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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Lady Macbeth du district de Mzensk de Chostakovitch dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski et sous la direction d’Ingo Metzmacher à l’Opéra de Paris.
Lady Macbeth à moitié
Assurément l’un des événements de la saison 2018-2019 de l’Opéra de Paris, la nouvelle production de Lady Macbeth de Chostakovitch doit souffrir, en cette deuxième représentation, de l’annulation du spectacle après l’entracte, suite à une blessure d’Aušrine Stundyte, titulaire du rôle-titre. Un avatar qui repose la question des doublures dans les grandes maisons lyriques.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Il est 21h45 quand, au moment d’éteindre les lumières pour débuter la deuxième partie de Lady Macbeth à l’Opéra Bastille, une annonce est faite, mentionnant qu’Aušrine Stundyte, qui chante le rôle-titre de l’opéra de Chostakovitch, s’est blessée juste avant l’entracte. Une blessure a priori « sans gravité » mais nécessitant hospitalisation. Et alors que l’on s’attend, comme dans n’importe quelle maison de ce rang, à découvrir le nom de la doublure qui assurera la fin de la soirée, l’annulation pure et simple du spectacle est prononcée. Chacun jugera donc du bien-fondé d’un budget doublures pour les rôles principaux dans des salles accueillant 2700 spectateurs.
Dans l’impossibilité d’assister à une autre représentation, nous nous contenterons d’évoquer les seuls deux premiers actes d’une production qui jusque-là ne nous avait pas emballé outre mesure. La faute essentiellement à la direction d’Ingo Metzmacher, jamais éruptive, qui refuse toute âpreté, toute violence à un ouvrage censé mettre l’auditeur sur des charbons ardents tout au long de ses quatre actes, au profit d’un trait large, quasi mahlérien, l’Orchestre de l’Opéra d’une subtilité inouïe dans les nuances lunaires, mais dont les tutti, arrondis et confortables, l’absence de tout aiguillon dans la culture sonore nuisent considérablement à la tension du spectacle.
Une esthétique hédoniste fatale au compositeur soviétique que partage le chef allemand avec son confrère Hartmut Haenchen, au pupitre de la dernière production entendue in loco en 2009 à la fin de l’ère Mortier, dont la mise en scène de Martin Kušej était autrement percutante dans sa noirceur que le travail de Krzysztof Warlikowski présenté ce soir, efficace et glacial – un abattoir carrelé où pendent des carcasses de porcs – mais peu transcendant, notamment dans des vidéos sans nécessité dramaturgique clairement établie.
Si le travail sur les corps, la sexualité torride de la relation Katerina-Sergueï fonctionne à plein, avec des chanteurs payant de leur personne dans des étreintes animales, l’entourage ne décolle guère sinon par la présence d’Aksinia en maîtresse d’un Boris n’arrivant plus à bander, tyran de pacotille dominé par sa belle-fille, une Katia très loin de l’oie blanche sur qui s’abattent toutes les injustices du monde. Mais la scène du viol et le passage à tabac de Sergueï ont déjà été traités avec une acuité bien supérieure, y compris dans ces murs.
Pour conclure sur ce demi-spectacle frustrant par-delĂ son interruption, soulignons la soliditĂ© de la distribution, et au premier rang des hommes, du Boris gĂ©nialement couard et magnifiquement projetĂ© de Dmitry Ulyanov au SergueĂŻ cow-boy, crâneur et en voix très sĂ©duisante de Pavel Černoch, en passant par le Zinoviy en canon Ă aigus de John Daszak et le Pope charbonneux et pantagruĂ©lique d’un bout Ă l’autre de la tessiture de Krzysztof Baczyk.
Quant à Aušrine Stundyte, on répétera presque mot pour mot ce qu’on avait écrit sur sa Lady Macbeth lyonnaise : une présence incandescente, une défonce, un tempérament volcanique qui sont de vraies et rares qualités à la scène, et font partiellement oublier un timbre sans grâce, dur et blanc à la fois, idéal dans la seule vindicte quand l’élégie la trouve en rade de lumière, de douceur et surtout de jeunesse.
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