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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise de La Flûte enchantée de Mozart dans la mise en scène de Robert Carsen sous la direction de Henrik Nánási à l’Opéra de Paris.
Une Flûte française
Reprise à Paris avec une distribution majoritairement francophone, La Flûte enchantée dans la mise en scène de Robert Carsen permet de découvrir le Papageno magique de bouffonnerie de Florian Sempey, face à la belle Pamina de Vannina Santoni. Jodie Devos, Julien Behr ou Clara Skerath sont d’autres éléments forts d’une production trop peu portée par la direction de Henrik Nánási.
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La seconde mise en scène de Robert Carsen pour La Flûte enchantée, créée en 2013 à Baden-Baden avec les Berliner et Rattle et exportée à l'Opéra de Paris l'année suivante, retrouve l’Opéra Bastille avec une distribution presque intégralement francophone. Cette Flûte inoffensive fait désormais son office de répertoire, avec pour axe principale la mort dans la pensée mozartienne.
Tamino se réveille dans une tombe fraîchement creusée, puis les Trois dames jouent avec un faux serpent, sur un décor de Michael Levine dont l’élément principal est le sol au gazon coupé ras, comme dans les cimetières anglo-saxons, mais aussi les stades de football, évoqués par un ballon passé entre les trois Knaben à leur arrivée. Deux tombes de plus apparaissent derrière la première, par un jeu de perspective habituel au metteur en scène, tout comme celui de mise en abyme, le passage vers l’initiation étant créé par la chute dans les fosses, pour se retrouver ensuite sous terre.
Le II retrouve les trois cavités, mais au plafond et atteignables grâce à de longues échelles. Dans cet antre au milieu de stèles sur terre battue erre un squelette à terre, qui inquiète Papageno, pauvre hère face à une Papagena elle aussi faite d’os apparents, dont le masque peine à tenir sur la mâchoire. D’images de forêt à un passage dans les flammes, puis un final de retour sur le vert gazon, la mise en scène ne révèle que la constance de la mort dans l’intellect de Mozart, sans questionner outre mesure ce livret si mystérieux.
Grand creux entouré d’herbe, la fosse d’orchestre exhale elle aussi son parfum mortuaire par un orchestre inanimé, gris et peu dynamisé par la battue sans vie de Henrik Nánási. Peu adapté à un orchestre aux cordes transparentes dont Bruno Walter avouait adorer le rendu dans Mozart, le chef hongrois, cherche un résultat fluide qu’il ne parvient jamais à appuyer, ni à assombrir par les cordes ou par les bois lors des moments noirs de l’ouvrage.
Il reste alors à profiter de la distribution, presque exclusivement française, portée par l’excellent Papageno de Florian Sempey. Truculent, à l’aise avec son texte, tant dans le chant qu’en récitatifs, il accorde parfaitement sa tessiture au rôle, porté avec verve jusqu’à devenir sensible dans les duos. Le court dernier permet d’y entendre la Papagena plaisante de médium de Chloé Briot, et le long duo d’amour, où chacun évoque seul son idéal, révèle la Pamina nuancée et jamais trop allégée de Vannina Santoni, soprano lyrique à l’aigu toujours parfaitement maîtrisé.
Jodie Devos en Reine de la Nuit tient un premier air agile mais encore mesuré dans ses vocalises, jusqu’à un premier contre-fa presque mat par rapport à ceux de Der Hölle Rache. Des Trois dames ressort particulièrement la clarté de la Première de Chiara Skerath, y compris dans les ensembles plus fournis. Côté masculin, les graves du Sarastro non caricaturé de Nicolas Testé se démarquent, là où des ténors on trouve pour la première fois sur cette scène Mathias Vidal en Monostatos, et le Tamino de plus en plus ouvert à mesure que le spectacle avance de Julien Behr.
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Opéra Bastille, Paris Le 03/05/2019 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de La Flûte enchantée de Mozart dans la mise en scène de Robert Carsen sous la direction de Henrik Nánási à l’Opéra de Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Die Zauberflöte, Singspiel en deux actes (1791)
Livret d’Emanuel Schikaneder
Coproduction avec le Festspielhaus de Baden-Baden
Orchestre et Chœurs de l'Opéra national de Paris
direction : Henrik Nánási
mise en scène : Robert Carsen
décors : Michael Levine
costumes : Petra Reinhardt
Ă©clairages : Robert Carsen & Peter Van Praet
vidéo : Martin Eidenberger
dramaturgie : Ian Burton
préparation des chœurs : José Luis Basso
Avec :
Julien Behr (Tamino), Chiara Skerath (Erste Dame), Julie Robard‑Gendre (Zweite Dame), Élodie MĂ©chain (Dritte Dame), Florian Sempey (Papageno), ChloĂ© Briot (Papagena), Nicolas TestĂ© (Sarastro), Mathias Vidal (Monostatos), Vannina Santoni (Pamina), Jodie Devos (Königin der Nacht), Martin Gantner (Der Sprecher), Tomislav Lavoie (Erster Priester), Vincent Delhoume (Zweitter Priester), Martin Homrich (Erster Geharnischter Mann), Luke Stoker (Zweitter Geharnischter Mann), Solistes des Aurelius Sängerknaben Calw (Drei Knaben). | |
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