altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de L’Affaire Makropoulos de Janáček dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Jakub Hrůša à l’Opéra de Zurich.

Au théâtre ce soir
© Monika Rittershaus

Après une éblouissante Jenůfa dans ce même théâtre en 2012, c’est une déception que cette mise en scène de L’Affaire Makropoulos par un Tcherniakov peu inspiré, déception accentuée par des chanteurs surjouant et s’époumonant du fait d’une fosse excessivement sonore. Et ce n’est pas la spectaculaire scène finale qui compense ces impressions.
 

Opernhaus, ZĂĽrich
Le 28/09/2019
Pierre-Emmanuel LEPHAY
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • Bons baisers d’Eltsine

  • RĂ©gal ramiste

  • L'Étrange NoĂ«l de Mrs Cendrillon

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Une vidĂ©o introductive projetĂ©e pendant l’énergique PrĂ©lude fait comprendre qu’Emilia Marty est atteinte d’un cancer gĂ©nĂ©ralisĂ©. Cela place la psychologie du personnage dans un contexte tout Ă  fait diffĂ©rent de l’intrigue du livret, Ă  savoir une cantatrice lasse de sa très longue vie de 337 ans (rendue possible grâce Ă  un Ă©lixir) et souhaitant enfin mourir car si, chez Janáček, il s’agit d’un choix, cela devient ici une condamnation, conclue par la mort subite de la cantatrice en pleine reprĂ©sentation.

    Tcherniakov réserve en effet pour la scène finale un coup de théâtre remodelant une fois de plus la perspective : le décor unique (un salon bourgeois) s’ouvre subitement puis disparaît pour laisser la scène seule au milieu d’un vaste public : tout cela n’était donc que théâtre dans le théâtre. Malgré une virtuosité certaine, cette soudaine mise en abyme est à vrai dire assez triviale puisque les personnages n’ont, finalement, fait que jouer un rôle et ne redeviennent eux-mêmes que lorsqu’Emilia faiblit puis meurt.

    Est-ce la raison pour laquelle le metteur en scène semble avoir demandé aux chanteurs de surjouer, gesticuler à foison, avec entrées et sorties incessantes à cour et jardin, au rythme de portes qui claquent comme dans une pièce de boulevard d’Au théâtre ce soir ? Tout l’aspect philosophique de la réflexion sur la vieillesse, l’acceptation de l’évolution du monde disparaît ici au profit d’une agitation et d’un surlignage constants.

    Cette outrance lassante est également due à un orchestre pétaradant sous la conduite certes virtuose de Jakub Hrůša, qui dirige Janáček comme Le Sacre du printemps. L’orchestre joue constamment fort et épais et on a parfois du mal à reconnaître l’écriture à la pointe sèche du compositeur. Nullement tenus, les chanteurs s’en donnent à cœur joie et s’époumonent à qui mieux mieux, la palme revenant au Kolenatý de Tómas Tómasson, qui hurle d’un bout à l’autre du plateau.

    Nous avons follement aimé Evelyn Herlitzius par le passé (Brünnhilde, Elektra) mais force est de s’interroger sur l’adéquation de la chanteuse, bête de scène et boule d’énergie brute, avec le personnage d’Emilia Marty, grande dame détachée d’un monde vu avec dédain, amusement et tristesse. Rien de tout cela ici où l’hystérie est quasi constante. Et si, vocalement, tout est en place, il est difficile d’adhérer à l’incarnation.

    On trouvera quelques bonheurs dans la distribution, à commencer par le beau Prus de Scott Hendricks, au timbre de bronze et l’un des rares à faire preuve de classe et de subtilité, le Vítek de Kevin Conners ou le joli ténor de Spencer Lang campant un Janek emprunté et mené par le bout du nez par la Krista d’une Deniz Uzun au beau timbre charnu. Le Gregor de Sam Furness, à l’aigu parfois rétif, paraît un rien falot, mais on sent une finesse que la mise en scène ne lui permet absolument pas d’exploiter. Guy de Mey quant à lui amuse en Hauk-Šendorf ressemblant davantage à un mort-vivant qu’à un vieux beau.




    Opernhaus, ZĂĽrich
    Le 28/09/2019
    Pierre-Emmanuel LEPHAY

    Nouvelle production de L’Affaire Makropoulos de Janáček dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Jakub Hrůša à l’Opéra de Zurich.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Věc Makropulos, opéra en trois actes (1926)
    Livret du compositeur d’après la pièce éponyme de Karel Čapek

    Zusatzchor des Opernhauses ZĂĽrich
    Philharmonia ZĂĽrich
    direction : Jakub Hrůša
    mise en scène & décors : Dmitri Tcherniakov
    costumes : Elena Zaytseva
    Ă©clairages : Gleb Filshtinsky
    vidéo : Tieni Burkhalter
    préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger

    Avec :
    Evelyn Herlitzius (Emilia Marty), Sam Furness (Albert Gregor), Kevin Conners (Vítek), Deniz Uzun (Krista), Scott Hendricks (Jaroslav Prus), Spencer Lang (Janek), Tómas Tómasson (Kolenatý), Ruben Drole (le machiniste), Irène Friedli (la femme de ménage), Guy de Mey (Hauk-Šendorf), Katia Ledoux (la femme de chambre).

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com