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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert extrait de l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris.
Clair de crépuscule
Débutée en janvier 2019 pour s’achever en janvier 2020, l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Daniel Barenboïm présente l’artiste dans un grand soir pour le troisième des huit concerts du cycle. La Sonate n° 16 ne prend pas en défaut un pianiste concentré pour développer la Clair de lune ensuite, avant une superbe Opus 110 en seconde partie.
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Daniel Barenboïm avait livré en 2015 à la Philharmonie l’intégrale des sonates achevées de Schubert, enregistrées pour la même occasion pour Deutsche Grammophon sur son nouveau piano, une réplique d’un instrument à cordes parallèles vue à Weimar, fabriquée aujourd’hui par Chris Maene. Il revient cette saison et la prochaine pour huit concerts, cette fois pour donner l’intégrale des sonates de Beethoven.
Le piano porte le nom de l’interprète en majuscules au-dessus du clavier, mais s’il est sans doute adapté à l’acoustique de la nouvelle Salle Pierre Boulez de Berlin, construite grâce au pianiste, il trouve ses limites dans celle de Paris, dont la réverbération et l’ampleur conviennent mieux aux grandes formations qu’aux concerts baroques ou chambristes, d’autant que pour éviter les problèmes techniques, les panneaux acoustiques du plafond ne sont plus agencés et abaissés en fonction de l’effectif sur scène.
En résulte donc un rendu quelque peu brouillé, même du parterre, notamment sur la partie aiguë, malgré une sonorité de l’artiste toujours très précise, sans aucune touffeur ni recherche spécifique de beauté, à l’image des deux intégrales des sonates de Beethoven qu’il a enregistrées il y a plus de trente ans.
Il fait le choix de débuter son concert par la Sonate n° 16, la première des trois de l’opus 31, sans présenter ce soir La Tempête ou la n° 18. Le doigté assuré développe les arpèges de l’Allegro vivace sans oublier de marteler plus ceux de la main droite, bien appuyée pour mettre en évidence le léger décalage demandé par Beethoven lui-même par rapport à l’autre main. L’Adagio grazioso ne trouve ensuite ni excès de tendresse ou de romantisme, et ne se dépare jamais du style donné par l’interprète à toutes les sonates du soir. Un Rondo assuré prouve enfin s’il est encore besoin sa dextérité toujours impressionnante, même s’il n’en abuse jamais.
La Mondschein jouée juste après suit cette ligne fluide mais jamais échancrée par trop de pathos, dès le splendide Adagio sostenuto introductif. La pédale revient avec l’Allegretto, pour être particulièrement utilisée lors du Presto agitato. On retrouve ici encore le style intègre de l’enregistrement DG, mais avec un piano plus sobre. Ce son réussit tout particulièrement aussi à la Sonate n° 6 en fa majeur op. 10 n° 2 donnée en début de seconde partie, dont le message est toujours parfaitement maîtrisé, et sans partition.
La Sonate en lab majeur op. 110 conclut avec le même doigté un excellent concert du pianiste, à l’aise dans les arpèges sans jamais se présenter trop démonstratif, puis presque intellectuel, peut-être légèrement trop dans l’Allegro molto, avant un Adagio final là encore toujours subtil dans son caractère, donc jamais trop funèbre, puis une superbe fugue, gérée d’une main gauche de maître, pour un concert très applaudi à l’issue duquel un bis aurait été superflu.
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Philharmonie, Paris Le 29/04/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Concert extrait de l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven par Daniel Barenboïm à la Philharmonie de Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate n° 16 en sol majeur op. 31 n° 1
Sonate n° 14 en ut dièse mineur op. 27 n° 2 « Clair de lune »
Sonate n° 6 en fa majeur op. 10 n° 2
Sonate n° 31 en la bémol majeur op. 110
Daniel BarenboĂŻm, piano | |
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