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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise d’Otello de Verdi dans la mise en scène d’Andreï Serban , sous la direction de Bertrand de Billy à l’Opéra de Paris.
Maure pour elle
Créée en 2004, la mise en scène d’Andrei Serban se dépouille un peu plus à chaque reprise, pour finalement ne plus déranger en rien aujourd’hui, et permettre au superbe duo principal de développer le drame, avec un Roberto Alagna de timbre idéal pour le rôle-titre, et l’excellente Aleksandra Kurzak dans celui de Desdemona.
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Une fois encore, l’équipe Lissner démontre sa capacité à réussir le répertoire, et si nous n’avons jamais véritablement apprécié le travail d’Andrei Serban sur l’avant-dernier opéra de Verdi d’après Shakespeare, l’épure apportée à cette reprise en 2019 laisse finalement ressortir le décor de Peter Pabst, comme tiré d’un tableau de De Chirico, ainsi qu’un jeu d’acteur bien revu et adapté à loisir par Roberto Alagna dans le rôle-titre. Seule la dernière scène avec son Otello en noir corbeau de mort amuse toujours, là où plus de concentration serait nécessaire pour développer l’intensité du meurtre.
Intérêt majeur, le couple mauresque s’avère bien supérieur à ceux des dernières reprises. Tout d’abord grâce à l’Otello d’Alagna, en cette soirée d’avant-dernière particulièrement en forme scéniquement comme vocalement. À la flamme et la beauté du timbre qu’on lui connaît et qui ne vieillit pas, l’un des plus solaires possibles aujourd’hui pour porter ce rôle de ténor si tendu, s’ajoute une vaillance et une tenue de la ligne à toute épreuve. Aleksandra Kurzak s’est entretenue avec nous pour expliquer son développement de carrière vers des rôles moins légers qu’auparavant. Après sa Traviata déjà particulièrement intéressante en début de saison sur cette même scène, cette prise de rôle de Desdemona est une véritable réussite, tant l’éclat du timbre et la technique belcantiste s’adaptent à sa partition, jusqu’à une superbe prière suivie d’une Chanson du saule angélique.
À la création, un jeune ténor du nom de Jonas Kaufmann tenait Cassio. Il chante maintenant Otello, et c’est aujourd’hui Frédéric Antoun qui tient à Paris avec brio le rôle du capitaine vénitien. Sa voix claire s’accorde au reste du plateau, avec un Rodrigo très bien projeté d’Alessandro Liberatore, différent dans la couleur du Montano de Thomas Dear. La seule démarcation dans le grave provient de George Gagnidze, Iago volumineux au timbre jamais assombri, ainsi que du Lodovico à la voix profonde de Paul Gay, qui permet d’asseoir la stature de l’ambassadeur de Venise.
Le Chœur de l’Opéra de Paris préparé par José Luis Basso convainc par le style, mais manque encore de présence et de dynamique à la première scène, pour surtout intéresser au final de l’acte III. En fosse, Bertrand de Billy à peine monté sur le podium lance les forces de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, vives dans les premières minutes avant de laisser percevoir des signes de faiblesse. Sa ferveur à soutenir l’action et le plateau paie cependant dans les instants les plus dynamiques, comme son attention à porter le flux lors des parties plus poétiques, dont les deux airs superbes d’une Kurzak que l’on attend maintenant ici la saison prochaine dans le rôle d’Elisabetta, face à son mari en Don Carlo.
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Opéra Bastille, Paris Le 26/03/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise d’Otello de Verdi dans la mise en scène d’Andreï Serban , sous la direction de Bertrand de Billy à l’Opéra de Paris. | Giuseppe Verdi (1813-1901)
Otello, opéra en quatre actes
Livret de Arrigo Boito d'après Othello ou le Maure de Venise de Shakespeare
MaĂ®trise des Hauts‑de‑Seine / ChĹ“ur d’enfants de l’OpĂ©ra national de Paris
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris
direction : Bertrand de Billy
mise en scène : Andrei Șerban
décors : Peter Pabst
costumes : Graciela Galán
éclairages : Joël Hourbeigt
préparation des chœurs : José Luis Basso
Avec :
Roberto Alagna (Otello), George Gagnidze (Jago), Frédéric Antoun (Cassio), Alessandro Liberatore (Roderigo), Paul Gay (Lodovico), Thomas Dear (Montano), Aleksandra Kurzak (Desdemona), Marie Gautrot (Emilia). | |
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