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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Madama Butterfly de Puccini dans une mise en scène d’Emmanuelle Bastet et sous la direction de Modestas Pitrènas à l’Opéra de Lorraine.
Sobrement intense
Production sobre et sans faute de goût d’Emmanuelle Bastet pour la nouvelle Madame Butterfly à l’Opéra de Lorraine, qui trouve le juste équilibre avec une scénographie superbe à la couleur locale discrète, concentrant toute l’attention sur le drame et l’émotion magnifiquement relayée par l’intense Sunyoug Seo dans le rôle-titre.
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Il est risqué pour un metteur en scène de s’échapper du contexte de Madama Butterfly ou, à l’inverse, de tomber dans des clichés décoratifs qui étoufferaient l’œuvre. Emmanuelle Bastet parvient à un juste équilibre et offre une vision sobre, élégante et symbolique de l’ouvrage, autant d’éléments qui permettent à l’intensité de la musique et à l’émotion de parfaitement s’épanouir.
Le dispositif unique – une immense et très belle vague, partiellement ajourée, en bois – est habilement exploité grâce à de sublimes éclairages (nuit étoilée à la fin du I et effet de lanterne au début du III) tandis que des panneaux coulissants permettent de créer des espaces plus intimes. Les très beaux costumes évitent l’illustratif et le folklorique pour se concentrer joliment sur la teinte bleue.
Si l’ensemble reste malgré tout à un sage premier degré, on n’en demeure pas moins capté grâce à une direction d’acteurs aux belles idées, comme Pinkerton détestable à souhait au I écrasant son mégot ou trempant ses pieds dans le petit jardin japonais, Butterfly emmitouflée au II dans un manteau militaire yankee et cherchant une station américaine sur une radio ou encore la prestance de l’enfant, très présent sur le plateau. Autant dire que l’on est ému d’emblée par cette proposition, et jusqu’à la scène finale.
Cette intensité est tout autant due à l’incarnation de Sunyoung Seo en Cio Cio San. La chanteuse coréenne, qui fait ses débuts dans le rôle, est d’un magnétisme prenant, avec une voix fraîche mais aux aigus puissants, au détriment d’un grave plus confidentiel. Elle a le mérite d’offrir un portrait simple, sans en rajouter dans le pathétisme, se cantonnant à une sobriété de bon ton, tant dans le chant que dans le jeu.
C’est également elle qui domine allègrement la distribution où Edgaras Montvidas peine à convaincre en Pinkerton du fait d’une voix serrée dans la gorge et bougeant beaucoup en début de représentation avec en outre un aigu tiré. Tout sent l’effort et le timbre manque de rayonnement. Reste un acteur extrêmement convaincant.
Cornelia Oncioiu en Suzuki et Dario Solari en Sharpless ne marquent pas outre mesure, tandis qu’il faut distinguer le formidable Goro de Gregory Bonfatti, voix pointue idéale pour le rôle, tout comme le percutant Bonze de Nika Guliashvili ou le suave Yamadori de Philippe-Nicolas Martin.
Le chœur remplit parfaitement sa mission, notamment pour les bouches fermées de la fin du II, très loin dans les coulisses. La direction de Modestas Pitrènas est à l’image de la mise en scène : sobre et de bon goût, à la limite du premier degré. Il y manque ainsi un soupçon d’émotion, de relief, de mise en valeur de l’orchestration si magnifique de Puccini. En cette première, l’Orchestre et lyrique de Nancy présente quelques fragilités dans certains solos et certains départs mais montre un engagement communicatif.
Cette production était la dernière du mandat de Laurent Spielmann qui aura porté bien souvent l’Opéra national de Lorraine à des sommets avec une programmation audacieuse, sans concession et avec des équipes artistiques magnifiques. Il laisse la maison en pleine santé à son successeur, Matthieu Dussouillez, à qui l’on souhaite la même réussite.
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Opéra de Lorraine, Nancy Le 23/06/2019 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de Madama Butterfly de Puccini dans une mise en scène d’Emmanuelle Bastet et sous la direction de Modestas Pitrènas à l’Opéra de Lorraine. | Giacomo Puccini (1858-1924)
Madame Butterfly, opéra en trois actes (1904)
Livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa
Chœur de l’Opéra national de Lorraine
Orchestre symphonique et lyrique de Nancy
direction : Modestas Pitrènas
mise en scène : Emmanuelle Bastet
scénographie : Tim Northam
costumes : VĂ©ronique Seymat
Ă©clairages : Bernd Pekrabeck
préparation des chœurs : Merion Powell
Avec :
Sunyoung Seo (Cio Cio San), Edgaras Montvidas (Pinkerton), Cornelia Oncioiu (Suzuki), Dario Solari (Sharpless), Gregory Bonfatti (Goro), Philippe-Nicolas Martin (Yamadori), Nika Guliashvili (Oncle Bonze), Julie Prola (Kate), Gilen Goicoechea (le commissaire impérial), Benjamin Colin (Yakuside), Olivier Brunel (l’officier). | |
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