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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Dalibor de Smetana dans une mise en scène de Florentine Klepper et sous la direction de Stefan Soltesz à l’Opéra de Francfort.

Tchèque ascendant allemand
© Monika Rittershaus

Extrêmement rare hors de sa patrie, Dalibor de Smetana profite d’une nouvelle production à Francfort, en allemand. Le Tchèque Aleš Briscein tient vaillamment le rôle-titre, parmi une distribution dont se démarquent les deux femmes, accompagnées d’un chœur et d’un orchestre abreuvés de couleurs par la direction de Stefan Soltesz.
 

Oper, Frankfurt
Le 24/03/2019
Vincent GUILLEMIN
 



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  • Avant de bĂ©nĂ©ficier d’une nouvelle production attendue fin juin dans la salle rĂ©novĂ©e du Théâtre National de Prague, Dalibor retrouve avec Francfort une scène en dehors de sa patrie tchèque. Le chant en allemand peut perturber dans un premier temps, mais en plus de rappeler que l’opĂ©ra fut d’abord composĂ© dans cet idiome, pour ĂŞtre finalement retraduit et crĂ©Ă© en tchèque, cela permet Ă©galement d’exhiber les influences des compositions lyriques marquantes pour Smetana.

    Ainsi le livret se réfère-t-il au début à un procès, qui ne peut qu’imposer le souvenir de Lohengrin, auquel le rôle principal ressemble régulièrement. D’ailleurs, Aleš Briscein, qui tient Dalibor habituellement en tchèque, est aussi Lohengrin sur les scènes slaves. Il porte dans le land de Hesse son héros avec vaillance, sans cacher une tension parfois dangereuse dans les phrases longues, avec quelques airs à risque pour la justesse dans le haut du spectre.

    Après Wagner, la rĂ©fĂ©rence Ă©vidente est Fidelio, puisque pour sortir Dalibor de sa prison, celle qui l’aime se dĂ©guise en homme. Izabela Matuła, soprano polonaise, tient une Milada puissante autant que lyrique, très prĂ©sente dès son premier air de doute face au peuple, avant d’être enjĂ´leuse face au gardien Beneš pour rejoindre son amant dans un très beau duo d’amour. L’autre grand rĂ´le fĂ©minin, celui de Jitka, trouve avec Angela Vallone une artiste Ă©clatante scĂ©niquement comme vocalement, en possession d’un superbe registre aigu.

    Thomas Faulkner convainc par son style quelque peu balourd pour Beneš, avec une splendide dernière phrase sortie de terre lors de sa mort par étranglement, quand Gordon Bintner campe un Vladislav adapté à la mise en scène, donc sans excès de supériorité, ni une voix trop portée vers le bas-médium. De l’ensemble de Francfort lui aussi, le ténor Theo Lebow développe un Vítek dynamique face à Jitka, tandis que Simon Bailey expose ses graves dans le rôle de Budivoj.

    Le Chœur de l’Opéra de Francfort accroît la dynamique des scènes de populace et trouve pour s’adapter à l’écriture de Smetana une coloration du chant qu’on ne leur connaît pas dans leur répertoire allemand habituel. La même remarque est à porter à l’orchestre, superbe de couleurs lui aussi, autant que de lyrisme et de ferveur sous la direction de Stefan Soltesz, avec un superbe solo de violon et une magnifique harpe dans l’interlude de la prison.

    La production de Florentine Klepper ne peut masquer l’influence de Tcherniakov pour La Fiancée du Tsar de Rimski à la Staatsoper de Berlin. Elle utilise elle aussi un livret retranscrit à travers un jeu télévisé, dans lequel le premier protagoniste doit être jugé, face à des caméras qui renvoient la scène en direct sur des écrans. L’idée trouve cependant rapidement ses limites, car en plus de créer des images relativement laides, la transposition du roi tchèque en présentateur tourne à vide.

    L’idĂ©e du jeu de tĂ©lĂ© rĂ©alitĂ© devant rĂ©ellement conduire Ă  la mort, ainsi que d’une rĂ©volte du peuple face au bunker de la chaĂ®ne affaiblit Ă©galement le texte rĂ©volutionnaire de Wenzig pour l’un des plus importants opĂ©ras nationaux tchèques. La scène de la prison paraĂ®t en regard assez classique, au dĂ©tail près que les camĂ©ras surveillĂ©es par le garde sont celles d’un show, avec pour avantage le dĂ©cor de Boris Kudlička, qui rattrape en partie les costumes trop flashy d’Adriane Westerbarkey, d’un excès de couleurs inutile, quand la partition en dĂ©ploie dĂ©jĂ  autant.




    Oper, Frankfurt
    Le 24/03/2019
    Vincent GUILLEMIN

    Nouvelle production de Dalibor de Smetana dans une mise en scène de Florentine Klepper et sous la direction de Stefan Soltesz à l’Opéra de Francfort.
    Bedřich Smetana (1824-1884)
    Dalibor, opéra en trois actes
    Livret de Josef Wenzig et ErvĂ­n Ĺ pindler
    Version en allemand de Kurt Honolka

    Chor und Statisterie der Oper Frankfurt
    Frankfurter Opern- und Museumsorchester der Oper Frankfurt
    direction : Stefan Soltesz
    mise en scène : Florentine Klepper
    dĂ©cors : Boris Kudlička
    costumes : Adriane Westerbarkey
    vidéos : Anna Henckel-Donnersmarck & Kai Ehlers
    Ă©clairages : Jan Hartmann
    préparation des chœurs : Tilman Michael

    Avec :
    Aleš Briscein (Dalibor), Izabela Matuła (Milada), Gordon Bintner (Vladislav), Simon Bailey (Budivoj), Thomas Faulkner (Beneš), Theo Lebow (VĂ­tek), Angela Vallone (Jitka).

     


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