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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny de Weill dans une mise en scène d'Ivo van Hove et sous la direction d'Esa-Pekka Salonen au festival d’Aix-en-Provence 2019.
Aix 2019 (2) :
DĂ©cadence majeure
Ivo van Hove se prend les pieds dans le tapis avec Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny, mis en scène avec une démonstration assez creuse d'effets et de messages bien pensants. La direction symphonique d'Esa-Pekka Salonen tourne le dos à un plateau assez moyen, duquel émerge Karita Mattila en véritable bête de scène.
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Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Le 15/07/2019
David VERDIER
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Bons baisers d’Eltsine
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L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
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Les scènes françaises ont tendance à trop solliciter des metteurs en scène qu'elles ignoraient il y a encore quelques années. Le cas d'Ivo van Hove est particulièrement éloquent, passant du statut d'homme de théâtre quasi inconnu à celui de star qui n'hésite pas à donner son avis dans les polémiques sociales et politiques – au risque de passer à côté des sujets qu'il est censé illustrer. Après le succès de sa Salomé amstellodamoise, on eut un Boris et un Don Giovanni très décevants. Pour Mahagonny, il tord le bras au livret de Brecht en tentant d'asséner un message social façon bulldozer… mais sans oser jouer dans le répertoire théâtral qui faisait le génie de Calixto Bieito dans la même œuvre à l'Opéra des Flandres.
On reste au milieu du gué, entre des moyens vidéos utilisés à outrance et un résultat d'une platitude assez insignifiante. La scène vide imite le studio de cinéma avec des murs verts où les effets spéciaux sont reproduits par incrustation d'images. Le va-et-vient du regard entre l'écran et la scène finit par lasser, y compris lorsqu'on actionne d'immenses ventilateurs – trucage facile pour l'irruption de l'ouragan. Les personnages sont caractérisés sans grand relief, avec une économie notable dans la direction d'acteurs et l'inventivité.
Placé sous la direction d'Esa-Pekka Salonen, le Philharmonia Orchestra dévore littéralement un plateau, à l'exception – notoire – du remarquable Chœur Pygmalion. Cette opulence symphonique met en danger l'équilibre fosse-scène et ne laisse surnager que des voix capables d'exprimer une réelle personnalité. Peu aidé par une dramaturgie peu subtile, les voix sont contraintes dans l'ensemble à forcer pour pouvoir surnager.
À ce jeu, beaucoup se brûlent les ailes… à commencer par le couple Jenny-Jim incarné par Annette Dasch et Nikolai Schukoff. La première n'a guère à offrir qu'une ligne étroite et sans couleurs, tandis que le second chante invariablement fort, avec un timbre sans nuances. Ni Alan Oke (Fatty), ni surtout Willard White (Moses) ne parviennent à imposer des moyens désormais réduits à une peau de chagrin. Fort heureusement, Karita Mattila (Leokadja) illumine un plateau qu'elle semble secouer et tenir à bout de bras.
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Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence Le 15/07/2019 David VERDIER |
| Nouvelle production de Grandeur et Décadence de la ville de Mahagonny de Weill dans une mise en scène d'Ivo van Hove et sous la direction d'Esa-Pekka Salonen au festival d’Aix-en-Provence 2019. | Kurt Weill (1900-1950)
Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny, opéra en trois actes
Livret de Bertolt Brecht, assisté d’Elisabeth Hauptmann, Caspar Neher et Kurt Weill
Chœur Pygmalion
Philharmonia Orchestra
direction : Esa-Pekka Salonen
mise en scène : Ivo van Hove
scénographie & éclairages : Jan Versweyveld
costumes : An d’Huys
vidéo : Tal Yarden
préparation des chœurs : Richard Wilberforce
Avec :
Karita Mattila (Leokadja Begbick), Alan Oke (Fatty, der "Prokurist"), Sir Willard White (Dreieinigkeitmoses), Annette Dasch (Jenny Hill), Nikolai Schukoff (Jim Mahoney), Sean Panikkar (Jack O’Brien / Tobby Higgins), Thomas Oliemans (Bill), Peixin Chen (Joe), Kristina Bitenc, Cathy-Di Zhang, Thembinkosi Magagula, Maria Novella Malfatti, Leonie Van Rheden, Veerle Sanders (Six Filles de Mahagonny). | |
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