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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Simon Boccanegra de Verdi dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg et sous la direction de Valery Gergiev au festival de Salzbourg 2019.
Salzbourg 2019 (5) :
Sous le soleil de GĂŞnes
Passage obligé de chaque édition de Salzbourg, le titre bankable de cet été est sans conteste Simon Boccanegra, auquel une équipe musicale plus soignée que celle des derniers Verdi entendus in loco a été conviée. Très homogène réussite si l’on ajoute la direction de Valery Gergiev, malgré une mise en scène pseudo contemporaine et guère palpitante.
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La Bohème, Don Carlo, Le Trouvère, Norma, Aïda : il est rare que Salzbourg ne programme pas ces dernières années un grand opéra italien qui assurera le remplissage des salles, même si la plupart du temps, les mises en scène attenantes sont beaucoup moins expérimentales que la moyenne du festival. Mais ne rêvons pas, ces opéras machines à sous sont indispensables pour financer les ouvrages modernes moins vendeurs présentés par ailleurs.
Rien de nouveau donc avec l’académisme sous oripeaux gentiment contemporains de Simon Boccanegra confié à Andreas Kriegenburg, qui n’avait déjà guère marqué les esprits dans Lady Macbeth de Chostakovitch il y a deux ans. Direction d’acteurs limitée quoique pas inexistante, seuls quelques éléments extérieurs viennent troubler la sagesse de la vision.
Dans un gigantesque palais de pouvoir contemporain ouvrant sur la mer, très froid et où est installé un Bösendorfer qui servira de meuble, une armée de secrétaires, d’hommes de main et d’agents de sécurité twittent à qui mieux mieux sur l’accession au pouvoir du plébéien Boccanegra. Hormis les incontournables costumes cravates rendant les duels à l’épée incongrus, et Amelia présentée comme la jeune femme parfaite customisée sur tablette, rien qui ne cherche à questionner la dramaturgie.
Reste que par rapport aux derniers Verdi de Salzbourg, cette production moins statique affiche surtout une équipe musicale ô combien plus cohérente et homogène, qui nivèlera jusqu’à l’applaudimètre des saluts. La direction de Valery Gergiev fournit équilibre et sens du théâtre, ne négligeant ni les atmosphères marines en clair-obscur ni les grands éclats des révoltes. Le drame ne se délite à aucun moment grâce à des tempi soutenus, et même si l’on peut rêver prestation de fosse plus électrique, les Wiener sont une fois de plus somptueux.
Luca Salsi a l’idéale stature de Simon, noble chanteur natif de Parme à la ligne choyée, phrasée avec élégance et nuances (le Figlia pianissimo qui termine son duo avec Amelia, d’une absolue distinction), d’une mâle prestance aux moments d’autorité, le tout sans jamais rugir ou faire du son, jouant d’un timbre à la rondeur idéale. René Pape, d’une présence toujours aussi impressionnante, expose un bas registre de violoncelle au souffle magistralement géré, digne d’un authentique patricien.
André Heyboer fait briller l’école française de chant avec son Paolo parfaitement projeté, plus mince de contours que son rival (et c’est tant mieux pour la crédibilité dramatique), d’une émission nerveuse et claire qu’il partage avec le Gabriele Adorno juvénile et enthousiaste de Charles Castronovo, belle allure en scène, engagement jamais pris en défaut, pas très italien de timbre mais remarquablement chanté. Il est jusqu’au Capitaine du jeune Chinois Long Long de rayonner sous le soleil de Gênes.
Le joyau de la soirée reste cependant l’Amelia de la Lettone Marina Rebeka, vibrato fiévreux, voix parfaitement effilée qui rappellerait, en moins épais, la jeune Netrebko, et triomphe tout autant dans des aigus piano très focus que dans des grands éclats incendiaires ne craignant ni l’orchestre ni ses partenaires à l’occasion d’ensembles embrasés à l’ardeur de son tempérament.
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