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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Nabucco de Verdi dans une mise d’Andreas Homoki et sous la direction de Fabio Luisi à l’Opéra de Zurich.

Nabucco de luxe
© Opernhaus ZĂĽrich

Soirée stimulante pour cette nouvelle production de Nabucco à l’Opéra de Zurich sous la baguette aussi endiablée que subtile de Fabio Luisi, avec une distribution exceptionnelle où brillent une Anna Smirnova et un Georg Zeppenfeld renversants tandis que la mise en scène d’Andreas Homoki donne une vraie profondeur à la dramaturgie du premier Verdi.
 

Opernhaus, ZĂĽrich
Le 30/06/2019
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



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  • C’est une distribution cinq Ă©toiles que propose l’Opernhaus ZĂĽrich pour cette nouvelle production de Nabucco. Catherine Naglestad, initialement prĂ©vue en Abigaille, est remplacĂ©e par rien de moins qu’Anna Smirnova et c’est peu dire que la chanteuse russe impressionne par l’intensitĂ© de son engagement, la puissance de la voix, le souffle, l’endurance et la nettetĂ© dont elle fait preuve dans les vocalises ou dans la reprise ornĂ©e de la cabalette du II. Si certains aigus sont Ă  l’arrachĂ©, on reste galvanisĂ© par une prestation qui rappelle une Ghena Dimitrova, au point d’y retrouver le mĂŞme chant torrentiel ainsi que l’excitation qui se transmet au public en quelques secondes.

    Georg Zeppenfeld est tout aussi renversant dans un Zaccaria au timbre de bronze, aux graves splendides et sonores, aux aigus faciles et donnant à son personnage tantôt un côté effrayant par un fanatisme prononcé, tantôt une splendide noblesse. Admirable de bout en bout. Mêmes qualités chez Benjamin Bernheim qui a acquis avec les années un rayonnement éblouissant, timbre latin, aigus irradiants, donnant une consistance appréciable au rôle d’Ismaele.

    Michael Volle, davantage habitué aux ouvrages en langue allemande, fait ses débuts en Nabucco et se distingue de ses partenaires par un chant plus intellectuel, cherchant moins la séduction que la vérité et la finesse de l’incarnation. Il donne ainsi au personnage une épaisseur psychologique étonnante, en en faisant quasiment un deuxième Macbeth. À défaut d’être tout à fait idiomatique, le résultat est absolument passionnant. Les chœurs sont quant à eux magnifiques d’engagement et de discipline, l’homogénéité et la beauté sonore de la formation n’appellent que des louanges.

    Pour compléter la réussite de la soirée, Fabio Luisi, déchaîné, galvanise ses troupes. Tempi effrénés, énergie, contrastes, la partition du premier Verdi – pas toujours subtile avouons-le – brille de tous ses feux et fait mouche, d’autant que le chef italien se plaît à mettre joliment en valeur les bois. Il sait en outre faire preuve de finesse dans un Va, pensiero galbé dans un immense crescendo, dans le concertato a cappella du dernier tableau ou la mort d’Abigaille.

    La mise en scène est quant à elle typique d’Andreas Homoki : très belle visuellement, elle alimente l’intérêt par le parti pris de superposer deux époques, celle de la création de l’ouvrage (avec une esthétique proche des films de Visconti, notamment Senso ou Le Guépard, avec de magnifiques robes à panier pour les dames) et, plus discrètement, celle de la Shoah avec des mouvements de foule saisissants magnifiés par une immense stèle de marbre vert se déplaçant sans cesse sur le plateau, repoussant la foule, séparant hommes et femmes, servant de mur d’exécution. Certaines images sont ainsi assez glaçantes.

    La mise en scène se concentre par ailleurs beaucoup sur la relation et les conflits de pouvoir entre Nabucco et ses deux filles, Abigaille et Fenena, grâce à une belle direction d’acteurs et des tuilages entre les scènes qui vont habilement à l’encontre du cloisonnement de l’opéra à numéros – certaines actions se terminent sur le prélude ou l’introduction de la scène suivante. Le premier Verdi y acquiert une profondeur théâtrale inédite.




    Opernhaus, ZĂĽrich
    Le 30/06/2019
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production de Nabucco de Verdi dans une mise d’Andreas Homoki et sous la direction de Fabio Luisi à l’Opéra de Zurich.
    Giuseppe Verdi (1813-1901)
    Nabucco, drame lyrique en quatre parties (1841)
    Livret de Temistocle Solera

    Chœur de l’Opéra de Zürich
    Philharmonia ZĂĽrich
    direction : Fabio Luisi
    mise en scène : Andreas Homoki
    décors : Wolfgang Gussmann
    costumes : Wolfgang Gussmann et Susana Mendoza
    Ă©clairages : Franck Evin
    préparation des chœurs : Jank Kastelic

    Avec :
    Michael Volle (Nabucco), Anna Smirnova (Abigaille), Georg Zeppenfeld (Zaccaria), Benjamin Bernheim (Ismaele), Veronica Simeoni (Fenena), Stanislav Vorobyov (Le Grand PrĂŞtre), Omer Kobiljak (Abdallo), Ania Jeruc (Anna).

     


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