altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

La Petite Renarde rusée de Janáček mise en scène par Peter Sellars et sous la direction de Sir Simon Rattle à la Philharmonie de Paris.

La Renarde et la Grenouille
© Monika Rittershaus

Mise en scène à Philharmonie de Paris, La Petite Renarde rusée de Janáček se dévoile à travers la direction très symphonique de Sir Simon Rattle et la matière soyeuse du London Symphony Orchestra, associée à une proposition naturaliste de Peter Sellars autour d’une distribution peu à l’aise avec l’idiome tchèque, de laquelle ressort toutefois Gerald Finley.
 

Philharmonie, Paris
Le 01/07/2019
Vincent GUILLEMIN
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • RĂ©gal ramiste

  • L'Étrange NoĂ«l de Mrs Cendrillon

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Auparavant coproduit entre la Philharmonie de Berlin et le Barbican Center, puisque Simon Rattle y dirigeait les deux orchestres rĂ©sidents, le spectacle saisonnier entre le chef anglais et son compatriote Peter Sellars est maintenant partagĂ© entre la salle londonienne et la Philharmonie de Paris, dont l’acoustique est encensĂ©e par le directeur musical.

    La densité symphonique qu’il insufflait il y a trois ans à Pelléas et Mélisande en forme de continuité avec celle de Karajan, donne cette fois à l’opéra le plus léger de Janáček une matière certes soyeuse, surtout par les cordes du London Symphony Orchestra, mais un flux général trop massif, sans jamais être véritablement expressif. Comme dans ses enregistrements de Birmingham, il traite ces partitions tchèques comme on jouerait Elgar, et cherche plus l’amplitude que la couleur.

    Il manque à cette direction peu nuancée et surtout jamais slave pétillance et espièglerie, à l’identique de la proposition scénique. Sellars traite cette fois le livret d’après le roman pour enfants de Rudolf Těsnohlídek comme une œuvre naturaliste, et reprend l’idée d’un grand écran derrière un plateau de chanteurs en noir, dans une Philharmonie dont on a reculé les gradins arrière pour laisser la scène tout au fond. Ce concept, dans Tristan, bénéficiait du travail plastique de Bill Viola ; il ne trouve aujourd’hui que les vidéos très réalistes de Nick Hillel et Adam Smith, de YeastCulture.

    Une grenouille apparaît donc sur l’écran en même temps qu’une jeune femme la mime sur scène. Puis des poules de batterie lorsque la Maîtrise de Radio France, très bien dynamisée par la préparation de Sofi Jeannin, entre par une porte à cour. Puis ces images tournent en boucle, avec ici un coucher de soleil qui rappelle Viola, et plus souvent de nombreuses vidéos en forme de documentaire animalier.

    On profite sans doute mieux du spectacle du parterre que des balcons, où les expressions sur le visage des acteurs se noient dans la large salle. Du jeu ne reste donc que quelques belles scènes, dont celle d’amour entre le Renard et la Renarde. Gerald Finley fascine comme toujours, mais il ne peut porter le rôle du Forestier comme Golaud ou Lear, et s’il est le seul crédible en tchèque, il ne parle pour autant pas la langue, ce que l’on ressent dans le manque d’ardeur à porter le texte.

    Les autres artistes convainquent encore moins sur l’idiome, en plus de ne pas passionner quant au chant à proprement parler. Car Lucy Crowen, depuis sa Renarde de Glyndebourne il y a sept ans, a vu son aigu s’amoindrir et son émission se durcir. Au moins chante-t-elle toujours juste, ce qui n’est pas le cas du Renard de Sophia Burgos, souvent défaillant dans le haut du spectre. L’acoustique amplement réverbérée de la Philharmonie, peu flatteuse pour les voix, n’aide pas particulièrement non plus le reste de la distribution – ni le Curé grisâtre de Jan Martinik, ni le Vagabond pourtant bien en chair de Hanno Müller-Brachmann.

    Seule Anna Lapkovskaja tire son épingle du jeu en Femme de l’aubergiste, ainsi que Peter Hoare lorsqu’il se pavane en Coq. Également défavorisé, le London Symphony Chorus manque d’impact par son placement au dernier balcon, et laisse un sentiment diffus, à l’image du spectacle, beaucoup moins marquant que les précédentes propositions du tandem Rattle-Sellars.




    Philharmonie, Paris
    Le 01/07/2019
    Vincent GUILLEMIN

    La Petite Renarde rusée de Janáček mise en scène par Peter Sellars et sous la direction de Sir Simon Rattle à la Philharmonie de Paris.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Příhody lišky Bystroušky, opéra en trois actes
    Livret d’après le roman Liška Bystrouška de Rudolf Těsnohlídek

    Maîtrise de Radio France
    London Symphony Chorus
    London Symphony Orchestra
    direction : Sir Simon Rattle
    mise en scène : Peter Sellars
    Ă©clairages : Ben Zamora
    vidéos : Nick Hillel & Adam Smith (YeastCulture)
    préparation des chœurs : Simon Halsey & Sofi Jeannin

    Avec :
    Gerald Finley (le Forestier), Lucy Crowe (la Renarde), Jan Martinik (le Blaireau / le Curé), Sophia Burgos (le Renard / la Poule huppée), Peter Hoare (l'Instituteur / le Coq / le Moustique), Hanno Müller-Brachmann (le Vagabond), Paulina Malefane (la Femme du forestier / la Chouette / le Pic-vert), Anna Lapkovskaja (la Femme de l'aubergiste / le Chien), Jonah Halton (l'Aubergiste).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com