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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital Chopin-Debussy du pianiste Maurizio Pollini Ă la Philharmonie de Paris.
Pollini un jour...
Dans un programme Chopin-Debussy typique de ses derniers récitals, le pianiste italien Maurizio Pollini fascine encore à la Philharmonie de Paris essentiellement dans lors des pièces les plus lentes (Livre I des Préludes du compositeur français), plus en difficultés lors des complexes Polonaise et Scherzo du maître franco-polonais.
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L’introduction du premier des Deux Nocturnes op. 62 expose le jeu toujours fascinant du pianiste italien, aujourd’hui âgé de 77 ans. La netteté du toucher, jamais associable à de la froideur, développe les premiers arpèges vers une fuite sur la partie droite du clavier, et rassure sur la santé d’un artiste pour lequel les annulations de début de saison avaient fait peser de gros doutes.
La main droite aérienne sublime la fin du premier nocturne, tandis que le deuxième, marqué de nombreux accrocs, dû notamment à la concentration nécessaire sur la main gauche, ne retrouve pas la même assurance. La Polonaise en fa# mineur op. 44 ensuite ne peut être comparée avec l’enregistrement légendaire de Pollini réalisé il y a maintenant quarante-trois ans. Ici, on sent bien que l’homme encore entré en scène tête baissée avec pour seule cible son Steinway n’est plus trentenaire.
La Mazurka n° 3 op. 59 ajoutée au programme de manière impromptue redonne de la flamme à un doigté d’une charge émotionnelle incroyable, encore plus subtil dans la Berceuse en réb majeur op. 57 juste après. À l’inverse, le Scherzo en ut# mineur op. 39 devrait comme la polonaise précédente quitter les programmes du pianiste, tant l’agilité demandée le met en difficulté, malgré une superbe gestion des contrastes.
Comme en avril 2017, lorsqu’il avait commencé son récital parisien par Chopin pour l’achever par le Livre II des Préludes, Debussy suit à nouveau Chopin, cette fois avec l’intégralité du Livre I. Et comme on pouvait s’y attendre, les parties les plus lentes demeurent les mieux réussies, de Danseuses de Delphes légères et d’une superbe gravité à des Voiles planants, pour un grand moment d’attention dans Des pas sur la neige.
Les couleurs mordorées des Collines d’Anacapri attirent tout autant, avec toujours cette gestion surpuissante de la coda dans le suraigu, la dernière note un long temps maintenue par la pédale. Le Vent dans la plaine est plus compliqué, comme Ce qu’a vu le vent d’ouest ou une Cathédrale au clavier englouti par les arpèges, dont certains ressortent toutefois avec génie. La Danse de Puck et Minstrels achèvent le programme avant deux bis, aussi typiques de Pollini : Feux d’artifice tiré du Livre II, joué avec une fascinante modernité, puis la Ballade n° 1 en sol mineur de Chopin, à même de montrer toute la réserve encore disponible chez un tel artiste après une heure et demie en scène.
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Philharmonie, Paris Le 26/02/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Récital Chopin-Debussy du pianiste Maurizio Pollini à la Philharmonie de Paris. | Frédéric Chopin (1810-1849)
Deux Nocturnes op. 62
Polonaise en fa# mineur op. 44
Mazurka n° 3 op. 59
Berceuse en réb majeur op. 57
Scherzo en ut dièse mineur op. 39
Claude Debussy (1862-1918)
Préludes (Livre I)
Maurizio Pollini, piano | |
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