fêter ses 70 ans, le doigté de l’artiste pour un soir à la Philharmonie de Paris s’est altéré, sans perturber encore la Sonate en la mineur D 537, la première achevée par un compositeur de vingt ans. Le jeu légèrement trop martelé ne s’intègre pas tout à fait à une œuvre qui se cherche encore, en trois mouvements seulement, avec un Allegro ma non troppo déjà entendu plus joueur, puis un rondo surtout intéressant dans le traitement des parties B et C plutôt que dans l’exposition et les réexpositions de A.
La Sonate en ut majeur D 840 prépare à d’autres sommets. Jouée comme presque toujours aujourd’hui en seulement deux mouvements, dès l’introduction, la subtilité du jeu marque, jusqu’à un second thème d’une rare puissance, porté par une main droite d’une incroyable poésie. L’Andante procure le même impact, là encore magnifié par l’apparition du second thème.
La deuxième partie de soirée entièrement dédiée à la Sonate en sib majeur D 960 n’atteint pas les mêmes sphères. En cause, une artiste laissant à présent clairement apparaître quelques signes de fatigue. La main gauche ne suit plus tout à fait la droite et rapidement, l’esprit semble montrer lui aussi des signes de faiblesse qui force Uchida à créer quelques poses ou ajouter ses propres notes pour retrouver le droit chemin. Le Scherzo souffre de nombreux débords encore aggravés dans l’Allegro ma non troppo, proposé à un rythme adapté, avec une dernière partie Presto encore accélérée, dans laquelle les mains n’arrivent plus véritablement à suivre.
Le bis pourrait être Kurtág, tant ce qui s’avère être en réalité une pièce de l’Opus 19 de Schönberg, un répertoire où l’on attend plus l’artiste que dans celui actuel, est joué lentement et désincarné.
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Philharmonie, Paris Le 19/12/2018 Vincent GUILLEMIN |
| RĂ©cital Schubert de la pianiste Mitsuko Uchida Ă la Philharmonie de Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Sonate pour piano en la mineur D 537
Sonate pour piano en ut majeur D 840, « Reliquie »
Sonate pour piano en sib majeur D 960
Mitsuko Uchida, piano | |
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