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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko avec la participation du pianiste Lang Lang au festival de Pâques de Baden-Baden 2019.
Ă€ plein archet
Au festival de Pâques de Baden-Baden, magnifique démonstration de Kirill Petrenko dans une Cinquième Symphonie de Tchaïkovski intense et tragique, au son généreux des cordes des somptueux Berliner. Le Deuxième Concerto de Beethoven est de la même eau, contrastant avec un Lang Lang aérien et à la stupéfiante variété de toucher.
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Le festival de Pâques de Baden-Baden accueille depuis sept années maintenant le Philharmonique de Berlin pour un opéra en version scénique et des concerts. Après les années Rattle, voilà que débute l’ère Petrenko dont le nom, associé à celui de Lang Lang, permet au Festspielhaus de faire salle comble.
Le programme débute par le Concerto n° 2 de Beethoven où le pianiste fait montre d’une finesse et d’une variété de toucher assez stupéfiantes, captant indéniablement l’oreille et magnifiant la variété des climats de cette partition mais où, dans les passages allants, il martèle sa pédale de manière trop audible. Lang Lang s’en donne à cœur joie dans des cadences démonstratives (d’autant que la moindre intention est surlignée par les attitudes corporelles) mais il n’en demeure pas moins une certaine fascination pour la musicalité de cet artiste atypique.
Son allure fantasque contraste avec l’austère Petrenko, du moins à l’œil car la communication est constante entre les deux musiciens. On est revanche surpris par le poids orchestral et la solennité insufflées à cette œuvre encore attachée à la période classique – il s’agit en réalité du premier concerto composé par Beethoven, édité en deuxième. Les Berliner, massifs (pas moins de 5 contrebasses), privilégient le legato, un vibrato constant et beaucoup d’archet (au point de presque saturer le thème du troisième mouvement) et si les contrastes sont exaltés (jusqu’à une cadence du mouvement central exagérément lente), l’ensemble reste un peu collant et très terrien alors que le piano déploie des trésors d’ingéniosité dans un jeu très aérien.
En bis, Lang Lang offre une chichiteuse Fileuse des Romances sans paroles de Mendelssohn où à force de souligner ici la main gauche, là un contrechant, il rend l’ensemble presque confus en heurtant la ligne continue de cette pièce virtuose. Changement d’ambiance avec la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski où l’orchestre se couvre de gloire avec ses cordes très présentes, là encore très généreuses d’archet en écho à l’encouragement constant de la gestique du chef. Le romantisme est patent, sans pathos mais d’une dimension tragique puissante que Petrenko installe dès l’introduction que prolonge dans l’Allegro con anima une urgence dramatique magnifiée par une fin de mouvement suffocante.
Le début de l’Andante cantabile est tout aussi saisissant alors que le cor solo de Stefan Dohr tire les larmes par une expressivité douce (le début du thème est joué dans un ineffable pianissimo) doublée d’une grande intensité. Si l’admirable clarinette d’Andreas Ottensamer vient éclairer le climat par moments, la dimension tragique est là encore puissamment campée par la direction, notamment dans une coda à nouveau très intense.
Ce sont davantage les sonorités et les climats (les cors bouchés, le basson goguenard) que l’aspect dansant qui intéressent Petrenko dans la Valse, ciselée dans d’admirables contrastes. Retour du tragique avec un Finale quasi infernal, emportant tout sur son passage. C’est quasiment à une première Pathétique que l’on a finalement affaire, et l’on aimerait bien d’ailleurs entendre le chef dans la vraie Sixième. À suivre...
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Festpielhaus, Baden-Baden Le 21/04/2019 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Concert des Berliner Philharmoniker sous la direction de Kirill Petrenko avec la participation du pianiste Lang Lang au festival de Pâques de Baden-Baden 2019. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 2 en sib majeur op. 19
Lang Lang, piano
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski (1840-1893)
Symphonie n° 5 en mi mineur op. 64
Berliner Philharmoniker
direction : Kirill Petrenko | |
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