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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Yuval Sharon, sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2019.
Bayreuth 2019 (1) :
Coup de foudre ?
Production en bleu et orange de Lohengrin, plus amusante qu’émouvante, avec une équipe musicale plus honnête que savoureuse, où s’illustre un Piotr Beczala rayonnant, emmenée par un Christian Thielemann engagé mais inégal. Libre à chacun d’être déconcerté ou amusé par ce royaume des mouches où la fée électricité vient faire péter quelques plombs.
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Bons baisers d’Eltsine
Chambre déséquilibrée
RĂ©gal ramiste
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Grosse farce à prendre au premier degré, effort intellectuel pour faire descendre de son piédestal une œuvre sérieuse dont le sens prométhéen nous échappe ? Après les souris en noir et blanc de Neuenfels, les mouches électriques en bleu et orange de Sharon ! Mais là où existait une réflexion (avec toutes ses limites) sur le laboratoire, on peine ici à déceler autre chose qu’une lecture naïve, à mi-chemin entre Maya l’abeille et Caspar David Friedrich.
Faut-il rire du combat aérien (d’ailleurs raté, les acrobates restant au coude-à -coude tandis que les chanteurs ont déjà repris la scène), des différents « coups de foudre » infligés à Elsa lors de son supplice au I et à Telramund au III, de la Cour d’un Roi Heinrich insignifiant tellement en désaccord avec le superbe chant ouvragé de Georg Zeppenfeld, ou frémir aux menaces empoisonnées que Thielemann distille à travers des cuivres bouchés de cauchemar, auxquels les superbes ciels peints des décorateurs Neo Rauch et Rosa Loy apportent un surcroît de menace prête à vous tomber sur la tête ?
Mais peut-être est-ce là la principale valeur de ce spectacle, qu’il nous fait confiance pour choisir ce que nous voulons éprouver… Après tout, cela ne serait déjà pas si mal, et rachèterait la maladresse par la modestie. Car la lecture rationnelle selon laquelle un peuple d’insectes attirés par le piège lumineux (électrique) du Graal/Lohengrin, finalement électrocuté à l’exception d’Ortud et Elsa (rédemption du monde par la femme oblige) qui décident de s’intéresser à un sapin (de Noël, dans sa livrée de petites LEDS vertes), demeure bien mince.
Reste une exécution musicale de qualité, où Thielemann alterne les éclats qu’on a dits et les irrégularités, mise en place en permanence fragile, notamment avec des chœurs par ailleurs magnifiques, justesse instable dans les strates d’accords parfaits, mais ligne, souffle, rutilance des cuivres en particulier, et dans une nuance globalement très (trop ?) généreuse, où seuls deux passages pianissimo nous feront sortir la tête du flot de la musique.
Zeppenfeld, royal, donc, fait de l’ombre au Heerrufer bien plébéien d’Egils Silins, braillant à tue-tête une partie qui mériterait une once de déclamation, tandis que le Telramund de Tomasz Konieczny écrase par sa présence charbonneuse, son timbre noir, son angoisse malfaisante une Ortrud bien placide, Elena Pankratova assurant avec de fort beaux moyens le service minimum, et survolant le rôle. Reste l’honnête Elsa de Camilla Nylund, plutôt attachante, scrupuleuse, techniquement au point, mais sans personnalité, vibrato régulier, phrasé propre, sans saveur et sans reproche.
Nos moustiques ne s’y sont pas trompés et gravitent autour du Lohengrin rayonnant de Piotr Beczala, pianissimi ténus, diction limpide, et surtout chant si généreux, si solaire, qu’on se dit à chaque aigu que pour être autant donnée, la voix n’a pas de limite. L’auditeur attentif en décèlera bien quelques-unes au III, mezza-voce sans timbre, fatigue manifeste dans la dernière scène, ainsi que quelques failles de par cœur ; n’importe : le miracle du Graal a bien lieu.
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Festspielhaus, Bayreuth Le 11/08/2019 Thomas COUBRONNE |
| Reprise de Lohengrin de Wagner dans la mise en scène de Yuval Sharon, sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2019. | Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin, opéra romantique en trois actes (1850)
Livret du compositeur
Chor und Orchester der Bayreuther Festspiele
direction : Christian Thielemann
mise en scène : Yuval Sharon
décors & costumes : Neo Rauch & Rosa Loy
Ă©clairages : Reinhard Traub
préparation des chœurs : Eberhard Friedrich
Avec :
Georg Zeppenfeld (König Heinrich), Piotr Beczala (Lohengrin), Camilla Nylund (Elsa von Brabant), Tomasz Konieczny (Friedrich von Telramund), Elena Pankratova (Ortrud), Egils Silins (Der Heerrufer des Königs), Michael Gniffke (1. Edler), Tansel Akzeybek (2. Edler), Marek Reichert (3. Edler), Timo Rihonen (4. Edler), Kitty de Geus, Cornelia Ragg, Maria Schlestein, Annette Gutjahr (Edelknaben). | |
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