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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de L’Affaire Makropoulos de Janáček dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Jakub Hrůša à l’Opéra de Zurich.
Au théâtre ce soir
Après une éblouissante Jenůfa dans ce même théâtre en 2012, c’est une déception que cette mise en scène de L’Affaire Makropoulos par un Tcherniakov peu inspiré, déception accentuée par des chanteurs surjouant et s’époumonant du fait d’une fosse excessivement sonore. Et ce n’est pas la spectaculaire scène finale qui compense ces impressions.
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Une vidéo introductive projetée pendant l’énergique Prélude fait comprendre qu’Emilia Marty est atteinte d’un cancer généralisé. Cela place la psychologie du personnage dans un contexte tout à fait différent de l’intrigue du livret, à savoir une cantatrice lasse de sa très longue vie de 337 ans (rendue possible grâce à un élixir) et souhaitant enfin mourir car si, chez Janáček, il s’agit d’un choix, cela devient ici une condamnation, conclue par la mort subite de la cantatrice en pleine représentation.
Tcherniakov réserve en effet pour la scène finale un coup de théâtre remodelant une fois de plus la perspective : le décor unique (un salon bourgeois) s’ouvre subitement puis disparaît pour laisser la scène seule au milieu d’un vaste public : tout cela n’était donc que théâtre dans le théâtre. Malgré une virtuosité certaine, cette soudaine mise en abyme est à vrai dire assez triviale puisque les personnages n’ont, finalement, fait que jouer un rôle et ne redeviennent eux-mêmes que lorsqu’Emilia faiblit puis meurt.
Est-ce la raison pour laquelle le metteur en scène semble avoir demandé aux chanteurs de surjouer, gesticuler à foison, avec entrées et sorties incessantes à cour et jardin, au rythme de portes qui claquent comme dans une pièce de boulevard d’Au théâtre ce soir ? Tout l’aspect philosophique de la réflexion sur la vieillesse, l’acceptation de l’évolution du monde disparaît ici au profit d’une agitation et d’un surlignage constants.
Cette outrance lassante est également due à un orchestre pétaradant sous la conduite certes virtuose de Jakub Hrůša, qui dirige Janáček comme Le Sacre du printemps. L’orchestre joue constamment fort et épais et on a parfois du mal à reconnaître l’écriture à la pointe sèche du compositeur. Nullement tenus, les chanteurs s’en donnent à cœur joie et s’époumonent à qui mieux mieux, la palme revenant au Kolenatý de Tómas Tómasson, qui hurle d’un bout à l’autre du plateau.
Nous avons follement aimé Evelyn Herlitzius par le passé (Brünnhilde, Elektra) mais force est de s’interroger sur l’adéquation de la chanteuse, bête de scène et boule d’énergie brute, avec le personnage d’Emilia Marty, grande dame détachée d’un monde vu avec dédain, amusement et tristesse. Rien de tout cela ici où l’hystérie est quasi constante. Et si, vocalement, tout est en place, il est difficile d’adhérer à l’incarnation.
On trouvera quelques bonheurs dans la distribution, Ă commencer par le beau Prus de Scott Hendricks, au timbre de bronze et l’un des rares Ă faire preuve de classe et de subtilitĂ©, le VĂtek de Kevin Conners ou le joli tĂ©nor de Spencer Lang campant un Janek empruntĂ© et menĂ© par le bout du nez par la Krista d’une Deniz Uzun au beau timbre charnu. Le Gregor de Sam Furness, Ă l’aigu parfois rĂ©tif, paraĂ®t un rien falot, mais on sent une finesse que la mise en scène ne lui permet absolument pas d’exploiter. Guy de Mey quant Ă lui amuse en Hauk-Ĺ endorf ressemblant davantage Ă un mort-vivant qu’à un vieux beau.
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Opernhaus, ZĂĽrich Le 28/09/2019 Pierre-Emmanuel LEPHAY |
| Nouvelle production de L’Affaire Makropoulos de Janáček dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov et sous la direction de Jakub Hrůša à l’Opéra de Zurich. | Leoš Janáček (1854-1928)
Věc Makropulos, opéra en trois actes (1926)
Livret du compositeur d’après la pièce éponyme de Karel Čapek
Zusatzchor des Opernhauses ZĂĽrich
Philharmonia ZĂĽrich
direction : Jakub Hrůša
mise en scène & décors : Dmitri Tcherniakov
costumes : Elena Zaytseva
Ă©clairages : Gleb Filshtinsky
vidéo : Tieni Burkhalter
préparation des chœurs : Ernst Raffelsberger
Avec :
Evelyn Herlitzius (Emilia Marty), Sam Furness (Albert Gregor), Kevin Conners (VĂtek), Deniz Uzun (Krista), Scott Hendricks (Jaroslav Prus), Spencer Lang (Janek), TĂłmas TĂłmasson (KolenatĂ˝), Ruben Drole (le machiniste), Irène Friedli (la femme de mĂ©nage), Guy de Mey (Hauk-Ĺ endorf), Katia Ledoux (la femme de chambre). | |
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