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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de David Pountney et sous la direction de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala, Milan.
La jeunesse de Manon
Dans la continuitĂ© du projet Puccini initiĂ© dĂšs sa premiĂšre saison avec Turandot, le directeur musical du Teatro alla Scala Riccardo Chailly sâattĂšle maintenant Ă la version initiale de Manon Lescaut. Il retrouve la soprano Maria JosĂ© Siri et en derniĂšre minute, le tĂ©nor Roberto Aronica, pour remplacer Marcelo Alvarez souffrant.
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DĂ©jĂ pour Madama Butterfly, Riccardo Chailly Ă La Scala Ă©tait revenu aux sources avec lâĂ©dition critique de la version primitive. Il fait de mĂȘme cette saison avec Manon Lescaut, moins retravaillĂ©e ensuite par Puccini, bien que nombre de passages ne soient plus tout Ă fait les mĂȘmes.
Ainsi quelques textes sâajoutent, et lâaction, moins concentrĂ©e, sâattarde sur certains dĂ©tails. Cela procure une intĂ©ressante fraĂźcheur Ă lâacte I et notamment Ă son Finale, revu dĂšs 1894 pour La Scala, mais jouĂ© ce soir dans la version turinoise de la crĂ©ation de 1893. Sola perduta abbandonata augmentĂ© lui aussi est ici plus rĂ©citĂ©, donc moins lyrique et plus thĂ©Ăątral.
Le directeur musical des lieux, en grande forme, gĂ©nĂšre bien plus de dynamique quâen ouverture de saison pour Attila. Son attention Ă la scĂšne comme Ă lâorchestre sublime de nombreuses parties et exalte les chĆurs. Lâacte IV nâest pas bouleversant, mais traitĂ© avec flamme grĂące Ă un Orchestra del Teatro alla Scala superbe en groupe comme en solo, Ă lâimage du basson et du hautbois, ou des cordes dans le cĂ©lĂšbre Intermezzo.
La mise en scĂšne de David Pountney bĂ©nĂ©ficie de fastueux dĂ©cors de Leslie Travers, pour une proposition trĂšs classique. Lâarchitecture au I ressemble Ă celle des premiĂšres gares, murs de briques et poutres de fer, surĂ©levĂ©e dâun toit de verre. Manon y dort sur une charrette, avant quâun Ă©norme train ne vienne troubler le massif ensemble. Les wagons reviennent ensuite pour prĂ©senter une coupe intĂ©rieure Ă lâacte parisien, puis un autre plus cloisonnĂ© au Havre pour empĂȘcher les prisonniĂšres dâĂ©chapper Ă leur sort. Le dernier acte prĂ©sente la gare ravagĂ©e par le sable et la sĂ©cheresse, qui finit par tuer Manon, Ă nouveau allongĂ©e sur une charrette.
Les costumes classiques de Marie-Jeanne Lecca sâaccordent Ă la proposition, pour montrer lâidĂ©e de mouvement permanent des acteurs, dans cette histoire partagĂ©e entre quatre villes et deux continents. La notion de temps est renforcĂ©e par une grosse horloge, Ă moitiĂ© ensevelie au dernier acte. Comme pour La BohĂšme scaligĂšre de Zeffirelli, la massivitĂ© de la proposition captive le regard plus que la rĂ©flexion, au risque de limiter les effusions de sentiments.
Marcelo Ălvarez devait chanter, et nous lâentendions se chauffer avec vigueur plus de deux heures avant, alors que nous interviewions Maria JosĂ© Siri. Pourtant le directeur Alexander Pereira apparaĂźt sur scĂšne juste avant le dĂ©but de la reprĂ©sentation et annonce une crise dâasthme, ainsi que son remplacement inopinĂ© par Roberto Aronica. De lâArgentin Ă lâItalien, Des Grieux perd peut-ĂȘtre la beautĂ© du timbre, mais gagne un chant plus souple et mieux dĂ©clamĂ©, bien adaptĂ© Ă cette version de lâopĂ©ra.
Son dernier air et dernier duo Ă©meuvent, quand face Ă lui, Maria JosĂ© Siri expose la projection dâun mĂ©dium plein et la puissance de lâaigu, dans un contrĂŽle de la voix Ă mĂȘme de passer lâorchestre mĂȘme dans les forte. Son dernier air perd en maturitĂ© par le style de lâĂ©criture de Puccini, mais gagne Ă ĂȘtre portĂ© par une soprano qui a encore muri le rĂŽle depuis ses derniĂšres prestations, Ă©videmment dans la version habituelle de lâĆuvre.
Ă leurs cĂŽtĂ©s, Massimo Cavalletti porte toute la gravitĂ© de Lescaut par la profondeur dâun superbe timbre dans le bas du spectre, tandis que Carlo Lepore donne de la perspective Ă GĂ©ronte grĂące Ă la couleur du mĂ©dium. Le Coro del Teatro alla Scala participe lui aussi Ă dynamiser lâensemble par une mise en place impeccable pour toutes ses scĂšnes, mĂȘme lorsquâil doit se partager sur plusieurs hauteurs.
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Teatro alla Scala, Milano Le 06/04/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Manon Lescaut de Puccini dans une mise en scĂšne de David Pountney et sous la direction de Riccardo Chailly au Teatro alla Scala, Milan. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Manon Lescaut, drame lyrique en quatre actes
Livret de Luigi Illica, Giuseppe Giocosa et Marco Praga, dâaprĂšs LâHistoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de lâAbbĂ© PrĂ©vost
Coro ed Orchestra del Teatro alla Scala di Milano
direction : Riccardo Chailly
mise en scĂšne : David Pountney
décors : Leslie Travers
costumes : Marie-Jeanne Lecca
Ă©clairages : Fabrice Kebour
chorégraphie : Denni Sayers
prĂ©paration des chĆurs : Bruno Casoni
Avec :
Maria José Siri (Manon Lescaut), Massimo Cavalletti (Lescaut), Roberto Aronica (Chevalier Des Grieux), Carlo Lepore (Geronte), Marco Ciaponi (Edmondo/Maßtre de Ballet/Lampianaio), Emanuele Cordaro (HÎtelier), Alessandra Visentin (Un musicien), Daniele Antonangeli (Sergent des archets), Gianluca Breda (Un Commandant de marine). | |
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